Enquête express / Abobo : Le trou qui risque d’avaler la commune

Photo : DR
La commune d’Abobo est balafrée par un ravin allant du quartier Clouetcha et débouchant dans la rivière Djibi (sur la route d’Alépé) en passant par les quartiers d’Agbékoi, d’Akéikoi et le village Djibi. Mais ce phénomène est plus important du côté de la zone d’Abobo- Clouetcha. A la première vue de ce trou, il faut le dire, c’est un choc et une peur immédiate qui s’emparent de vous. C’est avec une trouille certaine au ventre que les uns et les autres prennent le risque d’observer de temps en temps ce ravin. Car, à la moindre erreur, vous pouvez vous retrouver tout au fond, ce qui pourrait s’avérer fatal. Ce grand ravin menace constamment les populations d’Abobo Clouetcha. Une situation alarmante d’autant plus que des habitations y sont très proches. « Plusieurs maisons y disparaissent à l’intérieur chaque fois que ce trou s’agrandit surtout en saison des pluies », révèle M. Kouyaté Alassane, qui vit à proximité de ce trou. Et qui souligne en sus, que cette situation n’est pas sans conséquence pour les populations des périmètres environnants. «Ce ravin qui évolue à une vitesse exponentielle a causé la mort de plusieurs personnes ici », indique-t-il. Les enfants, selon lui, sont les plus exposés à ce danger. « Chaque année notamment pendant les grandes pluies, il y au moins trois enfants qui perdent la vie à cause de ce trou qui, en s’agrandissant, ravage tout sur son passage », s’indigne M. Kouyaté Alassane. Et à Mme Kouamé Bernadette de renchérir. « Vous pouvez être dans votre sommeil, en pleine nuit puis votre maison peut s’écrouler sous le poids de l’évolution à grande vitesse de ce creux. Ce cas récurrent endeuille régulièrement plusieurs familles de ce quartier », assure-t-elle. Ce danger est d’autant plus présent dans la mesure où une école primaire publique y est située à la limite. Ce qui met en péril la vie de tous les enfants qui fréquentent cet établissement. « Les responsables de l’école sont obligés de maintenir les enfants dans l’établissement lorsqu’il y a une pluie diluvienne pour éviter des accidents mortels », affirme Mme Kouamé Bernadette. Qui, cependant, reconnaît que maintenir les élèves à l’école n’est pas également rassurant. « Cette école, malheureusement, est fragilisée. Elle n’est pas loin de s’effondrer sous la pression grandissante de ce ravin », déplore-t-elle. Les populations d’Abobo-Clouetcha, tout en reconnaissant les dangers qu’elles vivent près de ce « trou de la mort », disent être confrontées à un dilemme cornélien. « Nous voulons quitter ce quartier mais si nous partons de Clouetcha, où irons- nous ? Surtout que nous sommes pour la plupart très démunis », déclare M. Traoré Soungalo. Qui poursuit, en indiquant ceci, « quand nous venions acheter des terrains ici pour construire ces maisons que nous habitons, ce trou n’existait pas. Aujourd’hui nous devons faire face à ce problème qui dépasse notre entendement ». Il faut préciser que les premiers habitants sont venus dans les années 60 et 70, il n’y avait pas ce trou. Comment est-il donc apparu ? Pour M. Olivier Niagne, sous-directeur de l’environnement et du cadre de vie à la mairie d’Abobo, cette situation est l’une des conséquences de l’inexistence depuis toujours de véritables actions d’assainissements et de drainages dans la commune d’Abobo, contrairement à certaines zones (Yopougon, Cocody…). « Abobo par sa situation géographique (un relief de 125 m d’altitude) est la commune la plus arrosée du district d’Abidjan. Nous assistons donc à la présence de plusieurs phénomènes naturelles notamment l’existence de nombreux ravins car beaucoup d’eau ne sont pas drainées », a-t-il expliqué. Fragilisés depuis les années 80, les sols d’Abobo se sont lentement affaissés pour donner ce ravin. Quant à la responsabilité des uns et des autres face à ce problème, M. Olivier Niagne est formelle : « L’assainissement dans les communes est du ressort de l’Etat. Les municipalités s’occupent seulement de l’entretien ». Puis, d’ajouter que l’aménagement d’un bassin d’orage dépasse les 800 millions de FCFA. « Ce que peut difficilement supporter une municipalité comme celle d’Abobo qui a un budget de 2 milliards de FCFA », précise-t-il. Poursuivant, M. Olivier Niagne fait savoir que l’équipe dirigeante de la mairie d’Abobo accorde beaucoup d’attention à cette situation qui menace la vie des populations. « Nous avons attiré l’attention à plusieurs reprises de l’Etat sur ce fait. Mais jusqu’à présent nous n’avons pas encore eu de réponses favorables. La Banque mondiale avait promis une aide pour l’assainissement de tous les ravins à Abobo. Nous sommes malheureusement toujours dans l’expectative », affirme-t-il. Pour le sous-directeur de l’environnement et du cadre de vie de cette commune, il urge face à la gravité de cette situation que les populations de ce quartier quittent les lieux afin, d’éviter d’autres morts. « Nous nous attelons à sensibiliser régulièrement ces habitants sur les dangers de se loger près de ce ravin », déclare-t-il. Puis d’ajouter «Les bâtiments en ces lieux descendent à tout moment dans le ravin car le sol n’est pas stable. Ce sont donc des zones où l’on ne doit pas vivre»

R.Dibi

Encadré

Le Plan ORSEC doit être activé

Le plan ORSEC dirigé par le préfet d’Abidjan, Sam Etiassé doit se tourner vers cette zone où ce ravin menace quotidiennement la vie des populations. Cependant, si le déguerpissement des populations s’impose afin d’éviter d’éventuels dangers aux habitants d’Abobo-Clouetcha, les autorités compétentes doivent leur permettre de se reloger aisément ailleurs. Surtout qu’elles ont acquis leurs habitations au moment où ce trou n’existait pas encore. De plus, il urge que les uns et les autres se penchent sur ces ravins dangereux qui balafrent la commune d’Abobo. Une solution idoine qui passe par une véritable action d’assainissement de la commune doit être rapidement mise en œuvre. Sinon, Abobo sera totalement, d’ici peu, englouti par ce trou de la mort

R.D

Avec la partenariat de l’Intelligent d’Abidjan

Sat, 14 Aug 2010 03:06:00 +0200

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