Trop, c’est trop. À la veille d’une nouvelle échéance électorale cruciale, les femmes de Côte d’Ivoire, issues de l’opposition, du front commun et de la société civile, élèvent leur voix. Elles interpellent la classe politique, les institutions nationales et la communauté internationale afin d’éviter une nouvelle crise qui menacerait l’unité et l’avenir de la Nation. Ces femmes, qui refusent de voir leur pays replonger dans la violence, réclament une élection inclusive et transparente. Leur message est clair : plus jamais de crise électorale, plus jamais de guerre. Nous vous proposons ci-dessous leur déclaration, lue par N’Zi Odette, secrétaire exécutive chargée des femmes du PDCI-RDA et porte-parole des femmes du Front commun.
MESSAGE DES FEMMES DU FRONT COMMUN, DE L’OPPOSITION ET DE LA SOCIÉTÉ CIVILE DE COTE D’IVOIRE
Mesdames et Messieurs les journalistes, chers invités, notre pays, la Côte d’Ivoire est à la croisée des chemins.
En pareilles circonstances, nous, femmes, mères, épouses, sœurs ne saurons davantage restées muettes face à la grave crise électorale qui se profile sous nos yeux.
La Côte d’Ivoire notre beau pays a suffisamment souffert pour encore jouer avec le feu.
Face à cette situation, nous, femmes de Côte d’Ivoire ne pouvons davantage laisser prospérer la destruction de ce pays.
C’est pourquoi, nous venons ce matin le cœur meurtri interpeller toute la classe politique et prendre l’opinion nationale et internationale à témoin.
Nous, femmes de Côte d’Ivoire, élevons nos voix, non par esprit de confrontation, mais par devoir de vérité, de responsabilité et d’amour pour notre pays.
Notre cri est simple et juste : nous voulons la paix, la justice, la démocratie et le respect de la Constitution.
À nos gouvernants
Nous vous rappelons que vous êtes dépositaires d’un mandat qui vous oblige à préserver la cohésion nationale. Gouverner, ce n’est pas diviser, exclure ou imposer par la force. Gouverner, c’est écouter le peuple et respecter les lois fondamentales de la République. Nous vous appelons à organiser des élections inclusives, transparentes et apaisées, condition essentielle pour éviter une nouvelle fracture nationale.
Aux institutions nationales
Nous en appelons à votre indépendance, à votre courage et à votre responsabilité historique. La Côte d’Ivoire ne pourra pas survivre à une nouvelle crise de légitimité électorale. Vous êtes tenues d’appliquer la Constitution et de garantir la neutralité et l’équité du processus électoral. L’histoire retiendra votre silence ou votre engagement.
Aux chancelleries et institutions internationales
Nous sollicitons votre vigilance et votre action concrète. Vous avez le devoir moral et diplomatique d’accompagner notre pays vers des élections crédibles. Nous refusons que la Côte d’Ivoire soit encore le théâtre de violences évitables. Votre rôle est d’empêcher, et non de constater après coup, les drames humains qui ensanglantent nos foyers.
Aux Forces armées et aux forces de sécurité
Nous vous appelons à demeurer républicaines. Vous êtes au service de la Nation et non d’un régime. Souvenez-vous que vos armes ne doivent jamais se retourner contre vos propres frères et sœurs. La mission sacrée de l’armée et de la police est de protéger les citoyens et de garantir la paix, pas de semer la terreur.
Aux chefs des confessions religieuses
Nous vous exhortons à jouer pleinement votre rôle de guides spirituels. La Côte d’Ivoire a besoin de vos voix pour prêcher la paix, l’unité et la réconciliation. Le silence des religieux face à l’injustice est une complicité tacite. Votre responsabilité morale est immense.
À la France
Nous ne pouvons taire votre rôle dans la crise post-électorale de 2010 qui a endeuillé des milliers de familles ivoiriennes. Aujourd’hui, en 2025, les femmes ivoiriennes vous interpellent solennellement : vous avez une occasion historique de vous racheter. Cette fois-ci, la France doit se tenir du côté du peuple, de la justice, de la vérité des urnes et de la paix durable en Côte d’Ivoire. Ne sacrifiez plus nos vies sur l’autel des intérêts géopolitiques.
Notre cri de femmes
Nous, les femmes, qui portons la vie et la paix, affirmons avec force : nous ne voulons plus jamais revivre de crise électorale.
Nous sommes des épouses, des mères, des sœurs, des filles. Nous savons trop bien que, lors de chaque crise, ce sont les familles qui paient le prix fort : si nous ne sommes pas violentées, ce sont nos maris, nos enfants et nos frères qui sont massacrés.
Trop, c’est trop. Ça suffit.
A vous Chères sœurs,
Nous vous appelons à rester sereines, vigilantes et mobilisées.
Restons sereines, car la paix commence dans nos cœurs et dans nos paroles.
Restons vigilantes, car nul ne doit manipuler notre destin ni confisquer notre avenir.
Restons mobilisées, car une seule femme peut être ignorée, mais des millions de femmes unies forment une force irrésistible.
C’est nous qui avons toujours payé le prix des crises, mais c’est aussi nous qui avons le pouvoir de dire : ça suffit ! Plus jamais de guerre en Côte d’Ivoire.
Quand les femmes se lèvent, la nation se relève.
Ensemble, nous disons :
⚘ Oui à des élections inclusives, pacifiques, transparentes et apaisée
⚘ Oui à la paix et à la vraie réconciliation.
⚘ Oui à une Côte d’Ivoire unie et prospère.
QUE DIEU PROTEGE LA CÔTE D’IVOIRE NOTRE BEAU PAYS QUE NUL N’A LE DROIT DE DÉTRUIRE
Fait à Abidjan, le 05 septembre 2025

