Ces milliers de litres de slops qui se sont avéré des déchets toxiques vont causer d’énormes dégâts humains en Côte d’Ivoire notamment, la mort d’au moins dix-sept personnes, l’intoxication de milliers d’autres. Retour sur le parcours du bateau de la mort d’Amsterdam, à Abidjan.
Trafigura qui a souhaité déverser dans la capitale hollandaise (Amsterdam), ses slops, est vite rappelée à l’ordre par la Police des services de l’environnement et les autorités portuaires. Ce produit dégage une forte odeur. Dès lors, la Police exige de Trafigura qu’elle retraite ses slops avant leur déversement. Le 4 juillet, c’est-à-dire, deux jours après cet incident, ladite société prend attache avec une entreprise de traitement des déchets qui pose comme condition, la décontamination des déchets avant leur traitement. Pour ce faire, ladite entreprise dépose une facture de cent vingt-neuf millions treize mille six cent quarante-neuf (129.013.649) francs Cfa. Trouvant cela onéreux, Trafigura recharge ses déchets avec l’aide d’un fonctionnaire de la mairie de la capitale hollandaise qui est muni d’une autorisation. C’est en vain que les responsables environnementaux de la capitale hollandaise tente de bloquer le Probo Koala pour le contenu « chimique » du chargement. Le 9 juillet 2006, le Probo Koala quitte le port d’Amsterdam pour l’Estonie en vue de charger de l’essence en direction du Nigeria. Le navire arrive dans ce pays après deux escales infructueuses aux Iles Canaries et au Togo. Même au Nigeria, les autorités portuaires refusent le déchargement.
Pourquoi Abidjan
Après ces cuisants revers, le 19 août 2006, le navire Probo Koala accoste au Port autonome d’Abidjan (Paa). Avec sa filiale « Puma Energy Côte d’Ivoire », Trafigura propose dix (10) millions de francs Cfa à la société Tommy créée le 10 mai 2006 dont la spécialité est la vidange, l’entretien des navires, la fourniture des matériels mécaniques et frigorifique, la représentation commerciale, l’importation, l’exportation, la commercialisation de divers produits, la construction, la restauration de bâtiments et l’exploitation d’établissements industriels et commerciaux. Sur conseil de son chimiste, Tommy décide de déverser les déchets dans les périphéries abidjanaises eu égard à la forte odeur. Des camions sont donc engagés dans la nuit du 19 au 20 août 2006 dans différents endroits moyennement rémunération. Aussi, ces camions vont-ils déverser ces déchets à Port-Bouët (Vridi), Cocody (Akouedo), dans le périmètre de la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca à Yopougon) et sur la route d’Anyama, la quantité de 528 tonnes de déchets. Les populations d’Abidjan se réveillent, le 20 août 2006, avec une forte odeur d’œuf pourri ou de gaz lacrymogène. Les centres de santé, dispensaires et autres cliniques sont pris d’assaut.
Rapports
Le lendemain, le Centre ivoirien antipollution (Ciapol) se saisit du dossier et produit des analyses révélatrices : « Les déchets ont l’odeur de l’essence et la forte teneur en hydrogène sulfuré toxique et susceptible d’entraîner la mort systématique après inhalation ».
En sus, la Commission internationale d’enquête sur les déchets toxiques dans le district d’Abidjan (Ciedt-Da), créée le 15 septembre 2006, par le Premier ministre Charles Konan Banny confirme les conclusions du Ciapol en y intégrant la toxicité. «Les déchets sont un mélange de trois catégories de substances. Il s’agit des hydrocarbures, à savoir, essence et gazol contenant des produits naphténique et aromatiques. Il y a également des composés organo-soufrés solubles dans les hydrocarbures aux molécules présentant des odeurs très fortes dont le mercaptan qui sert à rendre odorant le gaz propane, butane et naturel. L’odeur qui est liée à la volatilité des produits légers, conduit à des nausées, vomissements, malaises, intoxication. Elle se disperse dans l’air. Sous les vents dominants, beaucoup de quartiers ont été vite atteints » a soutenu l’un des experts qui a requis l’anonymat. En dehors de ces rapports ivoiriens, deux autres rapports français confirment une fraction organique plus lourde qui est la troisième composante des déchets.
En effet, l’Institut national de recherche et de sécurité français (Inrs) qui a analysé les mercaptans sur les produits déversés à Amsterdam et à Abidjan, l’alcanethiol révèle une odeur similaire de cas d’intoxication. Les conséquences sont l’irritation pulmonaire avec la douleur thoracique et des toux, des nausées des vomissements et des diarrhées puis des troubles de conscience suivis de dépressions respiratoires et une cyanose. Tout ceci est observé à Abidjan sur les sujets dès le 20 août 2006.
En plus de l’Inrs, l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (Ineris), un établissement public de France, rapporte que ces déchets « ont pu être à l’origine d’un dégagement d’hydrogène sulfuré (H2s) de classification R 26, c’est-à-dire très toxique. Il est un puissant inhibiteur du cytochrome oxydase mitochondriale qui bloque la respiration. Ces effets peuvent être selon la dose les troubles respiratoires (dyspnée, œdème du poumon), la cyanose, les troubles du rythme cardiaque et de la conscience conduisant à la mort ».
En dehors de cela, l’Organisation mondiale de la santé (Oms) indique que la principale voie d’exposition est probablement l’inhalation de gaz toxique et des contaminations cutanées ou ingestion d’aliments contaminés comme les poissons et les bétails. Chez les sujets, des saignements de nez, des nausées, des vomissements, des maux de tête, des lésions cutanées, des irritations des yeux et des symptômes respiratoires.
M’BRA Konan in linfodrome.com
Tue, 21 Aug 2012 14:19:00 +0200
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