Ivoiriennes, Ivoiriens, chers Amis !
Comme nous l’avions pressenti, le démarrage tout feu tout flamme de la campagne électorale pour la présidentielle de fin octobre 2025 va désormais nous servir, chaque semaine, les propos ou l’évènement qui auront le plus impacté notre actualité sociale et politique. Ce sera le sujet de notre échange avec vous.
Pour la semaine dernière, nous convenons tous que c’est un ministre en activité qui a volé la vedette à tout et tous.
Il s’est bravement jeté à l’eau en déniant la nationalité ivoirienne au Président d’un parti concurrent qui a déjà déclaré vouloir se porter candidat à la présidentielle d’octobre 2025.
Si cela fait événement, c’est que nous ne sommes pas dans les eaux habituelles où le débat sur la nationalité est le fond de commerce de factions ultra nationalistes, conservateurs frileux, qui tirent à boulets rouges sur tout ce qui paraît extérieur ou étranger. Certaines gargotes et autres maquis en ont déjà fait leur titre de gloire ou d’exclusivité.
C’est au cours d’une rencontre entre de hauts cadres du RHDP/RDR, parti au pouvoir, que des phrases fortes furent avancées par un ministre du gouvernement, au parcours brillant, et qui est souvent cité comme modèle des profils inspirants de la jeune génération.
Tout d’abord, ce n’est pas l’homme de la rue ou l’Ivoirien lambda qui a parlé, mais un très haut cadre. Il est titulaire d’un doctorat, ce qui suppose au moins 5 à 7 années d’études et de recherches après le baccalauréat. Au passage, l’on pourrait juste craindre pour ce frère Ivoirien que les propos tenus ne lui valent des difficultés dans des pays plus regardants au respect des droits de l’homme que la Côte d’Ivoire d’aujourd’hui. Car un ministre va souvent représenter son pays à l’international !
Ensuite, il tombe sous le sens qu’un responsable de ce niveau aurait dû évaluer qu’une telle sortie portait des flèches empoisonnées dirigées contre l’histoire de son propre parti politique, le RHDP/RDR, et certaines de ses figures les plus emblématiques, à commencer par le Tout Puissant Président.
Oui, ce haut cadre de notre pays, souvent cité en modèle à ceux de sa génération, et qui préside régulièrement des levers de drapeau où l’on chante l’Abidjanaise, l’hymne national de la Côte d’Ivoire, n’est lui-même pas bien édifié sur ce qu’il faut comprendre par nation ivoirienne.
En effet, si l’on s’en tient à ses propos, qu’il assume fièrement, il n’est pas à ce jour prêt à entendre l’un des Sawadogo ou Compaoré dont la famille est installée dans le périmètre entre Kossou et Bouaflé depuis presqu’un siècle oser se revendiquer Ivoirien au même titre que lui.
Et, puisqu’il préside le Conseil Régional de l’une des grandes régions de l’Ouest, celles qui ont le plus souffert des crises socio politiques de 2002 et 2010/2011, il ne peut pas feindre d’ignorer que sa région natale à connu une véritable << submersion migratoire >> de frères Ouest africains, arrivés << combattants >>, et qui se sont massivement reconvertis à l’agriculture dans ce paradis forestier qu’est la région de l’Ouest et des Montagnes.
Ils se sont largement payés en occupant les forêts classées et les terres abandonnées par les autochtones qui ont fui. Ceux qui sont arrivés en dernier prospèrent dans l’orpaillage clandestin. Nous devinons de loin l’embarras qui sera le sien le jour où plus du tiers des élèves des écoles primaires des villages de son fief auront leur géniteur originaire de l’ancienne Haute Côte d’Ivoire. Surtout qu’il a dû avoir des proches pour lui susurrer que lorsqu’il tient meeting pour la victoire éclatante et dès le premier tour de son candidat à la prochaine présidentielle, la belle chemise VIP du RHDP qu’il porte fièrement, tel un mannequin, présente en spot le visage rayonnant de quelqu’un qui doit bien connaître cette même Haute Côte d’Ivoire.
Mais la Côte d’Ivoire lui saura cependant gré d’avoir enfoncé le fer brûlant dans la plaie qui suppure en ce que le concept d’appartenance nationale est négligé et ne ressurgit que lorsque les situations électorales permettent à certains de croire y trouver le meilleur argument pour écraser les prétentions de leurs adversaires.
Mais c’est surtout qu’il vient ainsi de signaler à tous que la Côte d’Ivoire, plus de 70 ans après sa reconnaissance internationale comme état souverain, traîne toujours comme de lourds boulets le problème de sa simple définition en terme de nation. Et tant que sur cette question, des voies naturellement légitimes et insoupçonnées de ruse ou manipulation, n’auront pas adressé des messages simples, clairs et bien argumentés à tous, la Côte d’Ivoire ne connaîtra pas de stabilité sociale et politique durable, et, donc, sera ouverte à des crises aussi violentes qu’incontrolables.
La Côte d’Ivoire devrait enfourcher le vaste courant mondial, qui vient de passer à la vitesse supérieure avec l’arrivée au pouvoir aux USA de Donald Trump, et la récente reconversion de la majorité des pays d’Europe de l’ouest à sauvegarder un minimum d’identité nationale propre face au grand collectif mondialiste.
La Côte d’Ivoire y est même poussée par la récente fièvre des nouvelles générations des pays d’Afrique Noire à privilégier et proclamer haut et fort les valeurs historiques de civilisation et de culture qui ont prospéré bien avant l’ere des colonisations européennes du 19e siècle.
Et, dans ce marigot africain en constante ébullition, tous les regards se tournent vers la Côte d’Ivoire, qui est ”ciblée” malgré elle, parce que portant l’étiquette de pays ayant continué d’entretenir une relation très privilégiée avec le colonisateur d’hier. C’est en train de devenir sacrilège !
Et peut être aussi parce que la Côte d’Ivoire, pays d’ouverture et d’accueil, abrite sur son sol des communautés significatives de tous les pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre.
Oui, Ivoiriennes et Ivoiriens, que tous les candidats aux élections présidentielles à venir s’imposent de porter leurs propositions face à cette problématique nouvelle dans leur projet de société et programme de gouvernement.
Fait à Abidjan, le 19 février 2025
Le Ministre Kobena I. ANAKY
Président du MFA
Retrouvez La Chronique du Président Kobena I. ANAKY tous les mercredis sur www.ladepechedabidjan.info
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