Crise ivoirienne / Visite du président sénégalais en Côte d’Ivoire : Les partis politiques jugent la proposition de Wade

1- Kouablan François, secrétaire général du PIT :« Le Président de la République et le Premier ministre doivent prendre l’initiative de réunir tous les acteurs politiques »

« Je pense que si les gens étaient sincères, ils devraient titrer sur les journaux, que le PIT avait raison. Des points très clairs ont été soulevés par les uns et les autres, notamment la réunification de la Côte d’Ivoire, le désarmement, l’établissement de la liste électorale, qui sont des préalables pour aller aux élections. Ce sont autant de questions que nous devons régler entre nous. Mais, j’ai eu honte de voir les acteurs politiques ivoiriens aller raconter notre vie au président Wade, qui a ses propres problèmes, tout comme le président Blaise Compaoré. Nous sommes catégoriques au PIT et nous disons que tant que nous ne nous asseyons pas entre nous pour discuter et trouver des solutions aux problèmes, il nous sera difficile de sortir de la crise. Me Abdoulaye Wade rejoint le PIT, je pense qu’il est temps que les Ivoiriens le comprennent aussi. Le Président de la République et le Premier ministre doivent prendre l’initiative de réunir tous les acteurs politiques pour que nous puissions nous concerter. Le nouveau président de la CEI a pris fonction, mais il ne peut même pas travailler parce que quand il aborde une question, on soulève encore d’autres problèmes. Le chef de l’Etat et le Premier ministre doivent se servir de cela comme prétexte pour organiser une concertation entre les acteurs politiques, sans laquelle et nous en sommes convaincus, il n’y aura pas d’élections en Côte d’Ivoire ».

2- Alassane Salif N’diaye, secrétaire général de l’UDPCI:

«C’est le Président Compaoré qui doit endosser cette proposition»

« La visite de travail du président Wade a débouché sur une proposition essentielle, celle de voir les acteurs de la vie politique ivoirienne se rencontrer à la faveur d’une table ronde. Or, nous sommes dans l’exécution de l’Accord politique de Ouagadougou. Or, nous savons que le facilitateur, commis par la CEDEAO, par l’Union africaine et même par l’ONU, se trouve être le Président du Burkina Faso. En ce qui concerne l’UDPCI, nous pensons que c’est le président Compaoré qui, au stade actuel de l’évolution du processus de sortie de crise, doit endosser éventuellement cette proposition. Auquel cas et parce que nous sommes dans l’APO, nous pensons que nous répondrons favorablement. Dans le cas contraire et parce que nous ne souhaitons pas voir une médiation parallèle, une médiation supplémentaire, toute chose qui va entraîner encore le report des élections, nous aviserons si effectivement la mission du Président Wade que nous respectons, était en fait une médiation bis qui ne dit pas son nom ».

3- Ouattara Gnonzié, secrétaire général du RPP :« Les conseils de Wade ne sont pas tombés dans les oreilles de sourds»

« Je pense que tous les Ivoiriens, qu’ils soient au pouvoir ou de simples citoyens, sont aujourd’hui fatigués des déplacements à l’étranger pour régler nos problèmes. Je suppose que les conseils du président Wade ne sont pas tombés dans les oreilles de sourds et que les uns et les autres feront l’effort qu’il faut, pour que les Ivoiriens puissent sortir de cette situation dans laquelle ils vivent depuis bientôt huit ans. Les Ivoiriens ont toujours souhaité qu’on puisse régler nos problèmes par nous-mêmes, mais malheureusement beaucoup le disent mais ils ne font pas ce qu’ils disent et c’est ce qui est regrettable. Le RPP est dirigé par un homme de dialogue, un grand disciple du président Houphouët-Boigny, pour qui le dialogue était l’un des piliers de son idéologie politique. Le RPP ne s’est pas encore réuni pour examiner la proposition du président Wade. Nous connaissons notre président, Laurent Dona Fologo, qui est d’ailleurs un grand ami du président Wade et du Sénégal, mais je ne pense pas que le président Fologo le pense moins ».

4- Jean Jacques Béchio, président de l’ANCI :«Si les Ivoiriens n’ont pas compris que le linge sale se lave en famille, c’est triste»

« Nous donnerons notre avis, mais pour le moment on observe, parce qu’il n’y a rien de nouveau. Si les Ivoiriens n’ont pas encore compris que le linge sale se lave en famille et qu’ils attendent qu’on vienne de l’étranger pour le leur dire, c’est triste ».

5- Gbaï Tagro Robert, président du PRCI : «Nous n’avons pas la personne idoine capable de nous faire asseoir pour discuter»

« Il faut que nous comprenions, nous Ivoiriens, qu’il n’y a pas une personnalité neutre, impartiale et écoutée de tous, parce tout le monde est trempé en politique en Côte d’Ivoire. Finalement, il n’y a pas de personnalité qui se dégage et qui est capable de rassembler tout le monde pour qu’on discute. Les conseils de Wade sont des conseils de sage, mais malheureusement, nous n’avons pas de personne idoine capable pour nous faire asseoir pour discuter et trouver les solutions à nos problèmes. Au lieu de dire les choses qu’il faut, la classe politique ivoirienne dit des choses qu’il ne faut pas. Aujourd’hui, c’est la CEI qui est chargée d’organiser les élections en Côte d’Ivoire, mais on laisse cette institution et on dit que c’est Gbagbo qui bloque les élections. Cette passion négative fait que la Côte d’Ivoire est toujours en danger. C’est pourquoi, il faut que les hommes politiques arrivent à mettre la logique et la morale dans l’action politique ».

6- Légré Philippe, secrétaire général du MFA : «On ne peut pas jeter la pierre à Wade»

« Un homme qui vient pour demander aux Ivoiriens de se parler, de s’entendre et de trouver les voies et moyens d’aller aux élections, cet homme là, on ne peut pas lui jeter la pierre. On ne peut que lui dire merci. Seulement on ne pouvait pas accepter qu’il y ait changement de médiateur. La médiation avec l’Accord politique de Ouagadougou (APO) a permis de faire des progrès significatifs. Le travail de l’identification a été fait à 95 %. Aussi le fait de maintenir l’Apo et de ne pas changer de médiateur me réjouit. Nous devons donc encourager le Premier ministre à aller de l’avant, à s’armer de courage. Le but n’est pas loin et je pense qu’il réussira sa mission ».

7- Gilbert Koné Kafana, Secrétaire général adjoint du RDR:

« On n’avait pas besoin de faire venir Wade »

« C’est la volonté qui manque et non l’absence de dialogue. Il y a des cadres qui existent comme le gouvernement, la CEI et le Cadre permanent de concertation (CPC). Il n’y a rien d’autre que le manque de volonté et cela parait évident. C’est celui qui bloque le processus qui le fait redémarrer quand il veut ! On n’avait pas besoin de faire venir Wade pour relancer le processus. Tout cela fait partie des diversions pour gagner du temps. Au moment où on doit passer à une étape sérieuse, on nous dit qu’on a un étranger à recevoir. Quand l’étranger s’en va on trouve autre chose pour tourner en rond. Si Compaoré avait à dire quelque chose qui lui posait problème, il lui appartenait de s’adresser à ses mandants et on n’avait pas besoin de faire venir Wade pour nous demander de dialoguer. Le facilitateur Compaoré est là, en leurs noms ».

8- Konan Kouadio Siméon, candidat indépendant : « Des clarifications méritent d’être apporter par les signataires de l’accord de Ouagadougou »

« Je ne peux que m’en féliciter et dire merci au président Wade pour ses conseils. Mais, je crois que c’est ce qui devait se faire depuis longtemps. Vous savez que nous sommes adepte du schéma du neutre réconciliateur, qui privilégie que nous essayons de créer un cadre en interne et que nous comprenions bien le sens des actions des frères et sœurs qui nous aident de l’extérieur, mais qu’on ne leur donne pas plus de valeurs qu’elles ne méritent. Ce sont des actions d’accompagnement, mais les seuls qui doivent remplir les véritables conditions pour sortir de la crise, c’est nous-mêmes. Je crois que c’est un conseil qui est bien venu pour ceux qui ne l’auraient pas encore pris. Mais, je me pose encore des questions quant au sort réservé à l’Accord de Ouaga et quant au sens véritable de la visite du président Wade. Si c’est une visite de travail, comme tout président effectue dans un pays frère, il n’y a aucun problème. Mais, si cela prend l’allure d’une médiation déguisée, il y a lieu de se demander ce que deviennent les accords de Ouagadougou. Des clarifications méritent d’être apporter par les signataires de l’accord de Ouagadougou».

9- Gnamien Konan, président de l’UPCI : «Les gens évitent la concertation nationale parce qu’ils ont peur de la vérité»

« La concertation nationale a toujours été la position de l’PCI, qui veut que l’Accord politique de Ouagadougou devienne l’Accord politique de Yamoussoukro. La Côte d’Ivoire est notre pays, personne ne peut l’aimer mieux que nous et tant qu’on n’a pas compris cela, on n’aura rien compris. En fait, les gens évitent cette concertation nationale, parce que c’est la concertation de la vérité. Or, les gens ont peur de la vérité. C’est pourquoi, ils veulent qu’on aille à dix mille kilomètres, là où les gens ne comprennent rien de nos réalités. Les gens sont plus préoccupés par leurs fortunes personnelles, leurs carrières politiques, par rapport à la Côte d’Ivoire. Ce sont leurs comptes en banques suisses ou françaises qui les intéressent. Je demande aux acteurs politiques de se réveiller, parce qu’on ne peut pas sacrifier un pays de cette façon. Regardez la situation des jeunes, qui ne savent même plus ce qui leur arrive. Ils ne savent même pas que quand on va à l’école et qu’on a des diplômes, on a le droit de travailler. La vérité, ce n’est pas le FPI, ni le camp présidentiel alors qu’ils arrêtent un peu, parce que nous sommes fatigués ».

10- Kabran Appiah, président du Mouvement citoyen Alternative :« Une concertation nationale ne servirait à rien »

« Que peut apporter un dialogue de plus ? Les Ivoiriens doivent plutôt dialoguer avec la Loi. Il me parait plus urgent d’être en accord avec les textes qu’on a votés, parfois difficilement. Une concertation nationale ne servirait à rien. Au contraire, cela va coûter de l’argent qu’on peut utiliser pour anticiper les grèves, entretenir les hôpitaux, soulager les populations qui souffrent, au lieu d’acheter des bouteilles de champagne à des gens qui vont chanter l’Abidjanaise pour rien et revenir se battre à Abidjan. Nous avons toujours le culte, la maladie du parti unique et on pense qu’on doit s’entendre sur tout. Or, le pays consiste à gérer intelligemment, démocratiquement, politiquement les contradictions. La politique ne consiste pas à effacer les contradictions, mais à les gérer intelligemment. C’est pourquoi, on a des lois et si ces lois ne sont pas contestées, il ne reste plus qu’à les appliquer ».

Avec le partenariat de L’Intelligent d’Abidjan / Propos recueillis par Olivier Dion et S. Débailly

Mon, 26 Apr 2010 02:46:00 +0200

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