Ivoiriennes, Ivoiriens, chers AMIS !
Puisque les fins d’année, dans toutes les civilisations et cultures du monde, ont un référentiel marqué à l’apaisement, nous à la réconciliation et à la cohabitation dans l’harmonie, nous nous devons d’y souscrire en lancant une alerte sur cette évidente évolution généralisée des médias dits de <<réseaux sociaux>> vers l’instauration d’une chape dictatoriale sur les esprits et pensées de tous ; ils sontdésormais les plus consultés et les plus lus.
Au départ, il y a le fait que chacun des 7 milliards d’humains que compte notre planète peut désormais être créateur d’information et d’évènement, sans se soucier du bien fondé de ce qu’il sert. Il peut même se faire encore plus despotique en piétinant la brève et fugace étape de l’exposition à la vraisemblance et au bon sens.
Il y a quelques mois, il a surgi de partout que l’épouse du chef de l’un des états les plus visibles en ce monde serait en réalité un homme, et la preuve indiscutable se trouverait dans une image de sa sphère pelvienne présentant un contour assurément masculin.
La proportion de personnes, dans notre pays, qui ont <<avalé>> cela comme argent comptant est effrayante, et l’on peut deviner les châteaux de cartes qui ont pu être construits à partir de ce scoop.
Mais peut être devrions nous étendre notre champ d’analyse, et nous demander ce qui a pu, dans l’écosystème politico-médiatique mondial, donner crédibilité à un si énorme non-sens, surtout dans la majorité des opinions en Afrique Noire ?
Cette voie nous conduira bien vite à débarquer dans le champ d’animosités et d’agressivités hétéroclites dirigé contre un certain Emmanuel Macron.
C’est ce qui domine et fait désormais autorité dans les opinions publiques des pays, en Afrique Noire, qui furent colonisés par la France.
Il y a aujourd’hui un sentiment anti Français si vif et généralisé que l’on se demande ce qui a bien pu allumer une telle flamme, surtout vive dans les jeunes générations ?
La réponse se trouve immédiatement dans la grande force du vecteur d’échanges dit <<Réseaux sociaux>> via internet.
Le sujet vedette en ce moment est celui de la très sensible réduction des bases militaires et de la présence visible de l’armée française et de ses couleurs en Afrique francophone.
Mesure qui va à l’encontre des dispositifs souvent hérités de l’ère de la colonisation et validés par les accords de coopération militaire et de défense du début des années 1960.
Après les fermetures et cessions des bases et autres infrastructures militaires lourdes de l’armée Française aux autorités du Mali, du Niger, du Burkina, duTchad, les gourous de nos réseaux sociaux ont fait retentir tambours et trompettes de victoire, présentant cela comme des succès acquis de haute lutte.
Et même chez nous, en Côte d’Ivoire, les nouveaux réglages de la coopération militaire et de défense avec la France sont déjà chantés comme une prouesse du patriotisme Ivoirien !
Notre souci de savoir les Ivoiriennes et Ivoiriens le plus précisément et le mieux informés possibles, puisque désormais ces réseaux sociaux sont la source à laquelle presque tous s’alimentent, nous oblige à sortir de notre réserve et àapporter une petite correction.
Nous sommes en 2024, et la guerre comme entreprise ne se conçoit plus et ne se mène pas comme ce qui était la règle avant que l’on n’entre dans le XX siècle.
L’Europe n’est plus la puissance économique qu’elle a longtemps été, et sa première puissance militaire, le Royaume Uni, est dans les faits un bras armé des Etats Unis via l’OTAN.
La France a beaucoup cru en son couple avec l’Allemagne pour présenter une alternative militaire européenne crédible ; mais les Allemands, qui se remettent péniblement de leur lourd passé guerrier, n’ont plus d’oreille sensible à ce genre d’accord. On leur a imposé de désarmer contre la protection, de l’OTAN et des USA ; pourquoi devraient-ils désormais abandonner ce cocoon ? Les USA et l’OTAN, quitte à leur faire payer des notes salées, leur garantiront toujours protection !
Revenons en Afrique de l’Ouest où, en l’espace d’une année, les Etats Unis d’Amérique, qui pilotent l’OTAN, ont fait défiler, dans toutes les capitales des pays du Golfe de Guinée, des missions militaires de haut niveau, qui insistaient sur la mutualisation de nos forces armées terrestres, aériennes et maritime atlantique pour assurer une réplique appropriée à toute attaque terroriste et islamique / djihadiste d’envergure.
L’ouverture et le financement de l’académie militaire anti-terroriste de Grand Lahou par cette nouvelle alliance, et la prochaine ouverture d’une base de surveillance territoriale dans le Nord de la Côte d’Ivoire, signifiait automatiquement que la présence armée Française dans des bases militaires traditionnelles ne se justifiait plus.
A part Djibouti sise portée de canon du Canal de Suez, la France dut planifierl’allègement maximal de son dispositif militaire en Afrique de l’Ouest et du Centre. Et les bases militaires devaient être cédées aux armées locales, en seménageant des espaces pour le stockage de certains types d’armements
Il a partout été convenu que l’armée française assurerait des missions de formation toutes les fois qu’on lui en ferait la demande.
Le retrait de l’armée Française des pays d’Afrique Noire est simplement une adaptation de la stratégie de défense et d’intervention aux nouveaux schémas mondiaux, et surtout au souci qu’en cas de guerre, chaque pays doit lui-même assurer l’essentiel de sa défense ; le sang des soldats français ne doit plus être versé pour d’autres pays ou peuples. Les Français d’aujourd’hui ne le comprendraient pas et ne l’accepteraient pas.
Pour ce qui concerne plus précisément la Côte d’Ivoire c’est un pays que la France couvre d’une attention particulière en raison du grand nombre de personnes de nationalité française qui y résident.
La crise de 2010-2011 avait vu le nombre de citoyens français vivant en Côte d’Ivoire baisser, mais cela n’avait touché que les Français de souche ;
Pas le grand nombre de Libano-Syriens qui, dans les faits, ne sont jamais partis. Bien au contraire, leur nombre va beaucoup croître, puisqu’ils ont saisi l’opportunité de cette crise pour occuper et animer tous les pans du tissu économique ivoirien que les Français abandonnaient.
Et si l’on donne dans les consulats les chiffres de 80000 Libanais et 20000 Français vivant en Côte d’Ivoire, il est su de tous que ce sujet est un magmaimpossible à dépêtrer de l’extérieur, puisque le vrai effectif des Libanais doitsurfer de 150000 à 200000 unités.
Ceci en relation avec la guerre qui sévit en permanence sur leur sol d’une part, et d’autre part au fait que la Côte d’Ivoire est le pays en Afrique Noire qui leur réserve l’accueil le plus ouvert et libre.
Et la patate chaude, pour la France et son armée, est que plus de la moitié des Libanais se trouve en détention d’un passeport ou d’autres papiers français ;Et le spectre des événements de 2010/2011 reste un cauchemar permanent pour les responsables politiques et militaires français, au cas où, pour toute raison politique ou sociale, la Côte d’Ivoire devait un jour revivre les explosions de troubles et émeutes de rues des années passées.
La France a ramené sa présence militaire au minima, en Côte d’Ivoire comme dans les autres régions du continent, puisqu’elle n’aura plus à mener de guerre loin de ses territoires.
La France se trouve désormais condamnée à être la grande puissance mondiale qui sera la plus attentive et la plus frileuse au maintien d’un climat social apaisé et sans violences en Côte d’Ivoire, puisque toute crise pourrait lui valoir de voler au secours d’au moins 50 à 100000 personnes se réclamant de sa nationalité,pour assurer sécurité et assistance.
Devant une telle quadrature de cercle, tous les plans B et montages parallèles sont étudiés et construits, et il ne peut pas être indifférent de relever que la grande majorité de cette population française et libanaise à protéger est de confession musulmane chiite et totalement acquise à la cause du Hezbollah.
Nous ne pensons pas avoir fait tout le tour de la complexité et de la variété des problèmes que l’ouverture pratiquement sans réserves de nos frontières à tous peut entrainer pour une gestion bien équilibrée et stabilisée de la vie sociale en notre pays.
Voici pourquoi il importe que, dès fin 2025, l’avenir de notre pays et les importantes et lourdes décisions à prendre soient confiés à des éléments dont l’engagement pour la cause nationale ne souffre aucun doute.
Fait à Abidjan le 11 Decembre 2024
Le Ministre Kobena I Anaky
Président du MFA
Retrouvez La Chronique de Président Kobena I. Anaky tous les mercredis sur www.ladepechedabidjan.info
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