Abel Naki (Président-Fondateur du Cri-Panafricain) : « Je crois en la libération prochaine du président Gbagbo »

La Dépêche d’Abidjan : Dans quelles conditions avez-vous sorti ce premier livre ?

Abel Naki : C’est vrai qu’écrire ce livre n’a pas été facile, parce que je ne suis pas écrivain. J’ai essayé d’agencer les idées. Entre préparer les marches et la résistance, il fallait trouver un temps pour coucher tout ceci sur papier. Il fallait se rappeler des dates pour respecter la chronologie des faits. Je me suis donc fait aider par des spécialistes. Et finalement l’ouvrage a été validé par l’éditeur qui est l’Harmattan.

L.D.A : Pourquoi un livre aujourd’hui ?

A.N : Nous menons un combat. Et en temps de résistance, en plus des marches, des mobilisations, des sit-in, des conférences, écrire une œuvre littéraire, c’est un plus. Ce n ‘est pas pour marquer la fin de cette lutte. Mais, donner du punch à la lutte, qui sera sans doute longue. Et c’est justement parce qu’elle sera longue, que nous avons décidé de prendre le temps de matérialiser dans un ouvrage la distance parcouru pour ne pas qu’on l’oublie plus tard. En écrivant aussi, nous voulons défendre une thèse. C’est-à-dire parler des moyens démocratiques que le président Laurent Gbagbo nous a appris. Nous évoquons donc les mobilisations, les manifestations pacifiques qui ont permis aujourd’hui à l’opinion internationale de comprendre qu’effectivement le président Laurent Gbagbo a gagné les élections de novembre 2010. Et qu’il est victime d’un coup d’État , qu’il est victime d’une injustice de la part de la Communauté internationale. Par ailleurs, je défends aussi la thèse selon laquelle les cris que nous avons poussés depuis le 11 avril 2011, ont permis de gagner des batailles. À savoir, que Laurent Gbagbo n’a pas été tué ni au Golf Hôtel, ni à Korhogo et enfin que la CPI même peine à rendre les décisions de l’audience de confirmation des charges. L’autre bataille, c’est de pouvoir laisser des traces aux futures générations, parce que nous avons parcouru un pan de notre histoire. Nous revenons surtout sur tout ce qui s’est passé en 2011 au niveau de la diaspora ivoirienne et africaine. Les générations à venir sauront que la diaspora n’a pas dormi et qu’elle était au cœur de la lutte. On nous apprend dans les livres que ce sont les diasporas arménienne et israélienne, pour ne citer que celles-là, qui ont posé des actes forts pour la libération de leurs peuples respectifs. Et ce sont les fils et filles de ces nations qui eux-mêmes l’ont écrit. La lutte n’est pas terminée, cet ouvrage fait partie des moyens que nous utilisons pour gagner le combat.

L.D.A : Cela dit, croyez-vous en la libération du président Laurent Gbagbo ?

A.N : Nous croyons fondamentalement en la libération prochaine du président Laurent Gbagbo. Et ce livre participera à sa libération prochaine. En ce sens qu’il a remporté la majorité des suffrages lors de l’élection de 2010, en Côte d’Ivoire. Nous décrivons dans ce livre nos mobilisations avec des chiffres, des dates, des lieux symboliques où nous avons manifesté. Cela, l’opinion internationale le sait, mais ne le dit pas, sinon le cache. Souvenez- vous que quand le président Laurent Gbagbo était au pouvoir à Abidjan, il y a eu aussi des mobilisations qui y ont été faites sous la houlette du ministre Charles Blé Goudé. Des millions d’Ivoiriens sont sortis massivement. Toute chose qui révèle que Laurent Gbagbo, contrairement à ce que l’on veut faire croire, a la majorité du peuple ivoirien avec lui. Mais, aucune presse occidentale n’en a fait cas. Juste pour dire au monde entier qu’il n’est pas populaire. Dans ce livre, nous démontrons à l’opinion internationale que celui qu’ils ont emmené à La Haye est majoritaire. La vérité a fini par rattraper la CPI, qui, finalement faute de preuve, peine à confirmer les prétendues charges contre le président Laurent Gbagbo.

L.D.A : Vous parlez par ailleurs, de solidarité entre les Ivoiriens de la diaspora, alors qu’on vous reproche d’être divisés ?

A.N : Ceux qui le disent ont tort. Il est vrai que nous avons quelques petites divergences, mais nous sommes d’accords sur l’essentiel. C’est la libération du président Laurent Gbagbo. La libération de la Côte d’Ivoire et de l’Afrique. Certains veulent organiser une marche devant à la Place du Trocadéro ou à la Place de la Bastille ; d’autres, devant une chaîne de télévision…C’est aussi cela, l’expression de la démocratie, telle que nous l’a inculquée Laurent Gbagbo. Du moment où l’objectif visé est le même, il n’y a pas de problème. Nous ne voulons pas créer de polémique inutile. Il faut juste qu’on mène la lutte.

L.D.A : Lors de la caravane de la liberté, que vous évoquez dans ce livre, vous avez recueilli pas mal de signatures sur des banderoles. A quoi vont-elles servir?

A.N : Il y a eu trois banderoles en fait qui ont recueilli des milliers de signatures. Les deux premières ont servi pour la caravane en France et la troisième pour la caravane aux États-Unis. Pour nous, ce sont des symboles. L’objectif était d’aller au contact des populations d’ici en vue de leur expliquer que le président Gbagbo est victime d’une grande injustice et qu’il doit être libéré. Et donc, quand vous voyez les vidéos de la caravane de la liberté, toutes les signatures qui ont été apposées sur les banderoles sont celles des occidentaux. Et quand ils signent, c’est dire qu’ils sont d’accords avec nous. C’est ce message qu’on a voulu faire passer. Et nous pensons qu’il a été entendu. Aujourd’hui, il y a des sénateurs américains qui sont engagés dans la bataille de la libération du président Laurent Gbagbo. Il y a quelques semaines, ils sont montés au créneau pour interpeller la Procureure Fatou Bensouda. C’est aussi le fruit de nos mobilisations. Parce que toutes ces personnes suivent les médias et les réseaux sociaux. Ils se sont rendus compte que cette dame n’est pas capable de trouver des preuves contre le président Laurent Gbagbo. Toute lutte ayant une fin, quand celle-ci prendra fin, ces banderoles à l’instar d’autres symboles de notre lutte nous permettront de mettre en place un musée de la résistance par exemple, pour instruire les générations à venir.

L.D.A : On sait que vous associez les médias occidentaux à toutes vos manifestations comme vous le soulignez d’ailleurs dans cet ouvrage. Alors qu’est-ce qui explique ce mutisme dont-ils font preuve chaque fois après leur différent reportage?

A.N: Comme vous le dites bien la presse occidentale et particulièrement celle de l’Hexagone est systématiquement invitée à toutes les manifestations que nous initions en France et ailleurs dans le monde. Nous leur adressons un courrier d’invitation en bonne et due forme selon les délais requis par leur rédaction respective. Mais, il y a une sorte de black-out qui ne dit pas son nom sur tout ce que nous organisons dans le sens de la résistance et de la libération du président Laurent Gbagbo. Mais, finalement, il faut reconnaître que les médias occidentaux, contrairement à ce qui est dit sont aux ordres de leurs États respectifs. Sinon, ces médias dont vous parlez ont effectivement participé à toutes nos mobilisations. Mais à la vérité, qu’est-ce qu’ils font des informations et des images qu’ils recueillent sur place ? Qu’est-ce qu’ils préparent derrière ? Parce que nous n’excluons pas le fait qu’ils peuvent exploiter et les informations et les images qu’ils prennent lors de nos manifestations, à d’autres fins, en les sortant de leur vrai contexte. Car nous savons le rôle que ces médias ont joué dans la crise ivoirienne qui a abouti au coup d’État militaire contre le président Gbagbo (ndlr : 2002-2011). Néanmoins, toujours est-il que nous n’arrêterons pas de les inviter tant qu’il y aura des mobilisations et autres manifestations à organiser.
C’est pourquoi, nous disons aussi que ce livre répond à un souci de devoir, laisser les traces vraies de notre histoire telle que nous l’avons vécue. Et non, telle que veulent la présenter les autres, en travestissant les faits.

L.D.A : Pourquoi le Cri-Panafricain est-il devenu un parti politique ?

A.N : Le Cri-Panafricain était un mouvement apolitique populaire. Mais avec le temps, on a jugé bon d’en faire un mouvement politique. Vu que toutes les initiatives que nous engageons ont un intérêt politique. C’est donc pour participer pleinement à la vie politique de notre pays et de notre continent.

L.D.A : À quoi répond la création ce mouvement politique, quand on sait que Laurent Gbagbo en qui vous vous reconnaissez appartient déjà à une famille politique, notamment le FPI ?

A.N: Ce n’est pas un désaveux, quand on sait que Laurent Gbagbo lui-même est le père du multipartisme. C’est lui qui a lutté pendant trente ans pour qu’il y ai plusieurs sons de cloche en Côte d’Ivoire. C’est plutôt dans la vision du président Laurent Gbagbo, pour ne pas qu’il y ai une pensée unique, qui pourrait nous conduire à la dérive. Pour que toutes les idées se retrouvent pour enrichir la lutte.

L.D.A : Comment le Cri-Panafricain prépare-t-il la commémoration du 11 avril ?

A.N : Sur ma page facebook nous annonçons pour le 12 avril prochain une grande mobilisation à Paris. C’est un appel que nous lançons en chœur avec tous les mouvements de la résistance panafricaine, à Paris. Pourquoi Paris? Parce que, nous disons que c’est la France qui a bombardé le palais présidentiel, qui a fait la guerre à la Côte d’Ivoire et qui détient Laurent Gbagbo. Donc nous voulons faire cette mobilisation ici pour montrer une fois de plus que le président Laurent Gbagbo est toujours soutenu par son peuple. Nous voulons donc interpeller la CPI et l’opinion internationale en leur disant que le président ne doit pas être là où il est. Nous voulons leur dire une fois de plus que le président Gbagbo n’est pas coupable. Par conséquent, la CPI doit le libérer. À côté de cela nous prévoyons une tournée de sensibilisation et de mobilisation et aussi de dédicace de ce livre, en prélude à cette grande marche. Nous invitons donc tous les Ivoiriens ainsi que tous les Africains et tous ceux qui sont épris de justice, de liberté et de paix, à prendre part massivement à cette grande journée de mobilisation.

L.D.A : Comment avez-vous vécu particulièrement ces folles rumeurs sur la santé d’Alassane Dramane Ouattara ?

A.N : Pour ce qui me concerne , je ne me fie jamais aux rumeurs. Et je crois-même que nous ne devons pas nous éloigner de l’essentiel, à savoir la lutte pour la libération du président Laurent Gbagbo. Nous devons consacrer nos énergies à trouver des stratégies pour que la vérité sur la victoire du président Laurent Gbagbo soit rétablie à travers le monde. C’est cela le plus important.

Interview réalisée par Benson Sérikpa

Sun, 09 Mar 2014 19:43:00 +0100

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