Détention des personnalités pro-Gbagbo au Nord: Grosses inquiétudes au sommet de l’Etat

Les autorités ivoiriennes se font quelques soucis au sujet des conditions de détention des personnalités proches de l’ancien président Laurent Gbagbo, incarcérées depuis plus d’un an dans les prisons de Boundiali, Bouna, Katiola et Korhogo.
Et la récente évacuation de la ministre Christine Adjobi à la polyclinique internationale sainte Anne-Marie (Pisam) vient grossir leurs inquiétudes.
Au point où, selon des sources bien informées, on envisagerait, au sommet de l’Etat, de nouvelles conditions de détention des cadres de l’ancien régime. Il se raconte que ces proches de Laurent Gbagbo pourraient être transférés soit à la prison de Bouaké ou Daloa, soit à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca). Certes, l’information, pour l’instant, n’affiche aucun caractère officiel, mais elle se murmure et la possibilité que ces prisonniers changent de lieu de détention serait grande.
Les dirigeants ivoiriens ne cachent pas leur souhait de voir ces prisonniers comparaître devant la juridiction compétente pour les faits qui leur sont reprochés, mais en même temps ils n’entendent guère les voir périr« entre leurs mains ». « Vous imaginez ce qui pourrait se passer si ces prisonniers trouvent la mort dans leurs lieux de détention sans avoir été jugés ? Avez-vous idée des critiques que pourrait essuyer, dans ce cas-là, le pouvoir sur le plan international et la réaction des organisations universelles des droits de l’Homme? Les autorités ivoiriennes n’ont pas envie d’être confrontées à une telle situation. Elles n’ont donc pas d’autre choix que de prendre ces prisonniers comme des œufs qui ne doivent pas se casser », nous a indiqué, récemment, Raphaëlle P. N’Gom, politologue camerounaise, enseignante dans une Université européenne, observatrice assidue de la politique ivoirienne.
C’est bien ce sur quoi reposent les inquiétudes du pouvoir ivoirien et la probable décision de celui-ci de transférer les personnalités pro-Gbagbo dans des prisons autre que celles du nord. « On a constaté que ces prisonniers tombent très souvent malade. Certains d’entre eux ont une santé précaire parce que supportant difficilement l’univers carcéral. On se rappelle que Philippe Henry Dakoury Tabley, l’ex-gouverneur de la Bceao et Michel Gbagbo, fils de Laurent Gbagbo, ex-chef d’Etat ivoirien, détenus au Nord du pays, avaient été évacués sur Abidjan pour soins intensifs. On pense alors qu’il serait mieux indiqué que tous ces détenus soient transférés à la Maca, de sorte que, quand surviendra des ennuis de santé, les évacuations vers les grandes cliniques d’Abidjan soient plus faciles à gérer pour éviter que l’irréparable (la mort) se produise ». Propos qui nous ont été rapportés, il y a quelques semaines, par une source bien informée sur le dossier des prisonniers Lmp.
Toutefois, notre informateur précise qu’il appartient aux autorités judiciaires d’en décider, au terme des auditions des détenus. « Si l’autorité judiciaire estime, après les auditions, qu’il y a lieu de garder ces personnalités de l’ancien régime dans leurs lieux de détention initiaux ou de les transférer à Abidjan, il fera connaître sa décision. Pour l’instant, nous n’en sommes pas à cette étape », fait-il savoir.
De fait, là où les choses semblent coincer, c’est que, même si les dirigeants ivoiriens nourrissent l’intention de prendre une mesure dans le sens d’un transfèrement des prisonniers du Nord, ils pourraient être contrariés dans cet élan par les évasions à maintes reprises dans certaines prisons du pays, notamment à la Maca. Cette insécurité au niveau de ces établissements pénitenciaires demeure là aussi une autre inquiétude pour le pouvoir.

Alain BOUABRE in Soir Info

Fri, 13 Jul 2012 13:58:00 +0200

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