Ivoiriennes, Ivoiriens et chers Amis !
Les portes du premier Salon International des Ressources Extractives et Énergétiques (SIREXE) viennent de se refermer, au Parc des Expositions D’Abidjan, et tous les sons concordent à saluer et célébrer une manifestation dont la réussite, exceptionnelle, fera date ; et c’est tout à l’honneur du Ministère des Mines d’avoir anticipé en proposant cette plate-forme dédiée à la présentation et à la valorisation des industries extractives et énergétiques au plus haut niveau des leviers essentiels qui assureront à notre pays une croissance économique durable et inclusive, l’agriculture devant progressivement céder le premier rôle aux secteurs de l’industrie et des services, comme l’impose la loi de l’évolution des activités dans les sociétés humaines.
Comme tout national Ivoirien attentif aux grands développements de l’économiede son pays, nous avons éprouvé ce sentiment de joie et de fierté légitime quetous les discours, panels et reportages ont justifié.
Ce premier SIREXE sonnait l’entrée de la Côte d’Ivoire dans le petit cercle des pays où les ressources minières et énergétiques prenaient désormais rang de priorité dans les visions et programmes de développement de l’économie. Et dans la grande course vers ce nouvel eldorado qui s’étale sous nos pieds, la place des nationaux et leur implication effective a fait l’objet de grandes résolutions et engagements à l’action ; et un grand cor a même sonné pour que notre gent féminine reçoive tous les encadrements et appuis nécessaires, pour s’y tailler un digne espace et être visible dans les premiers trains.
Nous n’avons hélas pas pu empêcher deux faits d’actualité récentes de venir se poser en superposition sur cette réussite évènementielle du SIREXE 2024.
Tout d’abord, une audience accordée par le Président Alassane Ouattara au PDG d’une grande multinationale minière, qui venait révéler l’ouverture d’un nouveau site de classe mondiale, dénommé < Tanda – Iguela > , qui produira de l’or dès 2028, à raison de 11 tonnes par an, sur au moins 15 ans. L’investissement global culminera à 530 milliards CFA et créera au moins 4000 emplois directs et indirects.
Ces mêmes jours, sur presque tous les organes dits << réseaux sociaux >>, il circula une vidéo hallucinante de site d’orpaillage clandestin où furent présentés dans toute leur horreur des trous béants et dangereux ; et ce spectacle des damnés qui y travaillent, qui, traqués et fuyant en débandade comme des zombies, n’est dominé que par la voix lancinante d’une Ivoirienne qui appelle tout le pays à la mobilisation et à la résistance contre ces tueurs et de la terre , et du pays, et de ses populations !
Et comment ne pas craindre que l’espace de terrain que la caméra a pu balayersoit un tableau à multiplier par près de 100, 200 , sinon plus, sur tout le territoire ivoirien ?
L‘échec évident de l’administration du Président Alassane Ouattara à contenir,endiguer et extirper cette plaie du paysage social et économique Ivoirien nous conduit tous à nous poser, si possible, les bonnes questions, celles dont les réponses pourront amener la Côte d’Ivoire à se libérer les esprits et prendre les bonnes décisions et résolutions.
A ce stade de notre réflexion, Ivoiriennes et Ivoiriens, limitons-nous à poser les deux questions qui ouvrent et ferment ce débat.
Tout d’abord, à qui profitent en priorité les sites et activités en orpaillage clandestin ?
Nos premières investigations nous disent que la production d’or de tous les sites d’orpaillage clandestin est intégralement vendue aux grands sites miniers des multinationales. On peut même constater que les sites d’orpaillage clandestin surgissent et se développent toujours à proximité des grandes concessionsminières des multinationales où les véhicules et engins de dimension gigantesque opèrent sans arrêt.
La production trimestrielle déclarée par la multinationale et sur laquelle elle paye taxes et redevances à l’état de Côte d’Ivoire est en fait la somme de sa récolte à elle-même, à laquelle s’ajoute ce que lui ont livré les orpaillages du voisinage.
Et comme les multinationales n’ont jamais sollicité la gendarmerie ou les Eauxet Forêts pour détruire des sites clandestins d’orpaillage, c’est dire que l’achat de la production des orpailleurs est très rentable pour elles.
L’on n’a pas vu des orpailleurs clandestins descendre sur Abidjan pour vendre leur poudre et leurs pépites, encore moins leur proposer à Amsterdam, Tel Aviv, Johannesburg, etc.
Même pour le commun des Ivoiriens, il est loisible de faire la relation entre les grands sites miniers des multinationales et toutes les zones où, depuis toujours, l’on savait qu’il y avait de petites activités artisanales d’extraction de minerai d’or.
Depuis la nuit des temps, pour l’or ou les minéraux précieux, les premiers noms de localités qui fusent sont Dabakala, Séguéla, Bouaflé, Daloa, Zoukougbeu, Assuefry, etc.
Et ce sont ces régions qui abritent les plus grands sites d’extraction d’or où les multinationales investissent des centaines de milliards de CFA.
Concluons cette première partie en posant que si l’orpaillage clandestin qui gangrène nos contrées ne se réduit pas, mais prospère, c’est qu’il fait l’affaire du gouvernement du Président Ouattara et des multinationales. Hélas, au SIREXE 2024, il aura manqué le plus grand stand, celui de la dénonciation des dégâts de tout le processus minier pour la Côte d’Ivoire, ses terres et ses populations !
La seconde grande question se réduira à ce qui suit : que faire, dans un pays donné, devant une calamité grandissante, qui menace l’écosystème et la société sur tous leurs pans, lorsque l’autorité en charge de la protection du pays et de ses hommes ne manifeste aucune volonté évidente d’y mettre terme et de sévir avec les moyens et les forces de l’état ?
Avant que de réagir à l’appel de cette courageuse Ivoirienne qui lance un appel à tous pour la résistance, déposons le lourd fardeau incandescent de cette cause sur les épaules de nos élus, puisque, jusqu’à nouvel ordre, la Côte d’Ivoire est et demeure une république !
Députés, Sénateurs, Conseils Régionaux Municipalités, vous tous qui, en Côte d’Ivoire, êtes en droit de vous déclarer investis d’une autorité parce que élus par les citoyens, retournez à la source et au sens premier de votre mandat ! Le gouvernement est l’exécutif qui a en charge la responsabilité de conduire à bon accomplissement les tâches requises pour la bonne et saine vie de notre cité ; mais c’est la représentation nationale et les Conseils Régionaux et Municipaux qui doivent en premier lieu réagir et faire des propositions lorsqu’il y a crise ou danger imminent.
Vous avez certainement déjà émis des adresses isolées au gouvernement et à son administration pour signaler des cas d’orpaillage clandestin dans votre circonscription, certes.
Mais ce phénomène a pris une dimension autre dans la Côte d’Ivoire d’aujourd’hui !
Ce n’est plus seulement le cadre naturel, les forêts, lacs et cours d’eau qui sont pollués, mais nos campagnes qui se trouvent livrées à la domination d’une nouvelle caste de seigneurs du forage de nos sols disposant de moyens financiers qui les mettent à l’abri de toute sanction. Dans une décennie, si rien n’est fait,les premières zones qu’ils auront investies seront des fiefs ou des baronies à eux,et la jeunesse Ivoirienne aura soit totalement migré vers les villes, soit se sera fondue en eux, qui seront par ailleurs les principaux géniteurs des générations à venir.
D’ici octobre 2025 , la Côte d’Ivoire officielle présentera un paysage de vide ou de demi-teinte au niveau de la prise de décision au sommet ; cela est déjà su de tous , puisque l’on a pu assister à un incident inimaginable comme celui survenu le 18 novembre à l’abattoir de Port Bouet ; et comment comprendre que le E-RHDP -EMPLOI, idée qui va à l’encontre de toutes les règles républicaines puisque le Président du parti RHDP est Président de la République de Côte d’Ivoire , au lieu d’être retirée avec les excuses d’usage , réçoit des extensions et aménagements presque tous les jours ?
Nous demandons à nos députés, sénateurs élus et conseillers régionaux et municipaux de s’armer de patriotisme et de motivation, et s’organiser pour faire face aux nombreux problèmes qui mineront la Côte d’Ivoire cette longue années avant les élections présidentielle de 2025 !
Si le pouvoir effectif d’état est vacante, c’est à vous que les citoyens connaissent et ont choisi pour défendre leurs causes et intérêts, de relever en premier le flambeau !
L’or et les richesses de notre sous sol ne doivent pas se révéler, demain, les précipices qui entraîneront notre pays et tous ses espoirs !
Oui, Ivoiriennes et Ivoiriens devant cette menace précise, remuez vousréagissez !
Mercredi 4 Decembre 2024
Le Ministre Kobena I. Anaky
Président du MFA
Retrouvez La Chronique du Président Kobena I. Anaky, tous les mercredis sur www.ladepechedabidjan.info
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