Deux réactions à notre vidéo intitulée « L’ignorance des Noirs dans la pratique des religions abrahamiques », publiée sur YouTube le 27 décembre 2024, ont particulièrement retenu notre attention en raison de leur pertinence. Elles soulèvent une question cruciale qui concerne la souveraineté culturelle et intellectuelle des Noirs. Ces réflexions, teintées de pessimisme, traduisent une frustration profonde face à l’inertie collective et à la domination systémique qui continuent de maintenir les Africains dans un état de dépendance.
Le premier commentaire illustre une perte de foi totale dans les institutions, qu’elles soient africaines ou internationales, accusées d’être complices directes ou indirectes de l’assujettissement du peuple noir. Cet avis souligne un scepticisme prononcé envers les initiatives qui affichent des objectifs de réhabilitation de la culture africaine, jugées dénuées de sincérité. Cette méfiance trouve ses racines dans une histoire marquée par des siècles d’asservissement : traite négrière, esclavage, colonisation et, aujourd’hui, des formes modernes de contrôle économique et culturel. La crainte exprimée ne s’arrête pas à des institutions spécifiques, mais s’étend à un système global perçu comme opposé aux intérêts des Noirs.
Le second commentaire présente un point de vue plus introspectif, insistant sur la responsabilité individuelle et collective des Africains dans le maintien des chaînes invisibles. Selon cette perspective, de nombreux Africains se réfugient dans l’ignorance, non par manque de moyens, mais par choix. Ce « confort que leur procure l’ignorance » souligne une peur de l’inconnu ou un attachement à des croyances qui assurent une certaine stabilité, bien qu’elles contribuent à perpétuer une aliénation culturelle et spirituelle.
Qu’elle soit imposée ou délibérée, l’ignorance demeure l’un des principaux freins à une véritable libération. Elle empêche la prise de conscience nécessaire pour identifier les mécanismes d’oppression et envisager des solutions durables.
La vidéo elle-même, en abordant la pratique des religions abrahamiques en Afrique, soulève un sujet important. En effet, les faits historiques attestent que les grandes tragédies qu’a connues l’Afrique au cours de son histoire sont dues à ces croyances.
Lors de sa visite en RDC en 2023, le pape François, qui n’a pas eu le courage de mentionner la responsabilité de l’Église catholique dans les drames historiques vécus par l’Afrique, a lancé un appel à l’émancipation du continent de toute forme de domination étrangère. Cette déclaration, bien qu’appréciée par certains, suscite toutefois des interrogations : pourquoi ces messages viennent-ils souvent de l’extérieur et pourquoi les élites africaines peinent-elles à en être les porte-voix ?
Face à ces constats, il devient évident que la libération des peuples africains ne viendra pas de l’extérieur. Les solutions doivent être conçues et appliquées par les Africains eux-mêmes, en redécouvrant et valorisant leur histoire, leur culture et leurs traditions. De fait, l’émancipation passe par l’éducation. Il est nécessaire de combattre l’ignorance en transmettant les savoirs, en mettant en avant l’application de la Charte de la renaissance culturelle, ainsi que les réalisations des penseurs et leaders africains qui ont lutté pour la souveraineté intellectuelle et culturelle du continent. Ce processus permettra l’enseignement de l’Histoire générale de l’Afrique et la valorisation des traditions africaines en vue de réhabiliter les pratiques culturelles et spirituelles du continent.
Dans cette quête, les institutions africaines doivent se réapproprier leur rôle en cessant d’être des relais de l’influence étrangère pour redevenir des moteurs de développement autonome et endogène. Ainsi, une gouvernance sincère et engagée, capable de répondre aux aspirations profondes du peuple, est essentielle pour ouvrir la voie à une véritable indépendance.
Les défis restent immenses, mais, comme le souligne la sagesse évoquée dans le premier commentaire : “Un morceau de bois peut rester mille ans sous l’eau, il ne deviendra jamais un poisson.” Cette métaphore rappelle l’importance pour l’Afrique de rester fidèle à son essence, au lieu de chercher à s’intégrer dans des systèmes qui n’ont jamais été conçus pour la servir.
L’heure est venue pour une prise de conscience collective face à l’exploitation continue des Africains, qui ne doivent plus attendre des solutions de ceux ayant historiquement profité de leur oppression.
Axel Illary
Ci-dessous les commentaires en question :
Premier commentaire :
« Très bonne émission, mais malheureusement, je ne crois pas à la sincérité d’une quelconque charte parlant de la réhabilitation des cultures, coutumes et traditions africaines. Désolé, mais aucune institution actuelle, africaine ou internationale, n’œuvre sincèrement et honnêtement dans ce sens. Au contraire, tout est fait, et cela se fera encore sûrement, pour maintenir les Noirs dans cette cruel soumission et perpétuer la torture des peuples noirs. Qu’on ne se voile donc pas la face avec des chartes farfelues de l’UNESCO ou autres pour la réhabilitation de nos cultures, coutumes, valeurs et traditions. Ils nous ont menti, ils continuent de nous mentir et continueront de nous mentir pour toujours nous assujettir, car ils se sont convaincus eux-mêmes que nous sommes des éternels irresponsables, naïfs et immatures de surcroît. Nous devons donc nous prendre en charge nous-mêmes, peuples noirs, sans naïvement compter sur une supposée bonne intention de qui que ce soit. “Un morceau de bois peut rester mille ans sous l’eau, il ne deviendra jamais un poisson.” Des siècles d’esclavage, de colonisation et aujourd’hui le néocolonialisme devraient pourtant suffire pour nous démontrer qui ils sont et ce qu’ils veulent réellement de nous. Ils veulent toute la Terre pour eux, non seulement l’Afrique, mais toute la Terre, sans les Noirs. Voilà la réalité et la vérité. »
Deuxième commentaire :
« Les chaînes spirituelles et les peurs liées à l’ignorance empêchent les Africains de se libérer. Et beaucoup d’Africains optent délibérément pour l’ignorance. Cette ignorance leur procure un certain confort. »