Burkina Faso : le ver est déjà dans le fruit, arrêtons de pisser dans des violons

Voilà assurément une lettre à graver en lettres d’or dans notre mémoire historique pour attester un jour, à Dieu ne plaise, aux générations futures, que le pouvoir burkinabé, bien que prévenu contre, aura préféré, face à biens de défis globaux, plutôt que de les traiter avec anticipation responsable , opter de les jouer à la roulette Russe, compromettant ainsi l’avenir du pays !! Rebondissant sur les propos du diplomate Bigot, Mr kambou a, à travers une lettre adressée au ministre des affaires étrangères, fait en effet, d’une part certaines révélations qui viennent accréditer de façon pertinente les dénonciations (blessantes, certes, mais malheureusement tout à fait véridiques) du « Mr Afrique de l’ouest en second du quai d’orsay » , et suggère, d’autre part, des préconisations dont la plus importante se ramène à l’impératif du sursaut réparateur du pouvoir.
Prolongeons le débat continué de Mr Kambou en le focalisant sur deux points en particulier : La menace terroriste et les défenses à ériger pour y faire face.
Sur le premier point, des révélations d’importance, à nous donner froid dans le dos, sont faites, dans un style épistolaire, à vous saper le moral pour de bon.
Nous avions déjà, à maintes et maintes reprises, tiré la sonnette d’alarme, ici même, sur San Finna, au sujet de menaces djihadistes montantes dans notre pays, quitte à passer pour des aboyeurs de cirque . Des acteurs politiques, guidés par le même souci de prévention, inquiets pour l’avenir de leur pays, en on appelé, par voies de conférences de presse, de sensibilisations diplomatiques, et ce, avant l’éclatement même de cette satanée crise Malienne, à privilégier coûte que coûte les questions liées à la sécurité collective pour ne pas bâtir notre démocratie sur du sable.
Des spécialistes internationalement reconnus, comme le colonel en retraite de l’UNDD, le parti de l’opposant maître Hermann Yaméogo, n’ont pas manqué d’illustrer leurs mises en garde par des cas documentés et circonstanciés. Mais, Il faut reconnaître cependant que l’électrochoc en la matière devrait venir de cette lettre de Monsieur Bambou à Djibril Bassolet . Avec lui, la preuve est rapportée que le ver est malheureusement déjà dans le fruit !!! A ce stade, on peut mettre en cause les graves carences du pouvoir et aller même jusqu’à le suspecter de complicité pour non assistance aggravée à son peuple en grand danger.
Le pouvoir a pêché par manque d’anticipation, d’information, de tropismes divers, en surestimant en particulier ses capacités à réussir des médiations ..
Ce n’est pourtant pas faute d’avoir été conseillé préventivement!! Dans la question de la menace terroriste au Faso, il Y aura à présent un avant kambou et,. un après bambou. Maintenant que l’on sait que la gangrène ronge petit à petit mais sûrement, que faire ?
Si nous accusons, c’est bien vrai, du retard, il n’y a pourtant pas d’autres choix que de réagir, eu égard aux fractures encourues. Le maitre d’oeuvre de cette reprise en main reste, certes, le pouvoir, mais les responsables politiques, ceux de la société civile, comme les burkinabé lambda, doivent absolument adopter dès à présent une stratégie prioritaire collective, et inclusive, de traitement du péril, pour avoir quelques petites chances d’en sortir victorieux !!!
Les Maliens, enfermés dans leurs luttes pour la conquête du pouvoir, n’ont pas su mesurer à sa juste valeur les facteurs de désintégration portés par les mouvements terroristes et mafieux implantés au nord. de grâce, ne reproduisons » surtout » pas la même erreur. Le patriotisme, dont chacun d’entre nous se déclare pétri, doit trouver aujourd’hui à s’exprimer dans un véritable sursaut national qui place au centre de l’urgence nationale la sécurité collective comme ciment de la démocratie, de la nouvelle gouvernance responsabilisée à laquelle nous aspirons tous.

Victory Toussaint in SAN FINNA

Lettre à M. le Ministre des Affaires étrangères du Burkina Faso
Monsieur le ministre,
C’est avec stupeur et indignation que nous avons tous, ou presque, pris connaissance du diagnostic du diplomate français Laurent Bigot concernant notre pays le Burkina Faso. Son diagnostic : « Il y a des pays qui sont exactement dans la même situation que le Mali. Je pense que le Burkina Faso est un bon exemple. Il pourrait être le prochain sur la liste. Ça n’a pas passé loin, il y a un an. Ça peut tout à fait se reproduire. Il n’y a pas d’armée, pas de classe politique ; une société civile plus ou moins organisée et surtout une économie en coupe réglée par le camp présidentiel, une corruption qui dépasse l’entendement, une implication dans des trafics de la sous région jusqu’au proche entourage du Président (.) ». Pour un diplomate, il semble avoir « foutu » son doigt trop loin n’est-ce pas ?
Vous avez donc, par écrit, adressé votre lettre d’indignation et de condamnation de ce diagnostic peu glorieux pour le Burkina Faso. En résumé vous avez dit ceci : « Certes, le Burkina Faso a connu, au cours du premier semestre de l’année 2011, une crise sociopolitique sans précédent qui a été plus qu’éprouvante pour l’ensemble des Burkinabè. Mais, loin d’avoir entraîné l’effondrement de la société et des institutions républicaines, cette crise a, au contraire, permis à notre pays de valoriser ses mécanismes traditionnels et modernes de règlement des conflits, et de se remettre en cause pour aller de l’avant dans la recherche d’un progrès social et économique partagé. L’affirmation selon laquelle le Burkina n’a ni armée, ni classe politique, en plus d’être injurieuse, est tout simplement le signe que Monsieur Bigot ignore tout de notre pays. Et pour un diplomate de carrière, de surcroît en charge de la sous région ouest africaine au Ministère des Affaires Etrangères de son pays, une telle analyse est bien regrettable. Sur la question de « l’économie en coupe réglée », nous rappelons que le Burkina Faso a une économie de type libéral et qu’aucune autorisation d’exercer ou de soumissionner à un marché ne dépend de l’appartenance du demandeur à un « clan » quelconque. Laurent Bigot parle aussi d’une « corruption qui dépasse l’entendement ». On voit bien qu’il ne connaît la société burkinabè que sous le prisme de certains écrits. Certes, la corruption existe au Burkina comme dans tous les pays du monde. Mais, elle est loin d’atteindre les cimes qu’il prétend dénoncer. »
Monsieur le ministre,
Comme vous, la pilule a eu du mal à passer dans notre gorge patriotique. Pourtant, l’indignation passée, les petits faits et gestes ont continué à chantonner la réalité. Votre lettre à M. Bigot a été publiée le 20 juillet 2012 sur lefaso.net. Cinq jours plus tard, le gouvernement auquel vous appartenez décide :
« I.2. Au titre du ministère de l’économie et des finances, le conseil a adopté un rapport relatif à la passation d’un marché pour les travaux de construction et de bitumage du tronçon de la Route départementale (RD) 40 entre Ziniaré et Zitenga. Au terme des délibérations, le conseil a marqué son accord pour l’attribution du marché au Groupement d’entreprises KANAZOE FRERES/GLOBEX CONSTRUCTION/EKS SA pour un montant de quatre milliards neuf cent quatre vingt dix neuf millions huit cent cinquante quatre mille cent vingt trois (4 999 854 123) F CFA TTC, avec un délai d’exécution de huit (08) mois. » Sans explication aucune. Quelle est sa distance ? Pourquoi elle, pendant que des routes nationales économiquement plus viables n’ont pas de bitume ? Quel est l’intérêt économique de cette voie pour le budget national ? Aucune réponse aux nombreuses questions du peuple.
Ce jeudi matin j’ai appelé un ami qui réside à Ziniaré pour lui poser deux questions : quelle est la distance entre Ziniaré et Zitenga ? Qu’est-ce qu’on peut trouver d’intéressant à Zitenga ?
Ses réponses : « Zitenga est une commune rurale située à 18km de Ziniaré. On n’y trouve rien d’intéressant si ce n’est des oufs et du charbon ; sinon c’est sec. »
Ziniaré c’est chez le président Blaise Compaoré. Zitenga, là habite l’autre. Membre du clan. Monsieur le ministre, puisque vous n’approuvez pas les propos de Bigot selon lesquels l’économie de notre pays est en coupe réglée par le camp présidentiel, une corruption qui dépasse l’entendement., comment comprendre que tout un quartier en pleine ville de Ouagadougou soit obligée de respirer depuis des années, les odeurs nauséabondes et certainement toxiques de l’usine Tan Aliz sans être rappelée au respect des règles élémentaires de santé publique ? Cela ne sent- il pas le roussi du népotisme ambiant ? Mais comme les habitants de ce quartier ne disent et ne font rien contre cette situation, moi aussi je ne m’attarderai pas là-dessus.
– « Non hein monsieur ! Nous avons protesté en son temps et on a envoyé la CRS nous mater. », me répond l’écho d’une voie lointaine à peine audible.
Monsieur le ministre des affaires étrangères de mon pays,
La dernière raison qui m’a convaincu que Laurent Bigot n’a pas si tort que ça, je l’ai lue hier sur lefaso.net : « communauté des « pieds nus » de Bobo-Dioulasso : les soldats de l’islam débarquent sur la « base bilal ». J’ai frissonné tout le long de la lecture de cet article révélateur de la réalité. Les démons sont dans mon pays, confortablement installés dans la capitale économique. Bobo-Dioulasso.
Morceaux choisi : « Installés en 2008 dans un hameau de culture discret dénommé « Base Bilal » située à quelques encablures de Bobo-Dioulasso, les « pieds nus » assument leur appartenance à un courant islamique radical, prônant une application stricte de la « charia » (loi islamique) en vigueur depuis 2011 sur leur base. A l’intérieur, à côté du Minbar (tribune de prêche de l’imam), sont placés deux gros fouets et un glaive destiné, nous l’avons appris plus tard, à la correction de tous les contrevenants à la loi islamique. Documents à l’appui, le vieux barbu explique que les Pieds nus « sont une composante singulière du mouve
ment islamique qui s’identifie à l’application stricte du glorieux Coran et la Sunnah (la tradition musulmane, seconde source de la loi islamique avec le Coran) du prophète ». Sans autre protection qu’une pièce de cotonnade, leurs enfants ne savent pas encore qu’ils ne disposent pas d’acte de naissance et risquent même d’avoir les mains coupées un jour avec l’application de la charia, s’ils venaient à commettre un larcin. En effet, la communauté des « Pieds nus » se considère comme étant des Mouharidjirounes, c’est-à-dire « les soldats de l’islam » comme au temps du Prophète Mohamed. Ils ont pour mission de parcourir le monde avec le drapeau de l’islam, le Coran, le fouet et le glaive pour installer des bases, préparer le monde à l’application stricte de la charia, la seule condition de l’avènement d’un monde de paix.Les occupants de la Base Bilal sont venus, soit du Mali voisin, de la province du Kénédougou, de la Comoé et se sont tous rencontrés dans le cadre de leur nouvelle religion. Ils précisent par ailleurs que des groupes de « pieds nus » sont installés dans la commune de N’Dorola, à Soungalodaga (un hameau de culture situé dans le futur lit du barrage de Samendéni), très récemment à Ouagadougou dans des bases secondaires et à Tombouctou au Mali où réside le guide spirituel des « pieds nus », Cheick Ibrahim Khalil Kanouté. A propos de l’actualité dans le Nord du Mali, les « Pieds nus » du Burkina rejettent toute responsabilité mais jugent « normaux » les actes de destruction des islamistes « avec qui nous partageons les mêmes objectifs ». Il rappelle au passage que la charia a déjà été appliquée au Burkina Faso en 2011 sur une des bases des « pieds nus » à Samagan, le village qui avait abrité leur rencontre bisannuelle. L’émir d’une base a été flagellé publiquement un vendredi, de 80 coups de fouets pour avoir diffamé la secte. Ceux de la « Base Bilal » ont à leurs côtés, des enfants de 8 à 10 ans. Sans d’autres projets en tête, ces tout-petits ont déjà le discours de l’apocalypse. Rodés, ils tentent déjà avec une agressivité insoupçonnée, de convaincre le visiteur sur la vanité de la vie matérielle et le prix à payer : l’enfer. »
Monsieur le ministre,
Je sais que la vérité est dure à accepter, mais elle est là ! Il va falloir l’affronter. Qui l’eut cru ? Maintenant le monde entier sait. Oui, après le Mali les démons de la destruction se sont installés au cour du Burkina Faso. Vos services secrets de renseignements ne les ont-ils pas vus ? Qu’avez- vous fait ?
S’il est vrai que nous sommes dans une République dont la loi de base et de référence est la Constitution, comment comprendre que dans cette même République, une loi autre que la Constitution soit appliquée ? La Constitution garantit à chaque enfant burkinabè, le droit à l’éducation ; alors, ces enfants de 8 à 10 ans qui sont séquestrés par les fous de dieu, à qui il est enseigné la haine et les mécanismes de destruction massive, ces enfants sont-ils sous la loi burkinabè ou plutôt sous celles de « l’autre Etat » dans notre Etat ? Déjà les rangs de ces fous ont commencé à grossir avec l’arrivée de ceux du Mali et prochainement du Nigéria, et pourquoi pas au-delà des frontières africaines ? Y a- t- il plus grande menace pour la stabilité d’un Etat que celle- là ?
Mais Laurent Bigot peut toujours avoir tort, si, toute diplomatie mise à part, vous acceptez ouvrir courageusement les yeux pour voir la réalité, l’affronter pour l’anéantir efficacement et rapidement avant qu’elle ne prenne des proportions incontrôlables. Je ne doute pas de votre grand amour pour ce pays, monsieur le ministre. Soyez rassuré aussi du mien. C’est pour son bien- être que nous travaillons tous, chacun à sa manière par son métier. Le mien est peut- être « insolent », « ingrat », plein de risques, mais je l’assume. Fièrement.

Patriotiquement Votre,

Gabriel Kambou

Wed, 22 Aug 2012 21:16:00 +0200

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