SÉCURITÉ EN CÔTE D’IVOIRE : DEVONS-NOUS FAIRE CONFIANCE A OUATTARA ?

Nombreux sont les observateurs qui se posent la question de savoir si Ouattara et son gouvernement sont capables d’assurer la sécurité des biens et des personnes en Côte d’Ivoire. La question trouve auprès des autorités ivoiriennes, des réponses rarement convaincantes. La première réponse régulièrement fournie est que les populations vaquent à leurs occupations en toute tranquillité. La seconde se trouve dans le retour massif des investisseurs sur les bords de la lagune Ebrié ainsi que le retour de la Banque Africaine de Développement (BAD). Naturellement, le gouvernement soutient que ses efforts déployés dans le secteur de la sécurité, ont aidé à obtenir de tels résultats. Ces deux réponses, discutables à fond, ne rassurent guère ces observateurs. Ces derniers en effet, continuent à s’interroger sur la pertinence de la politique sécuritaire mise en œuvre par Ouattara et ses lieutenants. L’interrogation est d’autant plus fondée que les attaques contre les cibles militaires se multiplient et les armes circulent entre les mains de personnes non autorisées à les porter.

La parole, l’arme préventive de Ouattara

La multiplication des attaques contre les brigades de gendarmerie, les commissariats de police, les casernes et barrages dévoilent les carences du pouvoir Ouattara en ce qui concerne la sécurisation des populations. Si Ouattara et son gouvernement affirment sur tous les toits que les attaques militaires ne peuvent prospérer, ils n’ont jamais été capables d’empêcher une seule. La politique de prévention demeure la parole. Aux déclarations impétueuses, se succèdent d’autres déclarations irresponsables. Lors des attaques du mois d’Août 2012 (Yopougon, Akouédo, Dabou) le Ministre de l’intérieur et son collègue de la défense avaient affirmé qu’ils n’y auraient plus d’attaques parce que toutes les dispositions avaient été prises désormais pour éviter de tels faits. A l’occasion, des barrages anarchiques avaient été dressés. Les contrôles et perquisitions presque surréalistes avaient eu lieu. Les personnes présentées comme les cerveaux des opérations avaient été, selon le gouvernement, neutralisées. Pourtant, il n’a pas fallu plus d’un mois pour que la commune de Port Bouët et Noé enregistrent le passage de personnes armées. La brigade de Gendarmerie de Vridi, le 33eme arrondissement de derrière Wharf, le corridor de Gonzagueville et Noé connurent des violences qui se sont soldées par des morts. Visiblement, la politique de prévention avait été battue en brèche par l’organisation des personnes qui attaquent. Ce fut encore l’occasion pour multiplier les paroles et les mesures impopulaires. Ouattara et son gouvernement fermèrent les frontières avec le Ghana voisin. Ahmed Bakayoko descendit dans l’arène pour une fois encore menacer les populations et principalement les chefs traditionnels. La politique de traque contre les populations fut réactualisée. Soro Guillaume se joignit aux Ministres de la Défense et de la Sécurité pour faire les mêmes déclarations vides de sens. Ouattara nomma des préfets militaires pour, selon lui, quadriller le pays en vue d’éviter les attaques des assaillants. Sûr de son dispositif et des paroles de ses lieutenants, il affirma qu’il est «  indéboulonnable. » Dans la même semaine de son discours, Bonoua, Samo et Azito, reçurent à leur tour, la visite d’hommes en armes. Il eu encore des morts, des armes emportés, des biens détruits. La parole fut encore servie aux populations. Et comme on pouvait s’y attendre, le gouvernement de Ouattara affirma que certains assaillants furent tués et d’autres capturés. La rengaine.
Ces faits, sont des indices qui montrent bien que Ouattara et son gouvernement ne sont pas capables de prémunir la Côte d’ Ivoire d’attaques armées. Les mesures préventives, si elles existent, ne sont rien d’autres que la parole. Or la parole en matière de sécurité n’est pas suffisante pour rassurer. Ce sont les actions qui parlent et non les joutes verbales où des informations erronées dans les médias publics.
Au delà des attaques contre les cibles militaires que Ouattara n’a jamais réussi à éviter, certains de ses hommes détiennent en toute illégalité des armes. Cela constitue également une raison qui n’autorise pas à faire confiance à Ouattara en ce qui concerne la sécurité des populations.

Ouattara et sa milice tribale

La milice pro-Ouattara (Dozos et autres combattants recrutés ça et là pour mener la bataille d’Abidjan), représente un réel danger pour les populations ivoiriennes. Comment vivre en sécurité quand des miliciens de Ouattara détiennent des armes et s’intègrent même dans des opérations de sécurisation ? Il est de notoriété publique que les dozos participent à des contrôles de routine dans certaines villes de l’intérieur. Or ces personnes, n’ont aucune qualification pour le faire. Ils sont en majorité analphabètes, ne savent rien des droits humains. L’on a encore en mémoire, les tueries des réfugiés de Nahibly, les tueries de civils Gouros à Sanégourifla ainsi que dans bien d’autres localités. Ils abattent les êtres humains comme s’ils abattaient des animaux. Ne sont-ils pas des chasseurs ? Lors de sa récente visite en Côte d’Ivoire, Doudou Diene s’est félicité de ce que les dozos aient commencé à prendre des cours en droit de l’homme. Cet expert indépendant des Nations unies venaient ainsi de valider l’intrusion des chasseurs traditionnels dans le dispositif sécuritaire ivoirien. Il donnait ainsi une sortie d’habillage légal à la milice de Ouattara, véritable injure à l’intelligence ivoirienne.

A ces dozos, se greffent une autre catégorie, celle des militants et sympathisants du RDR armés pour défendre la cause Ouattara. A Abidjan, le gros lot se trouve dans la commune d’Abobo, commune pro-Ouattara ayant hébergé le tristement célèbre commando invisible. Ces derniers jouissent d’une impunité parfaite si bien qu’ils ont fait d’Abobo une citadelle où ils règnent en seigneurs. A la faveur de l’opération de déguerpissement initiée par Anne Ouloto Ministre de la salubrité publique, l’essaim a été secoué et depuis, l’insécurité a pris l’ascenseur. Anne Ouloto, toute honte bue, a affirmé sur les antennes de RTI2 que des syndicalistes ont tiré sur les éléments commis à la sécurisation de l’opération de déguerpissement. Si elle n’a pas osé avouer que ce sont des miliciens ou mercenaires pro-Gbagbo, c’est bien parce qu’elle sait que ces civils ont mené le combat pour Ouattara. Elle sait également comment les armes ont échoué dans leurs mains et pourquoi ils ne sont pas encore totalement désarmés. Au delà de la mauvaise foi de la Ministre de la salubrité, relevons que ces personnes armées à la solde de Ouattara constituent un véritable danger pour ceux qui vivent sur le territoire ivoirien. Ouattara et son gouvernement étant incapables de les désarmer, il ne reste qu’à les protéger en faisant un black out sur les actes d’agression auxquels ils s’adonnent (les médias publics et la presse privée pro-Ouattara ne dénoncent pas les hommes armés d’Abobo). Comment vivre, dans une telle atmosphère dans la commune d’Abobo ? Bref, la milice tribale de Ouattara a encore de beaux jours devant elle car elle bénéficie du soutien du pouvoir.
Au final retenons que la sécurité des populations ivoiriennes est mise en péril par Ouattara et son gouvernement. Chaque ivoirien qui perd la vie suite aux attaques et autres barbaries de la milice tribale pro-Ouattara, est un signal qui dévoile l’incompétence de ceux qui sont au pouvoir. La peur de sortir tardivement ou d’investir en Côte d’Ivoire indique clairement qu’en matière sécuritaire, point n’est besoin de faire confiance à Ouattara.

Alain Bouikalo

Thu, 18 Oct 2012 19:50:00 +0200

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