En visite d’Etat en Côte d’Ivoire / Claude Guéant, Secrétaire Général de l’Elysée, précise :‘’La France n’a ni candidat, ni favori’’

Photo :DR
Je vous remercie de cette occasion que vous me donnez de vous rencontrer. Et je voudrais aussi d’emblée remercier l’ensemble des acteurs politiques ivoiriens que j’ai rencontrés au cours de mon séjour dans votre pays. Le président Gbagbo m’a reçu hier soir (ndlr : samedi 02Octobre 2010) à Yamoussoukro ; le Premier ministre Soro, le président Bédié, Alassane Ouattara que j’ai vu ce matin (ndlr : dimanche 03 Octobre 2010), ainsi que M. Choi, représentant spécial des Nations-unies et M. Badini, représentant spécial du Facilitateur Blaise Compaoré à qui je veux rendre hommage d’ailleurs pour l’œuvre qu’il a accomplie tant à l’égard de la Côte d’Ivoire qu’à l’égard d’autres pays. Nous avons avec tous, eu un dialogue constructif, confiant. Nous avons reçu beaucoup de chaleur, de franchise et aussi une volonté de faire avancer le processus électoral.

Déclaration
Je suis venu en côte d’Ivoire à la demande du président Sarkozy parce qu’une page de l’histoire de la Côte d’Ivoire est en train de se tourner. Une ère nouvelle s’annonce à laquelle chacun aspire. Les ivoiriens au premier chef, mais aussi tous les amis de la Côte d’Ivoire et par conséquent la France. Depuis 8 ans, la Côte d’Ivoire connait une période difficile. Depuis 8 ans, cette terre qui a été si souvent louée pour son attachement à la paix est divisée. Elle connait l’insécurité ; des événements graves s’y sont produits et certains de ces événements, ne nous dissimilons pas la vérité, ont crée de la tension entre les deux pays, ont pu créer dans le peuple des blessures et du ressentiment. J’ai dit deux choses à mes interlocuteurs. La première, c’est que la France se réjouit profondément que l’élection présidentielle puisse bientôt se tenir maintenant que la liste électorale a été définitivement adoptée. Dans cette élection, je le dis avec force, la France n’a pas de candidat ; elle n’a pas de favori. Son devoir est de ne pas en avoir. Le président de la Côte d’Ivoire sera choisi par le peuple ivoirien. Qui qu’il soit, il sera le représentant de son peuple et par conséquent il sera l’interlocuteur de la France. Elle salue en revanche la volonté unanime des responsables politiques que nous avons rencontrés qui ont permis à la démocratie, après toutes les difficultés que vous avez connues, de reprendre son cours normal. Le cours normal d’une vie pratique rythmée par des élections. Tout simplement parce qu’une élection donne l’opportunité aux citoyens de s’exprimer ; une étape majeure dans le retour de la paix et dans la reprise du développement de la Côte d’Ivoire. La France fait vraiment le vœu que cette élection se fasse dans une totale transparence et que les partis accueillent les résultats quel qu’ils soient, sans les contester autrement que par les voies de droit, et se mettent au travail pour le bien commun. La deuxième chose que je voudrais dire de la part du président Sarkozy, c’est que la France se réjouit également de pouvoir reprendre dans leur plénitude les relations d’amitié et de coopération qui fondamentalement unissent nos deux pays. Le président Sarkozy souhaite que les relations entre la France et les pays de l’Afrique francophone se débarrassent du complexe nourri de notre passé commun. La France est un Etat souverain. La Côte d’Ivoire est un Etat souverain et elle n’est pas un Etat moins souverain que les autres Etats. C’est d’égal à égal que nous devons travailler ensemble entre partenaires. Ce n’est exclure l’amitié entre nos deux peuples. Cette amitié fondée sur une culture que nous partageons ; elle est fondée sur des échanges économiques, culturels, universitaires ; elle est fondée sur cette familiarité très particulière qui vient de ce que beaucoup de français vivent en Côte d’Ivoire et ce que beaucoup d’Ivoiriens vivent en France. Et je veux le dire solennellement, si le gouvernement ivoirien souhaite renouer ses relations avec la France, la France est prête. Elle y est résolue. Le président Sarkozy assurera au nom de la France, dès la mi-novembre, pour une année la présidence du GRAP. Durant cette présidence, il a la ferme volonté de se battre pour l’Afrique ; de se battre pour qu’elle ait une juste place dans la gouvernance mondiale. Il le dit fréquemment, comment peut-on gouverner les affaires du monde avec un continent d’un milliard de personnes et dont la démographie reste galopante et l’écarter de toutes les instances de direction de notre planète. Il va se battre aussi pour une meilleure régulation du prix des matières premières qui est un problème présent à l’esprit de beaucoup en Afrique. Et croyez bien, il sera tout aussi déterminé à relancer, avec la Côte d’Ivoire, si elle le désire et cela dans tous les domaines, une coopération d’exception.

Questions-Réponses
La leçon intérieure et difficile, c’est forcément de vouloir en sortir. Et à cet égard, j’ai constaté une réelle unanimité chez tous nos interlocuteurs et principaux candidats aux élections à venir. Par conséquent, les principaux responsables de la vie politique de ce pays, ainsi que chez le premier ministre Soro Guillaume. Une volonté clairement affirmée d’aller aux élections. Cela nous semble quelque chose de très important parce qu’une vie démocratique doit pouvoir être jalonnée d’élections. Il y a eu des difficultés entre nos deux pays pendant cette période. Certaines, bilatérales, celles écoulant de la relation entre la Côte d’Ivoire et la communauté internationale, parce que nous voulons amicalement surmonter cette période et vraiment entrer les peuples ivoirien et français dans une période de coopération renouvelée pour le plus grand bien de tous.

La France n’a aucun candidat

Je l’ai dit dans mon propos introductif. Une page nouvelle est en train de s’ouvrir avec ces élections. Je le répète, la France n’a aucun candidat. Il me semblait important de reconnaître la volonté du peuple ivoirien et des responsables politiques ivoiriens de tenir cette élection. Cette élection, chacun le sait et les résolutions du Conseil de sécurité des Nations-Unies sont claires à cet égard, est le point de départ d’une coopération renouvelée avec le reste du monde et donc d’une place retrouvée de la Côte d’ivoire, dans le concert des Nations.

L’intervention de la France dans les affaires Ivoiriennes

Toutes les questions sont évoquées lorsqu’on est en famille afin de sortir des difficultés dans lesquelles nous nous trouvons. La France n’a jamais eu cette volonté d’intervenir dans les affaires politiques ivoiriennes, même si l’interprétation a pu en être faite. La France a un rôle, mais qui est sous l’égide des Nations Unis. Il est clair que compte tenu de nos liens avec la Côte d’Ivoire, nous sentons une obligation particulière, que ce que nous réclament les Nations Unies soit mis en œuvre avec une particulière attention. Mais c’est dans ce cadre que la France intervient.

La médiation d’Albert Bourgi

M. Bourgi, c’est une personne privée. Chacun sait qu’il a une relation ancienne avec beaucoup de gens en Afrique. Mais nous sommes ici en délégation officielle, avec l’ambassadeur de France ; je suis le conseiller diplomatique du président. Il n’y a pas de diplomatie parallèle. Il n’y a qu’une seule diplomatie. C’est vrai que des gens ont un certain nombre de choses intéressantes à dire. Il n’y a qu’une seule diplomatie de la France. En aucun cas, il n’y a une diplomatie parallèle.

L’embargo sur les armes

L’embargo sur les armes a été décidé par les Nations Unies. Cela étant, il est vrai que dans la perspective de l’élection, beaucoup de responsables politiques ivoiriens souhaitent que l’embargo soit levé afin d’améliorer l’environnement sécuritaire de l’élection. La France appuiera une levée partielle de l’embargo, c’est-à-dire appuyer la possibilité que la Côte d’ivoire se dote de matériel de sécurité, à l’exception d’armes létales.

Les cartes d’électeurs

Je suis confiant dans tous les propos que j’ai entendus. Tous ont présenté cette date du premier tour de l’élection présidentielle comme une certitude. J’ai noté avec beaucoup de satisfaction que les cartes d’identité et les cartes d’électeurs allaient commencer à être distribuées cette semaine. C’est d’ailleurs une vraie gageure que de réaliser ce travail. Après l’adoption de la liste électorale, ce qui est déjà un acte considérable, nous avons maintenant la mise en œuvre de l’adoption de cette liste. Et j’ai compris que tout a été mis en place pour que cette date soit maintenue et nous nous en réjouissons très sincèrement.

La date du 31 Octobre 2010

Je ne peux pas imaginer que les élections ne se tiennent pas. La Côte d’Ivoire est un pays profondément démocratique. Je sais que son peuple veut des élections. Ceux qui représentent le peuple, à savoir les partis politiques et les candidats affirment qu’ils le veulent. Je ne peux imaginer d’autres hypothèses.

Le maintien de la force licorne

La Force Licorne, de toutes les façons, a son sort lié à celui de l’ONUCI. C’est sûr que et l’ONUCI et la force Licorne n’ont pas pour vocation à rester en Côte d’Ivoire. Cela étant, je crois qu’il faudra aussi ménager les transitions ; organiser cette transition avec le nouveau président dont la Côte d’Ivoire se sera doté et son gouvernement. J’ai dit tout à l’heure que ces dernières années, il y a eu des événements douloureux qui étaient ressentis comme tels dans les deux peuples. C’est une question dont il faudra parler avec les responsables de la Côte d’Ivoire.
Propos recueillis par Dosso Villard

Encadré

Ce que Gbagbo, Bédié et Ouattara ont dit à Claude Guéant
Avant de se rendre en Côte d’Ivoire, le secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant, a entamé sa visite par une pléthore d’intermédiaires. Le secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant, s’est rendu à Abidjan les 2, et 3 octobre 2010, pour une reprise de contact à haut niveau avec la Côte d’Ivoire, après des années de tension entre les deux pays depuis le début de la crise politco-militaire de septembre 2002. Selon les informations de La Lettre du Continent, l’émissaire de Nicolas Sarkozy, qui a fait le déplacement avec le conseiller diplomatique adjoint de l’Elysée chargé des affaires africaines, André Parant, a d’abord souhaité s’assurer que les ‘’sécurocrates’’ de Laurent Gbagbo ne torpillent pas son voyage. Ces derniers seraient hostiles à toutes les visites d’officiels françaises avant l’élection présidentielle du 31 octobre, écrit La Lettre du Continent. Pour organiser cette visite, le président ivoirien a donc préféré s’appuyer selon la LC sur sa seconde épouse, Nadiana Bamba, dit ‘’Nady’’. La Lettre du Continent révèle que c’est elle qui s’est occupée de tous les préparatifs lors de son séjour à Paris, en juillet. Une rencontre aurait eu lieu à l’hôtel George V avec Claude Guéant, en présence de Georges Ouégnin, emblématique directeur du protocole ivoirien, décoré grand officier de la Légion d’honneur par Nicolas Sarkozy en 2007. Bolloré et Bouygues seraient aussi parmi les artisans de la venue du SG de l’Elysée à Abidjan. Claude Guéant et Laurent Gbagbo se seraient ensuite entretenus par téléphone en août pour finaliser les derniers détails. L’architecte Pierre Fakhoury aurait également fait le go-between entre Abidjan et l’Elysée. La visite de Claude Guéant au pays de l’Akwaba a été repoussée depuis le début de l’année. A son arrivée, Guéant s’est entretenu à Yamoussoukro le samedi 2 octobre 2010 avec Laurent Gbagbo. Une rencontre au cours de laquelle le Président Laurent Gbagbo lui aurait dit ses vérités. Le président Laurent Gbagbo aurait posé le problème des FAFN, toujours en armes et aurait demandé l’implication des casques bleu aux côtés du CCI (Centre de commandement intégré) pour la sécurisation des élections. Par ailleurs, le chef de l’Etat aurait évoqué les événements de novembre 2004 et aurait parlé des pas faits par la Côte d’Ivoire pour apaiser les choses, notamment la réhabilitation des écoles françaises et l’indemnisation des entreprises françaises à hauteur de 6 milliards de FCFA. En retour, il aurait demandé que l’Etat français joue sa partition au niveau des victimes ivoiriennes. Laurent Gbagbo auarait dit qu’il ne souhaiterait pas voir l’Etat français devant les tribunaux par les victimes ou par l’Etat ivoirien. En retour, Guéant aurait dit prendre note, tout en indiquant que le mécanisme d’arrangement a l’amiable paraissait difficile. Le lendemain dimanche 3 octobre, Claude a échangé avec le Premier ministre Guillaume Soro, Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara auraient insisté sur l’organisation d’élections justes. Aussi auraient-ils soulevé quelques inquiétudes liées à la fraudes dont ils pourraient être victimes. Dans l’après-midi, l’émissaire a tenu une conférence de presse à l’aéroport international Félix Houphouët-Boigny avant de prendre le Falcon de la Présidence de la République française à 14 heures.

Dosso Villard avec la Lettre du Continent

Mon, 04 Oct 2010 10:18:00 +0200

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