Facobly, un os électoral dans la gorge du pouvoir Ouattara

Qui du PDCI ou du RDR a gagné les élections législatives partielles à Facobly et bonon ou dans l’une de ces deux localités ? A Bonon, le candidat du RDR et ses partisans, à la veille du scrutin, avaient cru impressionner les électeurs du PDCI en rudoyant de coups Kouadio Konan Bertin, le Président de la JPDCI venu soutenir le candidat de son parti. Mais les blessures de KKB ont fait l’effet contraire : les militants révoltés ont secoué la direction du PDCI et menacé la légitimité de Bédié à conduire en leur nom une politique de soumission dans sa relation avec Alassane Ouattara. Leur colère a eu pour conséquence immédiate la nomination d’Ahoussou Kouadio Jeannot à la primature. Mettant ainsi fin au dilemme d’Alassane Ouattara de respecter, d’une part, ses engagements vis-à-vis d’un allié politique de taille, le PDCI, et d’autre part, montrer sa fidélité à la parole donnée en maintenant, comme promis à l’heure de la bataille décisive contre Laurent Gbagbo, le plus longtemps possible Soro Guillaume au poste de Premier ministre. Mais passé ce round, le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire s’est senti insufflé une nouvelle énergie qui le pousse désormais à résister aux menaces du RDR dont il a d’ailleurs dénoncé, au cours d’un Bureau politique, les appétits voraces dans la répartition des gains du pouvoir commun. Ce regain d’audace lui permet en outre de bloquer jusqu’à ce jour les résultats définitifs des partielles de Facobly et de Bonon. Ni la CIE de Youssouf Bakayoko, ni le Conseil Constitutionnel de Francis Wanga Vodié n’ont pu démêler le litige. Bien au contraire, l’un et l’autre, à travers des déclarations anachroniques, ont exposé au grand jour l’incapacité acquise de ces deux institutions, sous le pouvoir actuel, de régler, en dehors des arrangements politiques, les problèmes électoraux qui sont pourtant de leur ressort exclusif. Mercredi dernier, c’est le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur, Amed Bakayoko qui, se saisissant du dossier de Facobly, recevait Séa Honoré et Evariste Méambly, respectivement candidat du RDR et du PDCI dans cette circonscription. De leur conciliabule, il ressort que les deux protagonistes doivent se concerter et proposer, dans un délai immédiat, une solution consensuelle. Pendant ce temps décision est prise de se rendre sur le terrain pour préparer les esprits à cette solution là. Comme on le constate, la démission des organes chargés des questions électorales est en train d’être palliée par le ministère de l’intérieur. C’est ce que l’on veut en effet nous faire croire, mais ce n’est pas si exact : Facobly, plus que Bonon, est un os dans la gorge du pouvoir Ouattara. La candidature de Séa Honoré dans cette localité est le résultat de son retrait de la circonscription du Plateau, sur insistance du RDR, au profit de Zoumana Bakayoko, le frère d’Amed Bakayoko. Ce retrait a été acquis au prix de la promesse ferme de faire de Séa Honoré le député de Facobly. Effectivement tout a été mis en œuvre pour qu’il en soit ainsi. Mais sur le terrain les partisans d’Evariste Méambly ont fait front à l’intimidation et aux menaces. Et depuis la fin la fin du scrutin, les deux camps revendiquent également la victoire. Ni le candidat du RDR, ni celui du PDCI ne veulent céder, malgré toutes les interventions. Si Séa Honoré attend que le RDR respecte à la lettre son engagement, Evariste Méambly, selon son entourage, pense avoir suffisamment fait preuve de loyauté vis-à-vis du pouvoir actuel qui l’avait poussé, aux premières heures de la prise du pouvoir par Ouattara, à renier ses actions en faveur du régime de Gbagbo, pour mériter en retour reconnaissance. Apparemment le pouvoir Ouattara en a pris finalement conscience. Car selon des indiscrétions, la rencontre de chez Amed Bakayoko propose aux deux adversaires une répartition des postes électifs dans la circonscription. L’un irait à l’Assemblée nationale et l’autre à la mairie. Mais chacun d’eux est candidat à l’immunité parlementaire. Ce qui pourrait fait tourner court l’optimisme du ministre Bakayoko à pouvoir résoudre ce conflit électoral en dehors des institutions établies à cet effet. La politique du RDR est d’avoir une présence tentaculaire dans la zone ouest de la Côte d’Ivoire, ce qui pousse ses dirigeants à forcer les portes du destin. Oubliant qu’il vide en cela de leur intérêt les structures dont le fonctionnement effectif est une source de renforcement de l’Etat républicain. Il ne suffit pas en effet de proclamer la démocratie pour qu’elle soit. Le régime Ouattara se targue d’être un exemple de démocratie mais il éprouve des difficultés à laisser les institutions qualifiées départager des protagonistes d’une simple élection locale. Incapable d’admettre le verdict des urnes, il court derrière un arrangement politique qui en dit long sur sa vision de la démocratie. Mais rien ne dit que dans le débat actuel les uns et les autres ont dit leur dernier mot, même si des informations sérieuses soutiennent qu’en définitive le choix serait de couper la poire en deux en concédant le poste de député de Bonon au PDCI afin que celui de Facobly reviennent au RDR. Affaire à suivre.

Dékos Badaud in Aujourd’hui

Fri, 13 Jul 2012 00:06:00 +0200

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