Quand le christianisme refuse d’assumer son héritage gréco-romain
La formation du christianisme est un processus complexe qui s’est étendu sur des siècles et a été marquée par de nombreux emprunts dictés par les circonstances historiques. À l’origine une secte du judaïsme, il est devenu la religion officielle de l’Empire romain grâce à la volonté de l’empereur Constantin, puis celle de l’Occident. Sa création résulte d’une maturation dont les origines remontent à la Grèce, cœur de la civilisation occidentale. C’est sur cette terre, fortement influencée par l’Égypte antique habitée par des Noirs, que les concepts religieux du monde blanc ont émergé. La mythologie a joué un rôle central dans les croyances de l’époque, et le panthéon grec comptait une multitude de dieux vénérés au cours des siècles.
La civilisation gréco-romaine a pratiqué divers cultes égyptiens, dont celui de la déesse noire Aissata, Isis pour les Grecs, qui a été représentée plus tard sous une forme européenne à Rome et est devenue la Vierge Marie dans le christianisme. De même, le personnage de Jésus-Christ partage des similarités avec les dieux Osiris et Horus, ainsi qu’avec des dieux de la mythologie grecque, qui eux-mêmes ont été inspirés par la mythologie des Égyptiens noirs. Jésus-Christ résulte donc d’une fusion de plusieurs divinités antérieures, parmi lesquelles Dionysos, un dieu grec, adopté par la Rome antique sous le nom de Bacchus. Il est le dieu romain du vin, des festivités et de l’extase. Les banquets appelés Bacchanales étaient des célébrations en son honneur. Ces fêtes étaient caractérisées par des excès de vin, de danse, de musique et de comportements libérés des conventions sociales. Souvent secrètes et parfois licencieuses, elles avaient pour but de célébrer la fertilité, la nature et la joie de vivre, tout en cherchant une forme d’extase mystique à travers la communion avec le dieu.
Dans la mythologie, Bacchus lui-même est associé à des banquets et des festivités grandioses. Par exemple, il est fréquemment représenté entouré de satyres (êtres hybrides, mi-hommes, mi-boucs, connus pour leur comportement libertin, leur amour du vin, de la musique, de la danse et de la fête), de ménades (femmes dévouées au culte de Dionysos/Bacchus) et d’autres créatures mythiques, participant à des festins et des danses. Ces scènes illustrent la nature joyeuse et libératrice du dieu du vin et de la fête.
C’est cette description mythologique, représentée à l’ouverture des Jeux Olympiques de Paris, qui défraie actuellement la chronique. Et pour cause. Selon les responsables religieux, catholiques notamment, l’œuvre du metteur en scène Thomas Jolly est blasphématoire à l’égard de l’Église. Ils voient dans cette création artistique une imitation irrévérencieuse de la Cène, le prétendu dernier repas de Jésus-Christ. Dans un communiqué publié hier samedi, le Vatican s’est dit attristé par des allusions ridiculisant les convictions religieuses : « Dans un événement prestigieux où le monde entier se réunit autour de valeurs communes, il ne devrait pas y avoir d’allusions ridiculisant les convictions religieuses de nombreuses personnes. »
Ce qui est à déplorer ici, c’est la criante malhonnêteté des responsables religieux qui font fi de l’impact des traditions gréco-romaines sur le christianisme, lequel a pris forme dans un environnement européen. Bien que née dans un contexte juif, cette religion, dans son évolution historique, a été fortement influencée par la culture et la philosophie gréco-romaine. Les premiers Pères de l’Église, comme Augustin d’Hippone (Saint Augustin) et Thomas d’Aquin, ont intégré des éléments de la philosophie grecque, surtout ceux de Platon et d’Aristote, dans leurs enseignements.
Cette foi n’est donc pas étrangère au Banquet de Bacchus au point d’ignorer son existence dans l’histoire de l’Occident. C’est une polémique inutile que l’Église engage en refusant d’assumer son héritage gréco-romain. Ce mythe est antérieur à la Cène. Si l’on observe des similitudes entre ces deux scènes, il est indéniable que le christianisme a emprunté des éléments à la mythologie gréco-romaine.
Axel Illary
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