IVOIRIENNES, IVOIRIENS, CHERS AMIS !
Nous pouvons dire que 2025 sera vraiment, en Côte d’Ivoire, une année bien particulière, année où tous les levers de soleil ne poindront sur rien d’autre que l’élection présidentielle prévue le 25 Octobre.
Ce tempo, voulu par le Président Alassane Ouattara, qui a imposé qu’en Côte d’Ivoire, la vie publique et sociale ne s’anime que des seules élections présidentielles, et donc où l’on vit en campagne électorale présidentielle permanente, est forcément préjudiciable à la construction d’une société humaineapaisée, ce qui est le minimum qu’un Chef d’état doit avoir à cœur d’assurer à tous ceux qui vivent sur son territoire.
Une élection, dans tout système démocratique, signifie ‘’ choix ‘’ parmi plusieurs possibilités d’orientation de la société, donc compétition entre les figures qui les portent, ce qui veut dire émotions et fortes montées d’adrénaline, nourrissant de grandes et fortes attentes.
Tout le monde veut l’emporter, nul n’accepte la défaite avec plaisir, c’est aussi l’un des grands traits de la nature humaine.
Nul doute que le monde entier accordera un jour un guiness de records au rythme et au style très particulier du Président Ivoirien Alassane Ouattara, qui dirige le pays comme de loin, installé sur un satellite ; il a au préalable pris soin de constituer et pourvoir en moyens une structure monolithe comprenant Ministres, Présidents d’Institutions, Hauts responsables de l’administration et du secteur privé, commandements supérieurs des forces armées, chefs traditionnels et religieux, etc…
Ce mégalithe est en campagne permanente de laudation de sa personne et de son image de succès et de réussite.
Nous n’avons pas en côte d’Ivoire un culte de la personnalité du Président comme ce que l’histoire a retenu de nombreux dictateurs dans les temps passés, et comme le pratiquent encore certains régimes autoritaires en Asie, en Amérique latine ou en Afrique. On y mène une vie normale, forcement pénible,mais la célébration du grand chef n’intervient et ne s’impose que dans les espaces de la vie publique dédiés à cet effet.
En Côte d’Ivoire, le plan d’Alassane Ouattara se déroule avec tant d’efficacité et de réussite qu’il est déjà, en quinze ans, proche de la pharaonisation en règle ; Alassane Ouattara est en train d’être extrait de son être d’humanité pour être réincarné en une véritable divinité, qui échappera à toute évaluation ou à tout jugement humain et citoyen.
Sinon, Ivoiriennes et Ivoiriens, comment comprendre, et même simplement concevoir, que, le vendredi 17 Janvier 2025, il ya juste quelques jours, l’un desplus hauts cadres de notre pays, qui a déjà été investi aux plus hautes fonctions gouvernementales comme d’institution, et vient d’être confirmé Ministre d’Etat,puisse prononcer la phrase suivante :
« Alassane Ouattara, en 1990, est venu sauver la Côte d’Ivoire.
Financièrement, la Côte d’Ivoire était à genoux.
Houphouët Boigny était devenu beaucoup vieux ;
Il fallait faire venir Alassane Ouattara, le nommer au poste de Premier Ministre pour sauver la Côte d’Ivoire de cette difficulté financière.
C’est lui qui a évité la honte au Président Houphouët Boigny.
Aujourd’hui, c’est lui qui est assis à la place du Président Houphouët Boigny ».
Loin de nous le souci de chercher des poux dans la tête de ce notable connu de tous et de nous-même, et surtout pas question de vouloir « verser du sable dans son attiéké ». Nous lui concéderons même que le niveau de formation moyen de l’auditoire en face de lui a pu exiger qu’il s’adonne à une si grande contorsion des enjeux réels qui ont prévalu au parachutage du cadre de banque du système de l’ONU à la tête du redressement financier de la Côte d’Ivoire, mise à mal par la chute brutale des cours du cacao.
Il est, depuis, bien apparu que les cantiques sur la « détérioration des termes de l’échange » qui ont déferlé ne visaient qu’à dissimuler qu’il n’ya pas réellement eu excès de l’offre de fèves sur une demande mondiale alors en expansionconstante, mais des volontés hostiles de grands pôles financiers et géopolitiques vis-à-vis de la Côte d’Ivoire.
Abandonnons ce débat, désormais du passé, et dans cette Côte d’Ivoire qu’octobre tire déjà à bout de bras, trouvons le temps et le courage de nous rappeler une règle de bon principe, à tenir envers et contre tous, ici en Côte d’Ivoire et entre Ivoiriens !
Aujourd’hui, toute la Côte d’Ivoire est comme aspirée par cet achèvement en entité nationale, bien avancé, mais encore loin d’être conclu, qui est le premier et plus grand point de la faiblesse ressentie par ses filles et fils vis-à-vis de ses voisins et du monde entier !
Les Sénégalais, Guinéens, Maliens, Burkinabés, Ghanéens, etc… , dès le berceau , savent à quel bloc ils appartiennent , et grandissent dans l’adoration de ce fétiche bien à eux qu’est leur nation !
Houphouët Boigny a consacré sa vie et son œuvre à ce sacerdoce. Il est parti en laissant le soin aux successeurs de poursuivre la tâche avec encore plus d’ardeur et de foi.
Félix Houphouët Boigny, comme tout humain, a eu des accomplissementsheureux, et en a eu forcément d’autres négatifs, autant pour son pays que pour lui-même !
Mais comme c’est sa sphère et son entité de nation qui fondent et établissent tout état, Houphouët Boigny est et reste à ce jour l’unique élément du panthéon des Ivoiriens. Il est préférable d’éviter de le mentionner dans des allocutions de circonstance, à l’occasion de tournées politiques, mais surtout il est interdit de le brandir comme faire valoir pour quelque cause ou personnalité que ce soit.
Comment est ce que les Ivoiriens des générations nouvelles peuvent comprendre le qualificatif de « beaucoup trop vieux ? ».
N’est-on pas en train de leur dire qu’Houphouët, même devant les limites de l’âge et la baisse des facultés, s’est entêté à rester au pouvoir ?
Que peut penser une Ivoirienne ou un Ivoirien de moins de 40ans d’un tel portrait d’Houphouët qu’il n’a pas connu ? Quel langage des anges notre orateur néo RHDP, par ailleurs ex avocat officiel du PDCI , va-t-il inventer pour demander demain à ces mêmes jeunes de rendre hommage à la figure nationale d’Houphouët Boigny ?
La Côte d’Ivoire n’était elle pas en droit d’attendre que sa plume et son éloquence comptent parmi les premières à bâtir un mythe Houphouët Boigny pour fonder cette nation Ivoirienne ?
La Côte d’Ivoire doit elle craindre que l’égo de celui qui postulera bientôt à un quatrième mandat présidentiel ait déjà atteint un si haut dégré d’exigence, ou, alors, devons-nous tourner la page en n’y voyant qu’une lourde overdose en flagornerie ?
Finissons par un appel à toutes les autorités de notre pays : au Président de la République, au Senat, à l’Assemblée Nationale, au Cesec, à la Grande Chancellerie, à la Médiateur, etc etc !
Qu’ils acceptent de produire et soumettre à signature de tous les partis politiques un code de bonne conduite et de respect devant l’icône historique nationale que constitue « Nanan Félix Houphouët Boigny »
Il est à ce jour l’unique fétiche partagé par tous ceux qui se reconnaissent dans l’arbre national Ivoirien !
Bonne Année 2025 à toutes et à tous !
Fait à Abidjan le 13 Janvier 2025
Le Ministre Kobena I. Anaky
Président du MFA
Retrouvez La Chronique du Président Kobena I. Anaky tous les mercredis sur www.ladepechedabidjan.info
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