Fin du régime Ouattara: Doit on envisager le retour du président Gbagbo?
Quand c’est fini, c’est que c’est vraiment fini. Un coup de force induit toujours un régime d’exception. Et la fin d’un régime d’exception est une fin définitive parce qu’elle procède d’un échec, d’une alternance démocratique ou d’une révolution. Le régime d’exception instauré par la France avec des coups de canon a échoué. OUATTARA n’est plus rien en Côte d’Ivoire. Il n’existe plus que dans l’esprit de certaines personnes qui ne veulent pas se réveiller et abandonner leur cauchemar. Pour ceux qui ont eu le courage d’ouvrir les yeux, il n’est qu’un zombi qui pavane dans les méandres de la ruine qu’il a créée en Côte d’Ivoire. C’est pourquoi il faut envisager dès à présent le cadre politique qu’il faut instituer après la Révolution. Doit-on encourager l’instauration d’un régime de transition militaire ou le retour à l’ordre constitutionnel en rétablissant le Président GBAGBO dans ses fonctions interrompues par la France le 11 avril 2011 ?
La Révolution Permanente a décidé en cette fin de semaine, de vous convier à la réflexion sur l’avenir institutionnel de la Côte d’Ivoire. Pour esquisser quelques pistes de réflexion, il importe d’examiner les deux hypothèses, leurs forces, leurs faiblesses, les alternatives qui existent en dehors de ces deux premiers schémas politiques de l’Après OUATTARA. Dans un sondage d’opinion que j’ai pu entreprendre cette semaine, certains Ivoiriens ont exprimé clairement leur désir de voir instituer une Transition militaire après la première phase de Révolution qui débouchera dans les jours à venir, à l’éjection brutale de Dramane OUATTARA de son siège d’imposture. Ils soutiennent leur point de vue par un certain argumentaire qui ne manque pas d’intérêt.
Premièrement, ils avancent que la Révolution ne doit pas s’apparenter à une opération banale qui vise le contrôle du pouvoir d’Etat. C’est bien entendu l’image que la France et ses alliés fascistes à travers leurs média essaieront de donner au reste du monde. Falsificateurs de l’histoire, ces colonialistes occidentaux présentent les Africains comme des individus qui rêvent tous d’être des Chefs d’Etat. Donc une fois OUATTARA mis hors d’état de desservir le peuple ivoirien, il faut dérouler un véritable agenda de réformes à la fois politiques, économiques, sécuritaires, administratives et juridiques.Les tenants de la thèse de la transition militaire pensent que seuls les militaires peuvent avoir la capacité opérationnelle et l’autorité efficiente pour encadrer, sécuriser et créer un consensus social autour de ces réformes.
Deuxièmement, il faut éviter de présenter le Président GBAGBO comme un homme qui a eu recours aux armes pour se hisser de nouveau à la tête de la Côte d’Ivoire. Lors de cette transition militaire, il aura tout le temps de réorganiser ses réseaux diplomatiques, réhabiliter son image par une communication sobre et très soignée, préparer la Côte d’Ivoire économique de demain, etc. etc. Enfin, il faut réunifier la Côte d’Ivoire, organiser le désarmement intégral, réconcilier les Ivoiriens en évitant de donner l’impression à ceux qui ont soutenu OUATTARA dans son projet d’imposture, d’être des vaincus qui subiront la vengeance de La Majorité Présidentielle (LMP). Pour toutes ces raisons, il faut une transition militaire de deux ans qui devra aussi envisager le changement de République en créant la Troisième République. Sans oublier que dans les 18 premiers mois de cette transition, aucune activité politique publique de type meeting, conférence politique ou marche, ne devra être menée par aucune formation politique ; ce qui implique le gèle de tous les partis politiques.
A cet argumentaire, s’oppose à certains égards, l’argumentaire du rétablissement du Président GBAGBO dans ses fonctions de Président de la République. Ceux qui soutiennent cette thèse pensent qu’en permettant cela, le peuple digne de Côte d’Ivoire proclame l’échec du Colon français dans sa volonté de recoloniser la Côte d’Ivoire. Au même moment, il donne un signal historique, bâtit un modèle de résistance au colonialisme et invite les peuples africains sur la voie de la Révolution Permanente.
De mon point de vue, ce schéma n’est pas à négliger. Mais pour qu’il convainque, il est indispensable dans ce cas, de donner les chantiers sur lesquels le Président GBAGBO devra travailler et avec qui. Les tenants de cette thèse ne manquent pas d’inspiration. Ils pensent comme les premiers, à un changement de République pour passer à la Troisième République. Ils évoquent l’idée d’un Régime parlementaire où le Président de la République aura des pouvoirs pour incarner certes l’Autorité de l’Etat mais il devra cohabiter avec un Premier Ministre sorti du Parlement qui devra travailler sur les chantiers du développement de proximité, de la décentralisation et de la déconcentration administrative. Les ministères de l’Intérieur, du développement local et de la Promotion de l’emploi jeunes, devront être son credo. Par ailleurs, le Président GBAGBO devra bâtir la Côte d’Ivoire nouvelle avec un nouveau modèle économique, une nouvelle orientation de la fonction militaire, une nouvelle orientation de la diplomatie ivoirienne, etc. etc. Des détails très techniques ont été donnés quant à ces propositions. Mais souffrez que je ne les expose pas ici. Et le dernier chantier non moins important, la Réconciliation des Ivoiriens avec eux-mêmes. Mais selon les tenants de la thèse du Retour du Président GBAGBO, l’Armée doit avoir un rôle prépondérant dans cette action de réconciliation, de rétablissement de l’ordre constitutionnel et de l’Autorité de l’Etat. Elle devra "clôturer la Côte d’Ivoire" avec des moyens nouveaux, des missions nouvelles et un positionnement nouveau.
Comme vous le voyez, le débat est ouvert. J’ai moi aussi une proposition. La Révolution est un processus et un challenge. Elle est non exclusive pour l’une ou l’autre des alternatives qui peuvent exister contradictoirement. Nous devons faire face à une dialectique historique. Et de mon point de vue, c’est dans la contradiction que cette dialectique de l’indépendance économique et de la souveraineté dans un environnement ouvert sur la coopération internationale trouvera tout son sens. Alors je propose un cadre révolutionnaire qui crée un Grand Conseil Révolutionnaire (GCR) à l’intérieur duquel un Conseil Militaire et un Conseil Politique devront cohabiter sous l’autorité du Président GBAGBO en tant que Président en exercice. Mais le Président GBAGBO devra utiliser les instruments juridiques constitutionnels pour créer une situation extraconstitutionnelle en vue de préparer une transition révolutionnaire devant aboutir dans les 3 années au maximum, à l’organisation d’élections anticipées, ouvertes et démocratiques. Durant cette phase de Transition Révolutionnaire, tous les grands chantiers évoqués plus haut devront être entamés, conduits à leur terme conceptuel ou opérationnel.
Il s’agit d’un "Contrat social" qui devra s’opérer dans une dynamique de changement radical. Changement de la vision du développement, changement de la diplomatie, changement du comportement politique, changement des rôles de chaque grand corps social ; bref. Il faut enclencher la Révolution Permanente et lui donner des racines pérennes. Patriote, ce n’est qu’une proposition. Le débat est donc ouvert.
A très bientôt.
Hassane Magued
Sun, 24 Jul 2011 08:22:00 +0200
Je recommande ceci