Ivoiriennes, Ivoiriens, chers Amis !
Pour l’année 2025, j’adresse mes vœux les plus ardents de santé et de bonheur dans la sérénité à vous tous qui constituez le socle et l’âme de notre pays !
Je me permets de vous dire qu’il ne s’agit pas de la formalité civile pratiquée par tous les peuples, dans tous les pays du monde ; c’est un véritable cri de frayeur, devant la situation de notre pays en ce mois de janvier 2025, qui m’échappe !
Je le double d’un appel à la victoire de tous sur les démons du passé, en me joignant à tous les leaders politiques, religieux, traditionnels et de la société civile, qui ont unanimement brandi une Côte d’Ivoire de fin 2025 pleine de lumière, et d’éclat, sans crise électorale, sans violences et destructions de vies et de biens !
Il est évident que, comme partout ailleurs, c’est le message de fin d’année du Chef de l’Etat qui fait en priorité l’objet des attentions, surtout lorsque, comme ici en Côte d’Ivoire, ce même premier responsable est en place non stop depuis bientôt quinze ans, délai largement suffisant, en longueur de vie humaine, pour présenter un bilan de sa gouvernance et l’assumer.
Le problème – sinon même le drame – dans l’appréciation des messages du Président Alassane Ouattara lorsqu’il fait une adresse aux 30 millions de personnes qu’il a en charge, est qu’il y a toujours de sérieux doutes quant à l’exactitude des éléments des bilans ou programmes qu’il expose.
Ainsi, apprendre que 80% de la population ivoirienne peut disposer d’un dispensaire ou centre de santé à périphérie de 5km est formidable et vaudrait une << standing ovation >> par rapport à ce qui se voit dans presque tous les pays d’Afrique Noire !
Mais lorsque la télévision nationale a présenté les infrastructures médicales de dernière génération dont sont équipés les CHR des chefs lieux de région, et que l’on a des témoignages de cadres et agents de santé en poste dans les mêmes structures qui disent qu’aucun de ces appareils n’est opérationnel, pour de multiples raisons, et que le salut des patients réside dans la maîtrise du volant des conducteurs d’ambulance à filer plein tube sur Abidjan, le désarroi et le doute qui s’emparent de votre esprit ne sont pas simples à ordonner et gérer. Et ce n’est pas le fait avéré que même dans le grand Abidjan, dans les services des urgences de tous les hôpitaux publics, slalomer parmi les malades couchés à même le sol ou sur des nattes dans les allées et couloirs est la première préoccupation des brancardiers et assistants.
Si tout le monde, en Côte d’Ivoire, 10 mois avant le 1er tour de l’élection présidentielle, est crypté et stressé sur ce sujet, comme si l’évènement était déjà en cours, c’est d’abord et avant tout dans le déroulé du style de gouvernance du Président Alassane Ouattara, Président de la République et Président du RHDP.
Les 30 millions d’individus présents sur le sol ivoirien sont dans une sphère préconditionnée en permanence vers les élections, et surtout l’élection présidentielle. L’on en est même arrivé au point où, dans la communion familiale et très privée de l’arbre de Noël, l’on fait réciter à de tendres enfants des phrases d’anthologie où les vrais remerciements finissent par remonter au même et unique Président Alassane Ouattara !
Un planteur ou un cadre a t-il pu mobiliser 2 ou 3 millions de CFA pour offrir des tôles ou des tables banc à l’école de son village natal perdu en pleine savane ?
Devant le parterre du corps préfectoral, en grande tenue, et les autorités de la région, ce digne fils du terroir devra finir son allocution par la démonstration imparable que c’est grâce au Président Alassane Ouattara que tout cela a pu se réaliser, et que songer simplement à une alternative à la tête de l’état, de son vivant, relèverait d’une volonté criminelle dirigée contre les intérêts et le bonheur des braves Ivoiriennes et Ivoiriens que nous sommes tous ! C’est ainsi que la Côte d’Ivoire est comme tout entière confinée dans une immense tour, dont le sommet, seul à présenter des ouvertures, abriterait le seul et unique Président Alassane Ouattara, qui tient en main et règle les commandes de ventilation et d’aération de tout cet édifice dédié à la glorification de son nom et de ses réussites en gouvernance. Qu’il demeure en place au Palais Présidentiel pour l’éternité !
La Côte d’Ivoire entière commande des prières, en cette fin d’année 2024, car 2025 porte en germe toutes les explosions et crises socio politiques que l’on puisse projeter, lorsqu’il est avéré que ce Président de la République en exercice a désormais pris la décision de ne jamais céder la place à quelqu’un d’autre, comme le commande pourtant tout système démocratique.
Les éléments qui nous fondent à tant de pessimisme sont pourtant là, sous vos yeux à tous.
1/ Dès qu’en 2019, il s’est dessiné que le Président Alassane Ouattara allait briguer un troisième mandat consécutif, contre l’esprit et les termes de la constitution qu’il avait lui-même fait adopter aux Ivoiriennes et Ivoiriens en 2016, il est évident qu’il lançait un signal fort, à son pays et à la face du monde, qu’il s’installait désormais dans un ordre institutionnel en rupture avec celui affiché dans la constitution, et qui lui avait permis de se faire élire Chef de l’état.
L’histoire nous a montré que toutes les monarchies et tous les empires se sont créés sur la volonté d’un seul individu de tout accaparer et de ne laisser aux autres que le choix de la soumission et de la résignation. Et toujours dans de grandes épreuves de fracas de chairs et d’os, dûment arrosés de sang !
2/ La volonté de postuler pour ce 3e mandat valait aussi signal clair et retentissant que le Président Alassane Ouattara s’excluait du système des partis politiques auxquels, en régime de démocratie, les textes constitutionnels confient la lourde charge de veiller et informer l’opinion sur l’état du pays et sa gouvernance et faire des propositions pour son amélioration.
En prononçant l’oraison funèbre du RHDP en tant que parti politique le 30 juillet 2020, jour où il a déclaré être candidat pour un troisième mandat de suite, il a signifié à tous les hauts responsables et cadres du RHDP, qu’il n’avait pas pu déceler, parmi les nombreux technocrates et grands serviteurs de l’état qu’ils comptaient, le petit frémissement que seul Amadou Gon Coulibaly avait pu éveiller en lui qui ne voit en pouvoir que domination et hégémonie.
Il les a tous étiquetés << pas apte pour le service >>, et, cela, venant de leur hiérarchie, plombera leurs ambitions présidentielles en Côte d’Ivoire pour les décennies à venir !
Le RHDP était ainsi ramené à sa véritable dimension et utilité selon le Président Alassane Ouattara, à savoir une bande hétéroclite à l’organisation copiée sur celle des partis politiques, mais exclusivement en charge de tenir les populations en laisse et promptes à la mobilisation en permanence, dans un jeu de foire débridée dévolue à sa gloire et à son maintien au Palais Présidentiel.
3/ L’égo du Président Alassane Ouattara ayant forcément culminé, après 15 ans au pouvoir, à un niveau aussi inimaginable que sidéral, l’être ou l’individu est désormais réduit à se confiner dans sa tour d’ivoire, sans aucune ouverture, et fermée à tout message de l’extérieur ; et nous sommes raisonnablement en droit d’attendre que les appels de tous pour que toutes les mesures et dispositions soient prises à l’avance pour des élections saines et apaisées en octobre 2025 ne trouveront aucun écho chez lui !
– Ainsi l’ouverture d’une nouvelle séquence d’au moins trois mois pour que les centaines de milliers sinon même les 2 ou 3 millions de citoyens Ivoiriens, blasés de leur misérable vie au quotidien et peu curieux ou concernés de la chose civique et politique, puissent réunir les conditions requises et s’inscrire sur la liste électorale pour les élections de fin 2025.
– Le changement total de notre système électoral, par concertation et agrément de tous les partis politiques et les éléments de la société civile sans exclusive.
– Lancer les processus juridiques qui doivent permettre à toutes les personnalités politiques ayant déjà acté dans la vie publique du pays d’être de nouveau électeurs, et même se porter candidats aux élections à venir.
Hélas faire fi de ces dispositions en se réfugiant dans les mâchoires de l’étau de la règle de droit, dans le contexte très spécifique et particulier de la Côte d’Ivoire d’après les crises socio politiques vécues et endurées depuis bientôt trois décennies, vaut insulte à la conscience nationale ivoirienne, pour ne pas dire appel par anticipation à des crises et éclats pouvant porter déstabilisation de l’ordre public en notre pays.
Surtout lorsque la Télévision Nationale d’Etat expose chaque jour la mise à disposition totale de tous les moyens et symboles de l’Etat de Côte d’Ivoire pour la campagne et la victoire du candidat du RHDP, volonté affichée sans retenue ni vergogne, pour ne pas dire avec délectation, puisque les Préfets, Secrétaires Généraux de Préfecture, Sous Préfets et autres grands commis de l’Etat, sont associés et exhibés en première ligne, dans les moindres manifestations du RHDP.
2025 est effectivement cette année de grâce où l’ensemble des Ivoiriens crie, au Ciel et à la Terre, qu’il ne veut plus que des élections présidentielles engendrent haines, violences et voies de fait, comme la récente élection au Ghana voisin a fait rêver tout un chacun d’eux.
Tous les dignitaires religieux, Catholiques, Évangéliques, Musulmans, Traditionnels, etc. ont commencé à en faire leur principal sujet de prière et d’homelie.
Mais que fait l’humain lorsqu’il arrive à se retrouver retranché, aux derniers remparts de la résignation, face à ce qu’il croit être juste et qui lui est dû ?
Le petit signal, sollicité par ceux-là tous qui sont les voix publiques du pays, et donc la volonté de ses peuples, à savoir que le Président Alassane Ouattara accepte en ce début d’année 2025 une grande rencontre d’échanges, et justement sur ce thème de tout arrêter en concertation, pour des élections sans violences et sans pertes en vies humaines, viendra t-il un jour du palais présidentiel ?
C’est désormais du sommet de l’état, et donc du Président Alassane Ouattara, que le destin d’une Côte d’Ivoire calme, apaisée et en harmonie, va dépendre.
Que les prières de tous incurvent son égo à découvrir que ce sont des millions d’humains en Côte d’Ivoire qui, en silence, font monter leurs voix vers sa personne… , et toujours avec espoir…
Tant il est certain, depuis la nuit des temps, que ceux qui craignent le plus la guerre, les plus pacifiques, peuvent se révéler les guerriers les plus farouches et résolus, dès lors qu’aucune autre voie ne leur est offerte.
Ivoiriennes, Ivoiriens, entamons cette grande année 2025 dans la confiance et dans la joie, en croyant encore tous que nos voix seront entendues !
Bonne et heureuse année 2025 à toutes et à tous !
Abidjan le 8 janvier 2025
Le Ministre Kobena I. ANAKY
Président du MFA
Retrouvez La Chronique du Président Kobena I. ANAKY tous les mercredis sur www.ladepechedabidjan.info
Je recommande ceci