Le pouvoir solitaire et autoritaire

Emmanuel Macron se fonde sur sa réélection en mai 2022 pour “imposer” aux Français le départ à la retraite à 64 ans. Si une majorité de Français sont contre le projet macronien et en faveur de la mobilisation et des blocages, on peut alors poser les questions suivantes : Gouverner contre tout un peuple, n’est-ce pas le brutaliser? Peut-on aimer un pays sans tenir compte de ce qu’il veut? La démocratie existe-t-elle là où le peuple n’est pas écouté? 

Pour Ségolène Royal, ce qui caractérise la politique française, aujourd’hui, c’est “la cruauté, l’indifférence, la désinvolture, le désordre”. Elle ajoute qu’il est nécessaire de “s’indigner de cet effondrement des tendresses” (cf. “Refusez la cruauté du monde! Le temps d’aimer est venu”, Le Rocher, 2023). L’ex-candidate à la présidentielle de 2007 estime que la France a besoin, non pas de réformer les retraites, mais de lutter contre l’évasion fiscale, de prendre l’argent dans les poches des entreprises comme “Total qui s’en met plein les poches sans payer d’impôts et le cabinet McKinsey auquel furent octroyés trois milliards d’euros”.

Tous les présidents français ont-ils eu “une pratique déconnectée, solitaire et obtuse du pouvoir”? Tous ont-ils fait preuve de “mépris, d’indifférence et de brutalité” (Marine Le Pen)? Que s’est-il passé avant l’arrivée de Macron au pouvoir ? Comment De Gaulle, Mitterrand et Chirac se sont-ils comportés quand le peuple était en colère contre le gouvernement?

Le 2 février 1969, à Quimper, Charles de Gaulle annonce son projet de créer des régions et de fusionner le Sénat avec le Conseil économique et social. Il compte, pour cela, organiser un référendum qui permettrait au peuple français de “trancher lui-même dans ce qui est essentiel à son destin” (cf. “Mémoires d’espoir: L’effort”, tome 2, Plon, 1971). Et il promet de démissionner si le projet est rejeté. Mais, rapidement, le débat porte sur le maintien ou non du président au pouvoir. Le 27 avril 1969, le non l’emporte à 52,41 %. Prenant acte du résultat, de Gaulle quitte ses fonctions, le 28 avril 1969.

Le 24 juin 1984, plus d’un million de personnes manifestent à Paris contre la loi Savary. Cette loi mettait en cause l’enseignement privé catholique. D’où la forte présence des catholiques (fidèles laïcs et prêtres) dans les manifestations. Cette mobilisation conduit François Mitterrand à retirer le projet de loi controversé, le 14 juillet. Pierre Mauroy et Alain Savary sont obligés de rendre le tablier. Ils sont remplacés par Laurent Fabius et Jean-Pierre Chevènement.

Le 16 janvier 2006, Dominique de Villepin, Premier ministre, crée le Contrat première embauche (CPE) pour les jeunes de moins de 26 ans avec une période d’essai plus longue. Le texte est adopté par le Parlement, le 9 mars. Trois millions de personnes descendent dans la rue pour demander le retrait de la réforme. Bien que promulguée, la loi est immédiatement suspendue par Chirac.

Lorsque ces 3 présidents s’aperçurent que le peuple français ne voulait pas de leurs projets, ils reculèrent au lieu d’insister et de persister. Ce n’était pas faiblesse mais sagesse de leur part.

Ils changèrent d’avis parce qu’ils étaient des démocrates, parce qu’ils aimaient leur pays, parce qu’ils ne voulaient pas gouverner contre le peuple.

S’ils firent marche arrière, c’est aussi  parce que le peuple avait pris ses responsabilités, parce que ce peuple avait accepté d’affronter les policiers et gendarmes dans la rue, parce qu’il avait compris que, devant le nombre et la détermination, aucun gouvernement ne peut tenir.

Il est illusoire de croire que le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP) peut être battu aux prochaines élections régionales et municipales si rien n’est fait maintenant pour que tous les partis politiques se mettent d’accord sur un nouveau découpage électoral. Le découpage électoral actuel a été fait sur mesure par Dramane Ouattara. Dans ce découpage, Adiaké a un seul député pour 100.445 habitants alors que Kong en a 3 avec 87.929 habitants. Ce n’est pas normal. Il n’est pas non plus acceptable que la compagnie de téléphonie française Orange se goinfre et s’enrichisse scandaleusement sur le dos des Ivoiriens alors que les Somaliens déboursent $0,50 pour 1GB mobile. Les Ivoiriens doivent payer $3, 20 selon le classement 2020 de l’agence Ecofin.

En 2010, Ouattara avait largement fraudé au Nord. Plusieurs observateurs extérieurs comme le Togolais Joseph Kokou Koffigoh avaient découvert, dans cette partie de la Côte d’Ivoire, plus de votants que d’inscrits. Ouattara fera la même chose en septembre 2023 et en 2025 si les Ivoiriens se contentent de se plaindre et de parler.

S’agit-il d’accompagner Ouattara et donc de faire de la figuration ou bien voulons-nous mettre fin à une dictature soutenue par un Macron contre qui le peuple français est dressé aujourd’hui ? N’est-il pas temps de se mobiliser ensemble contre le pouvoir solitaire et autoritaire d’Abidjan?

Jean-Claude DJÉRÉKÉ

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