À la Riviera 2-Anono, le ‘’ carrefour garage ‘‘ est très célèbre. A cause de ‘’ l’embouteillage ’’ d’ambiance, d’alcool et de sexe qui y règne tous les soirs. Mais ce n’est pas tout. Un autre fait insolite attire également l’attention. Il s’agit des nombreux fous (malades mentaux) qui se retrouvent chaque soir parmi les noctambules. Avec tous les risques que cela comporte. Et le pire n’est pas souvent loin. Tiens, il y a quelque temps, un soir au maquis cave ‘’ Chez Audrey ’’, à cent mètres du ‘’ carrefour garage ’’, un fou a agressé une serveuse et un client. « Il a donné un coup à ma serveuse Jeanne dans le cou, sans raison. Et il a fui. Le lendemain, le même fou est revenu incognito le soir et a donné un autre coup à un client. Il s’est enfui encore », raconte dame Audrey, chez qui nous faisons un tour samedi soir autour de 21h, pour prendre un pot.
Selon des témoignages de clients, serveurs et serveuses des maquis et caves ‘’La merveille’’, ‘’Coach Masra’’, ‘’Titine la Togolaise’’, ‘’Assinie’’, ‘’Chez Michou’’, ‘’ Chez Aude’’, ‘’ Chez Francky ’’, ‘’WhatsApp chez tantie Joëlle’’ et ‘’ Android+ ’’, situés de part et d’autre du ‘’carrefour garage’’, ces fous n’hésitent pas parfois à s’emparer des restes de nourritures et de boissons sur les tables pour les consommer.
D’ailleurs, pendant notre présence ‘’ Chez Audrey ’’, un autre fou appelé Bougma alias Azapawa, plonge subitement sur le reste de poisson braisé et d’attiéké d’un client et sa compagne qui s’apprêtent à partir.
La propriétaire dame Audrey qui a vu la scène de loin, crie sur Azapawa, qui se rétracte. Une serveuse vient alors emballer le reste de la nourriture et le lui remet pour l’éloigner. Et il repart hilare. Je profite de l’occasion pour lui demander s’il est vraiment fou. « Je ne suis pas fou. J’ai une fille de 10 ans. Elle est avec sa maman à Yamoussoukro », répond-il.
De quoi surprendre, car l’homme, la quarantaine, est très sale, complètement débraillé et dégage une forte odeur désagréable.
A notre départ de ‘’ chez Audrey’’ autour de 2 heures du matin, Azapawa n’hésite pas à soulever nos restes de bières sur la table pour les boire.
Ces fous et ces folles dans la nature, des adultes, une dizaine, des ressortissants de la sous- région pour la plupart, font presque tous pareil dans la zone du ‘’ carrefour garage ’’, jusqu’au petit matin.
A l’image de la folle appelée Rihanna, la trentaine, toujours habillée dans un vieux collant complet noir usé et son ami, l’autre fou très sale appelé Ismo, des adeptes de la mendicité. Ils sont toujours en train de quémander des pièces de 100 f pour fumer, manger ou boire du ’’ gbailai ’’. Quand Bougma alias Azapawa et d’autres, eux, ‘’exigent’’ carrément à boire aux clients qu’ils reconnaissent.
Cela prend parfois l’allure d’un vrai harcèlement des noctambules, qui ne se sentent plus en sécurité. Car, parmi ces malades mentaux, il y aurait selon des habitants d’Anono, des vrais fous, des ‘’ faux ’’ fous, en réalité des voleurs, et des victimes de la drogue comme Ismo. La trentaine, il était vendeur de noix de coco dans ‘’pousse pousse’’ à Anono, il n’y a pas longtemps. Il vivait en couple et la drogue l’a rendu fou. Il a abandonné son foyer pour la rue, où il dort, comme les autres fous.
Tous de vrais dangers publics, parmi les noctambules du ‘’ carrefour garage ’’, anciennement des garages autos au début des années 1990, devenu aujourd’hui un véritable ‘’ garage de fous ’’.
Pour éviter le pire, certains espaces de divertissement ont mis en place des dispositifs de sécurité discrets, pour faire barrage aux fous. Mieux vaut prévenir que guérir, dit le proverbe.
Même si des noctambules pensent que la chefferie d’Anono et l’autorité communale devraient pouvoir faire ce qu’il faut, avec l’apport des sapeurs-pompiers, pour éloigner ces fous du “carrefour garage”.
Par Éric Cossa