Situation sociopolitique : Voici les 7 ‘’plaies’’ qui endeuillent l’Ouest – Ce qui attend les 600 hommes du général Bakayoko

Ces éléments des Frci, qui effectueront des missions de reconnaissance offensive dans le triangle de Taï-Toulepleu-Guiglo, recevront l’appui aérien de l’Onuci et ce, en coordination avec les forces de défense et de sécurité libérienne. Si l’annonce de ce déploiement de troupes militaires ivoiriennes est fort réconfortante pour les populations de cette région, il n’est pas sûr que la solution aux problèmes de l’Ouest soit uniquement militaire. En effet, 7 grosses ‘’plaies’’ tuent l’Ouest de notre pays. Au cœur de ce faisceau de maux qui minent cette partie du pays, les problèmes de terre.

En effet, l’Ouest, fort riche en grandes portions de terre cultivables et de forêt, se retrouvent aujourd’hui pris en otage par des hommes en armes qui occupent illégalement ces forêts. Ces hommes en armes, qu’ils soient autochtones, ex-miliciens, allochtones ou allogènes armés, se réclamant de l’actuel pouvoir, occupent généralement de façon illégale, voire violente ces forêts. Voilà le premier mal qui ronge l’Ouest.

LE FONCIER RURAL ET LE CAS AMADE OUREMI

La 2è ‘’plaie’’ qui tue l’Ouest du pays aujourd’hui, c’est la présence du sieur Ouédraogo Rémi dit ‘’Amadé Ouéremi’’, véritable ‘’seigneur de guerre’’ qui a mis sous sa coupe toute une forêt classée de ce pays, la forêt du ‘’Mont Péko’’ sans que qui que ce soit, ni autorités politiques ou administratives,Amadé Ouremi ni autorités militaires ou sécuritaires, ne trouvent à redire.

Qui protège Amadé Ouérémi ? Telle est la question à laquelle personne n’a de réponse. Son ‘’protecteur’’ occulte doit être assurément puissant au point que ce ‘’protégé’’ puisse défier ouvertement et publiquement tout un Etat, avec le Chef de l’Etat en tête et son armée, pour que rien ne puisse lui arriver jusqu’à ce jour. L’homme Amadé Ouérémi a bâti, en 10 ans de guerre, un ‘’État militaire et narcotrafiquant’’ dans dans toute la région de l’Ouest. Les tentacules de cet ‘’Etat Amadé Ouérémi’’ vont maintenant jusqu’aux frontières de Touba. L’occupation du ranch de Sipilou, autre exploitation de l’Etat, en est une dernière illustration.

La 3è ‘’plaie de l’Ouest, c’est l’exil massif des populations autochtones, véritables propriétaires terriens, vers le Liberia voisin où ces autochtones vivent dans de véritables mouroirs. Ceux d’entre eux qui n’ont pas franchi la frontière, ont trouvé refuge dans des forêts, laissant leurs villages et leurs terres aux allogènes, désormais ‘’seigneurs’’ des lieux. Nombreux sont ces villageois qui ne veulent plus revenir. Pour ceux restés au village, c’est une vraie sinécure et c’est la 4è ‘’plaie’’.

En effet, l’autorité de la notabilité traditionnelle autochtone est bafouée à tout bout de champ. Dans les villages, les chefs traditionnels (chefs de cantons, chefs de villages et de terres) Wê sont maintenant aux ordres des hommes en armes. Que reste-t-il de leur autorité et de leur pouvoir ? La meilleure illustration de la « liquidation » de ces chefs, est leur ‘’soumission’’ à Amadé Ouérémi et à tous ces petits ‘’seigneurs’’ locaux se réclamant de l’actuel pouvoir.

La 5è ‘’plaie’’, c’est la confiscation par ces mêmes hommes en armes des plantations des autochtones en fuite. Du fait de la guerre, de nombreux Wê, depuis leur exil libérien ou des forêts, ont vu leurs terres et leurs plantations être confisquées par des hommes en arme qui se font passer pour des soldats de l’armée nationale. Quand des démarches sont entreprises pour que ces terres ou ces plantations soient restituées à leurs propriétaires, cela aboutit rarement à une suite favorable.

LA FAUTE A UN DDR BACLE

La 6è ‘’plaie’’ reste l’épineux problème du processus de Désarmement Démobilisation Réinsertion (DDR) qui n’aboutit toujours pas. De nombreux jeunes ex-combattants restent toujours des laissés pour compte du processus DDR dans la zone Ouest. Qu’ils soient ex-miliciens proches de l’ex-régime ou ex-combattants laissés pour compte des ex-Fafn, voire la confrérie des chasseurs traditionnels dozo, ils pullulent, oisifs et armés. La 7e et dernière ‘’plaie’’, celle qu’il faut redouter, ce sont les armes qui circulent comme des morceaux de pain dans la région. Aujourd’hui, vous ne pouvez [Ex combattants pendant la crise post-electorale] pas dépasser une case dans la région de l’Ouest sans y trouver une arme de poing ou un fusil mitrailleur kalachnikov à l’intérieur. La prolifération des armes légères et des armes de guerre, voilà un des drames de l’Ouest qu’il faut corriger très rapidement. Assurément, les 600 éléments du général Soumaïla Bakayoko auront fort à faire à l’Ouest.

Au-delà des sempiternelles récriminations du pouvoir Ouattara contre d’éventuels pro-Gbagbo tapis dans les forêts, les soldats auront à faire face à certains jeunes Wê qui estiment qu’il y a trop de lourdeur dans le traitement de leurs conflits fonciers par l’État ou ses représentants, et qui n’hésitent pas à exprimer leur mécontentement par la violence. Aujourd’hui, nombre de parents Wê attendent que les terres des parents soient libérées. Ce qui voudrait dire de façon sous-jacente que des démarches soient entreprises au plus haut sommet de l’Etat pour que dans un délai raisonnable, juste après les élections locales, ces problèmes trouvent solution. Ils ont pour noms, le cas Amadé Ouérémi et ses acolytes de la forêt du mont Péko, le désarmement et la démobilisation de tous ces supplétifs en arme qui se font passer pour des soldats de la République, et la résolution de cette épineuse question foncière.

JMK AHOUSSOU in L’inter

Thu, 04 Apr 2013 02:51:00 +0200

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