avril 2, 2023

Côte d’Ivoire : Les ex-Fds humiliés pour avoir défendu la République

Recevant récemment les grands commandements des Frci, au palais présidentiel, le chef de l’Etat, Alassane Dramane Ouattara, a indiqué qu’il veut une armée qui soit un puissant moyen de cohésion nationale. Et pourtant, les actes qu’il pose à l’endroit des ex-Fds ne sont pas de nature à instaurer la cohésion entre eux et leurs frères d’armes des ex-Fafn. Le chef de l’Etat, Alassane Dramane Ouattara, a reçu, le jeudi 21 juillet dernier, au palais de la Présidence au Plateau, toutes les composantes de la nouvelle armée ivoirienne, dénommée désormais Frci. Entendez, Forces républicaines de Côte d’Ivoire. Cette armée est composée majoritairement des ex-rebelles des Forces nouvelles (ex-Fafn), la branche armée de l’ex-rébellion et les ex-Forces de Défense et de Sécurité (FDS). Au cours de cette rencontre, M. Ouattara a indiqué qu’il veut une armée qui soit un « puissant moyen de cohésion en servant d’école pratique de civisme, de tolérance, de transparence et d’initiation à la citoyenneté et à l’intégration nationale ».

Mais comment l’armée peut-elle être un facteur de cohésion nationale, si en son sein, il n’y a pas de cohésion ? Comment cela peut-il être possible si les ex-FDS et les ex-Fafn se regardent avec méfiance ? Or, c’est malheureusement, la situation à laquelle conduit les actes que pose le chef de l’Etat dans la mise en place de la nouvelle armée. D’un côté, il humilie les ex-Fds, et de l’autre, il adule les ex-Fafn. La première décision humiliante prise par Alassane Dramane Ouattara est celle qui consiste à payer les hommes en armes, main à main. C’est la première fois, dans l’histoire de la Côte d’Ivoire, que des fonctionnaires sont payés comme de simples ouvriers contractuels. Pour percevoir leur salaire, les hommes en armes doivent se mettre en rang avec de longues files, où ils passent, quelque fois, 2, 3, 4, voire 5 jours avant d’être reçus. C’est proprement humiliant. Et puis, au camp de la Gendarmerie à Agban où nous avons passé une journée pour suivre le paiement des salaires des gendarmes, seulement 50 personnes sont reçues par jour. Conséquence, le paiement des salaires peut durer jusqu’au 25 du mois en cours. Pendant ce temps, le travail est arrêté. C’est ce qui se passe depuis l’avènement de Ouattara au pouvoir. Les ex-FDS ne travaillent pas parce que leurs lieux de travail sont occupés par les ex-rebelles des Fafn. Ces derniers sont, par conséquent, à la fois militaires, gendarmes, policiers, agents des Eaux et forêts, douaniers etc. Et pourtant, ils n’en ont aucune formation. On a dit que cette mesure vise à contrôler la présence des ex-Fds sur leur lieu de travail. Cet argument est fallacieux. Bien au contraire, cette situation favorise l’absentéisme. Parce qu’on ne va pas sanctionner quelqu’un qui doit attendre 5 jours pour percevoir son salaire. Et pourtant, pendant ce temps, son poste est vaquant.

La deuxième décision prise par le chef de l’Etat et qui n’est pas de nature à favoriser la cohésion au sein de la nouvelle armée est relative aux nominations aux hauts postes de commandement. La quasi-totalité des postes de commandement ont été confiés à des chefs de l’ex-rébellion. Cela donne le sentiment aux ex-rebelles des Fafn d’avoir gagné la guerre et donc, pour eux, les ex-Fds devraient dégager pour leur faire la place. Conséquence, les ex-rebelles méprisent les ex-fds, les frustrent et les humilient au sein des unités. L’exemple le plus édifiant est ce qui s’est passé, il y a un mois, à Duékoué. Le Commandant de brigade de la Gendarmerie de cette localité a mis à la fourrière, le véhicule d’un transporteur qui n’avait aucune pièce. Ce transporteur a saisi aussitôt le commandant local des Frci. Celui-ci a débarqué avec ses hommes à la brigade, a embarqué le Commandant de la brigade de Gendarmerie et l’a mis en prison, dans son camp, sans autre forme de procès. Les actes de cette nature ne peuvent pas favoriser la cohésion entre frères d’armes. C’est le lieu de rappeler que les ex-fds n’ont pas perdu la guerre face aux ex-rebelles. Ils ont perdu la guerre face à l’armée française dont la force spéciale à renversé le Président Laurent Gbagbo, le 11 avril 2011. Le troisième acte du chef de l’Etat posé au détriment des ex-Fds, c’est la suppression des 50 mille fcfa que le président Gbagbo leur avait octroyés pour les galvaniser dans leur mission de défense de la République. Pour justifier cette décision injuste, le ministre délégué auprès du ministre de la défense, Paul Koffi Koffi, a dit qu’il n’est pas juste dans la même armée, qu’un groupe ( les Ex-Fds) bénéficie d’une prime de 50 mille fcfa, quand, l’autre groupe (Ex-Fafn) n’en bénéficie pas. Il s’agissait donc de rétablir la justice. Si le souci du chef de l’Etat, Alassane Dramane Ouattara, est effectivement de rétablir la justice, pourquoi n’a-t-il pas fait le mouvement contraire. C’est-à-dire accorder aussi les 50mille fcfa aux ex-Fafn au lieu de supprimer aux ex-Fds, un droit acquis.

Le dernier acte de Ouattara qui est de loin, le plus frustrant pour les ex-Fds, est la reconnaissance des grades que les ex-rebelles précédemment éléments des Fds se sont attribués illégalement. Alors que leurs frères d’armes de la même promotion, qui sont restés fidèles à la République sont restés soit Sergents-chefs, soit Lieutenant. Alassane Dramane Ouattara qui se dit animé par le souci d’équité et de justice, aurait dû harmoniser les grades des ex-Fds avec ceux de leurs promotionnaires des ex-Fafn. En réalité, les actes d’Alassane Dramane Ouattara sont aux antipodes de son discours. Il a décidé d’humilier les ex-Fds pour avoir défendu la république contre les ex-rebelles qui ont agressé le pays en septembre 2002.

En effet, l’attaque de la nuit du 18 au 19 septembre 2002 avait été condamnée par toute la classe politique dont Alassane Dramane Ouattara, président du RDR. Il avait même déclaré être opposé aux coups d’Etat. Il avait salué la promptitude de la réaction de l’armée ivoirienne. Cela veut dire que toute la classe politique y compris le président du RDR étaient unanimes à reconnaitre que l’armée défendait la Nation. C’est pourquoi, lors des premières négociations de Lomé, la délégation gouvernementale était composée par tous les partis politiques qui participaient au gouvernement en ce moment-là. Y compris, rappelons-le avec insistance, le RDR d’Alassane Dramane Ouattara. Ce parti était représenté par le ministre Zémogo Fofana. C’est cette guerre contre la rébellion armée qui a durée 9 ans pour s’achever par le coup d’Etat de la France, 11 avril 2011. Le chef de l’Etat, Alassane Dramane Ouattara, reproche aux ex-Fds de ne s’être pas mise à sa disposition aussitôt qu’il a été déclaré vainqueur du 2ème tour de l’élection présidentielle par Youssouf Bakayoko, président de la Cei. Alors que le Conseil Constitutionnel déclarait plutôt le président Gbagbo, réélu.

Là aussi, les ex-Fds n’ont pas commis de fautes en soutenir le pouvoir Gbagbo. Car leur position était conforme à la volonté des lois ivoiriennes, notamment à la constitution. Celle-ci indique que c’est le Conseil Constitutionnel qui est le seul juge de l’élection présidentielle. En restant donc fidèles au Président Gbagbo, les ex-Fds sont restés fidèles à la République légale et légitime. A preuve, dès que Ouattara a prêté serment devant le Conseil Constitutionnel qui s’est dédit après le renversement de Gbagbo par l’armée française, l’armée s’est aussitôt mise à sa disposition. Donc, si faute il y a, elle n’incombe pas aux ex-Fds. Elle incombe plutôt au Conseil Constitutionnel qui a proclamé deux vainqueurs pour la même élection présidentielle. C’est pourquoi Alassane Dramane Ouattara qui, en sa qualité de chef de l’Etat, est aujourd’hui le « père » de l’ensemble des ivoiriens devrait se mettre au dessus de la mêlée pour se montrer concilient envers les ex-FDS au lieu de les marginaliser.

Boga Sivori in Notre voie

Sat, 30 Jul 2011 00:31:00 +0200

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