juin 3, 2023

Exclusif / Affaires «Ecole de police, SAGEM, Déchets toxiques, Hadj» : Comment Soro, Tagro et les jeunes patriotes affrontent l’épreuve

Photo : DR
Lundi 21 Juin. Il est 13 heures. Soit 17 heures de temps après la décision prise par le chef de l’Etat de saisir le procureur de la République pour une enquête. Depuis l’Afrique du Sud où ils se trouvent, des membres de la délégation du Premier ministre s’inquiètent. Des ministres et des collaborateurs du Premier ministre appellent à Abidjan. Ils se demandent le sort que le chef de l’Etat leur réserve. Nous décidons d’effectuer un reportage au Plateau, à la Primature et au ministère de l’Intérieur, pour nous enquérir de l’état d’esprit qui prévaut sur les lieux. Un peu secoués par la défaite des Eléphants sous la présence impuissante de Guillaume Soro, les hommes présents à la Primature adoptent un peu le profil bas. Quelques interlocuteurs redoutent même que des esprits méchants profitent pour écrire : Soro était à Jo’burg, la défaite aussi. Tandis que l’après-midi, le porte-parole du Premier ministre réagit et parle d’accusations et de soupçons non fondés, d’autres membres du cabinet du Premier ministre se demandent si la déclaration de Gervais Coulibaly n’est pas la bienvenue pour faire oublier la ballade coûteuse et infructueuse en Afrique du Sud. Le représentant de Sagem Sécurité, Kagnassi Sidi, est introuvable dans la ville. Lui qui n’a jamais cessé de dire haut et fort qu’il est intouchable et demeure le protégé, aussi bien du chef de l’Etat que du Premier ministre, doit être étonné de savoir que la justice pourrait tenter de voir clair dans ses comptes. Sidi Kagnassi finira par être localisé en Afrique du Sud. Avec toute cette bande autour des Eléphants, à quoi fallait-il s’attendre ? Premier supporter des Eléphants, Laurent Gbagbo s’est gardé de partir en Afrique du Sud. Comme Charles Konan Banny en 2006, Guillaume Soro n’a pas pu résister à la tentation du bain de foule et de l’image autour des Eléphants après avoir hésité pour le premier match, au cours duquel il était attendu. Dans le cadre de son enquête, le procureur Tchimou devrait s’interroger sur cette collusion qui autorise le représentant de SAGEM à se balader dans une délégation officielle ivoirienne, alors qu’il est un privé, de surcroît prestataire de service. Mais que se passe-t-il en ce moment au ministère de l’Intérieur. La voiture de commandement du ministre est garée. Sa garde est présente. L’ambiance est celle de tous les jours. Presque tout le monde est en place. Les deux salles d’attente sont bondées. Le ministre de l’Intérieur n’est pas encore un homme seul, ni abandonné. Ici à Abidjan, comme partout, il y a l’ingratitude des hommes et aussi du pouvoir. Tenez, cette anecdote au sujet de l’ambassadeur Allou Eugène. Quelques instants avant son limogeage, Allou Eugène a parlé au téléphone avec un de ses amis opérateurs économiques. Lorsque l’information de son limogeage a été rendue officielle, SEM Allou Eugène aurait rappelé le même interlocuteur qui, après avoir décroché suite à plusieurs tentatives (ce qu’il ne faisait jamais, car il décrochait aussitôt), a dit qu’il était désolé et qu’il ne connaissait pas d’Allou Eugène. L’histoire n’est peut-être pas exacte, mais elle traduit l’ingratitude et surtout la grandeur et la décadence des hommes du pouvoir. Mais visiblement Désiré Tagro n’a pas été lâché par son monde. Puisqu’il continue de recevoir des coups de fil et des témoignages de solidarité de partout. L’IA doit-il décliner son identité et tenter de rencontrer le ministre pour savoir son état d’esprit ? C’est raté ! Au passage, nous apercevons Konaté Navigué dans le couloir. Le porte-parole du ministère de l’Intérieur, M. Traoré est en mouvement. La sérénité est présente. Personne ne veut parler. L’on nous renvoie aux propos prêtés au ministre de l’Intérieur par Fraternité Matin : « Je prends acte. C’est une épreuve de vérité. J’attends que l’enquête livre ses secrets avant de me prononcer». Le ministre de l’Intérieur ne parlera pas publiquement de l’affaire durant un mois. Pendant ce temps, il poursuivra sa mission en sa qualité de membre du gouvernement. Néanmoins, l’IA apprend que Désiré Tagro ne se reproche rien et est au-dessus de tout soupçon. Il est en paix avec sa conscience, car il travaille sans tricher pour la Côte d’Ivoire, pour Laurent Gbagbo, pour le Fpi. Il ne triche pas. Désiré Tagro n’a pas volé. Sur 1700 admis à l’Ecole de police, Désiré Tagro ne peut pas avoir réservé deux tiers des places aux ressortissants de Saioua. Cela signifie que l’enquête du Procureur Tchimou doit déterminer l’origine et l’ethnie de chaque admis. Tout comme elle doit déterminer les opinions politiques de chacun. L’accusation est considérée comme trop grosse et excessive. N’avait-il pas bien entendu quand nous avons dit que nous étions reporter à l’Intelligent d’Abidjan ? Toujours est-il que notre interlocuteur se ravise tout d’un coup. Pas content d’avoir échangé avec nous, il met fin à la conversation en nous soupçonnant de rouler pour le camp de ceux qui sont contre Désiré Tagro, à savoir Bohoun Bouabré et Mamadou Koulibaly. Selon lui, la popularité de Désiré Tagro à Saioua dérangerait Bohoun Bouabré qui pense que son collègue ministre utilise son département et ses prérogatives pour exercer un trafic d’influence à son détriment sur le terrain….

Après le ministère de l’Intérieur notre équipe de reportage met le cap sur l’Assemblée nationale. Depuis l’incendie qui avait endommagé ses bureaux, Mamadou Koulibaly ne se s’y rend pas souvent. Le Président de l’Assemblée nationale est donc absent. Quelques investigations supplémentaires permettent de savoir qu’on veut jouer « low profile », tout en restant vigilant. Là on salue la décision courageuse du chef de l’Etat, même si l’on se demande si en un mois, le Procureur Tchimou et son équipe peuvent faire le tour de toutes les questions souvelées. Du côté des adversaires de l’ex-porte-parole du Président de la République, on se refuse donc à crier victoire. Et on se prend presque de sympathie pour le soldat Désiré Tagro. Chez les jeunes patriotes, la tendance, dit-on, est pro-Tagro mais hormis Jean-Yves Dibopieu qui s’était jeté le premier dans la bataille, c’est l’attentisme. Personne ne veut mouiller le maillot pour le soldat Tagro et chacun pense plutôt à son propre sort en ces termes : si le chef est en train de faire ça à Tagro, c’est que personne n’est à l’abri parmi nous. Quel sort nous réserve-t-il ? A quelle sauce serons-nous mangés ? Est-il vrai que dans l’enquête sur le café-cacao, Bohoun Bouabré sera inculpé ? La liste des questions est longue. Ce petit état des lieux montre bien que Laurent Gbagbo n’a pas encore dit son dernier mot. Toujours avec une longueur d’avance, L’Intelligent d’Abidjan avait traduit l’état d’esprit de chacun, au lendemain du retour du chef de l’Etat avec ce titre assez évocateur : politique nationale, Gbagbo de retour hier : Affi, Koulibaly, Tagro et le RHDP tremblent

Avec le partenariat de L’Intelligent d’Abidjan / Par Charles Kouassi et Ismaël Dembélé

Encadré

Tchimou évite la police et choisit la gendarmerie

Ministre de l’Intérieur, Désiré Tagro est aussi officier de police judiciaire et patron de tous les officiers de police judiciaire. De plus, le dossier concerne entre autre l’école de Police. Afin d’éviter donc toute suspicion, le procureur de la République a choisi la gendarmerie nationale pour mener l’enquête demandée par le chef de l’Etat. C’est le colonel Etté, patron de la section Recherches à la Brigade de recherches au Plateau qui a été désigné par Tchimou Raymond. Pour montrer le grand intérêt qu’il attache au dossier, le procureur de la République a confié le suivi à un de ses adjoints et non à un substitut. La machine est en marche. Jour-J moins 29 désormais. Alors que la justice ivoirienne est réputée pour ne jamais faire aboutir les enquêtes, le défi qui attend le procureur de la République est grand

C.K

Tue, 22 Jun 2010 01:52:00 +0200

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