Assassinat de Robert Guei – Les versions contradictoires de Mabri et de Ange Kessy

Un véritable mystère que celui qui s’est créé autour de la mort du général Robert Guei. Et depuis, les supputations vont bon train. Au point que l’on s’interroge sur la véracité de certaines révélations que de prétendus sachants sortent de leur gibecière de manière subite. Voilà que pour un seul cadavre, l’on se retrouve avec plusieurs versions, de quoi susciter le flou dans les esprits après dix années. Sous peu, s’ouvrira le procès relatif à l’assassinat du général Robert Guei. Et les Ivoiriens ont sans doute soif d’être éclairés sur la question. Si l’on s’en tient aux dires du procureur militaire Ange Bernard Kessy, habitué aux one-man-show et à la justice vuvuzela, il n’y a plus aucun doute sur l’auteur ou encore les auteurs de cet assassinat. En effet, d’après des aveux qui auraient été arrachés au commandant Anselme Seka Yapo, c’est lui qui a ôté la vie au président fondateur de l’Udpci et sa femme. «Quand il (Séka Séka) est arrivé sur les lieux de l’arrestation, Anselme Séka a demandé à Dogbo Blé de lui remettre le général Guei, ce qui fut fait», a affirmé Ange Kessy. «Séka a ensuite conduit le général Guéï vers la corniche (une des rues de Cocody, commune huppée d’Abidjan), l’a exécuté et a abandonné son corps sur les lieux. De retour à la résidence, il trouve son épouse assise au bord d’un caniveau tout près” du domicile et “sans autre forme de procès, il dégaine, tire et loge une balle dans la tête de dame Doudou Guéï qu’il tue sur le champ”, a prétendu le procureur militaire. Soit ! Mais ce qui intrigue, c’est que le 19 septembre dernier, au moment de la commémoration, Albert Mabri Toikeusse qui dirige aujourd’hui le parti a soutenu mordicus que le général a été enlevé puis conduit à la résidence présidentielle d’alors où ordre a été donné de l’éliminer. Une version qui s’ajoute à celle qu’aurait prétendument donné le principal accusé.
Deux versions qui viennent ainsi se chevaucher pour une même affaire. Il y a lieu de s’interroger sur l’authenticité de tels aveux quand on connait les pratiques du régime en la matière pour obtenir des prisonniers ce dont ils ont besoin pour l’intox. L’on en veut pour preuve la torture dont a fait l’objet le président Laurent Gbagbo alors qu’il était en détention à Korhogo. Les cas sont légion. Tout porte à croire, au vu de ce qu’a relaté le procureur du gouvernement, que ces aveux ont été obtenus bien évidemment après lui avoir fait subir des sévices de sorte à lui tirer les vers du nez. Sinon qu’est ce qui explique depuis son arrestation, le lieu de détention du capitaine soit tenu secret ? Et comme si cela ne suffisait pas, depuis lors, son avocat n’a jamais eu accès à lui alors que c’est le droit le plus absolu de toutes les personnes entendues ou inculpées dans n’importe quelle affaire. Ce procès, avant même sa tenue, pue la justice des vainqueurs à laquelle nous a habitué le régime Ouattara. Sans même être médium ou voyant, l’on n’a aucun doute sur la peine qui sera prononcée vu que le décor a été planté par le commissaire du gouvernement lui-même au cours d’une conférence de presse.

Gérard Koné in Le Nouveau Courrier

Thu, 04 Oct 2012 00:42:00 +0200

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