Gbagbo/CPI – L’AFP ne change pas d’épaule, mais déjà de fusil
C’est par refus de reconnaître sa défaite que Laurent Gbagbo…
Entre militants ivoiriens, blogueurs, observateurs attentifs et autres journalistes honnêtes, c’était depuis longtemps un sujet de plaisanterie amère. L’invariable formule finale des dépêches et communiqués émanant de l’Agence France Presse (AFP) pendant et depuis la crise post-électorale ivoirienne, rappelant, en substance, que la crise était liée au refus par Laurent Gbagbo de reconnaître sa défaite dans les urnes, ayant entraîné un conflit politique puis militaire. Et : 3 000 morts. (Depuis qu’un vilain jour, et sur la base de rien, Ouattara avait sorti ce chiffre qui finissait par ressembler à un score à force d’être répété comme une formule magique à l’usage non exclusif des cuistres soucieux, toujours, de conclure). L’évoquer déclenchait au choix un tchip épuisé, un regard courroucé, une tape complice sur l’épaule. Politesse du désespoir, disent certains, pour joliment définir l’humour qui fleurit, chaque fois et partout, après la désolation.
C’est par refus de reconnaître sa défaite que Laurent Gbagbo…
Depuis décembre 2010, début de la fin du plus long coup d’État jamais réalisé, à la lecture des dépêches de l’AFP – dans leur forme initiale, rapportées par les confrères comme des propos ou tout simplement copiées-collées -, ils se seront tour à tour énervé, désolé, irrité, exaspéré, ulcéré. Pas tant pour leur contenu prétendument informatif et en fait biaisé, mensonger, partial, parcellaire, malhonnête, prenant des libertés avec les faits et les propos, orientant les lectures, favorisant les méprises, semant trouble, confusion, interprétant, instrumentalisant, travestissant… mais bien à cause de cette obsédante formule aussi finale que fatale.
C’est par refus de reconnaître sa défaite que Laurent Gbagbo…
Si la crise post-électorale a eu une vertu, ne serait-ce pas celle d’avoir déniaisé les Ivoiriens, et partant, les Africains francophones, sur l’information à l’occidentale : la guerre. Une guerre où le flux d’infos compte plus que la vérité. La victoire, dans une guerre médiatique (et toutes les guerres le sont dorénavant), ne se déclare pas à l’issue de la bataille au regard du nombre de mensonges et de vérités auxquels on a eu recours. Il faut gagner. Tuer spectaculairement l’adversaire. Qui a gagné a raison. Le dernier des Ivoiriens con et honnête a compris lui aussi aujourd’hui que ce sont les vainqueurs qui écrivent mais surtout racontent l’histoire.
C’est par refus de reconnaître sa défaite que Laurent Gbagbo…
Or, mesdames et messieurs, voici, au sujet du nouveau report de l’audience du 13 août du Président ivoirien devant la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye, ce que, rapporté par le quotidien de révérence Le Monde, Dame AFP a produit en guise de conclusion :
"L’élection présidentielle de 2010, qu’il a repoussée à six reprises, l’opposait à Alassane Ouattara : à l’issue de ce scrutin, il avait été considéré comme battu par la Commission électorale indépendante et la quasi-totalité de la communauté internationale, mais déclaré vainqueur par le Conseil constitutionnel. Il avait alors refusé de quitter le pouvoir, ce qui avait entraîné une crise de plusieurs mois. Il avait finalement été arrêté par les forces d’Alassane Ouattara le 11 avril 2011 et remis à la CPI."
Si l’on omet la savoureuse omission du rôle de l’armée française dans l’arrestation du 11 avril 2011 ("C’est l’armée française qui a fait le travail", déclarera Laurent Gbagbo devant la Cpi le 5 décembre 2011), avouons que le ton est singulièrement différent. Certes, la tête de mule Gbagbo est rétroactivement (à nouveau) chargée des reports à répétition de l’élection présidentielle ivoirienne. Vases communicants entre l’amont et l’aval narratif. Ce dont on le déleste à droite, on l’en pare à gauche. C’était l’argument phare des va-t-en guerre qui obligèrent Gbagbo à organiser ces élections insensées dans un pays non désarmé et non unifié. On storytellait dans les sphères alors. L’impopulaire chrétien fanatique (et sûrement un peu génocidaire aussi, chez les Nègres, c’est commun) Gbagbo voulait pas perdre et encore moins au profit d’un Ouattara devenu musulman en même temps que "populaire" en 2002.
Nul besoin d’exégèse pour comprendre qu’on sort enfin un peu du simplisme bushien, du avec nous ou contre nous, pour l’intervention sarkotanique en Libye ou pour les pseudos massacres kadhafiens de Benghazi, pour Ouattara contre l’Ivoiritarisme… La France, par la voix de son agence de presse, reconnaît pour la première fois la possibilité d’un double résultat, puisqu’elle rappelle que Laurent Gbagbo avait, accessoirement, été déclaré vainqueur par le Conseil constitutionnel. Sans même innocemment rappeler, en sus, que celui-ci était alors dirigé par un de ses amis ? On relit plus les dépêches ou quoi à l’AFPaix ? Ô coopé-lonial organe, où sont les 3 000 morts à Gbagbo seul imputés ? Réviserait-on l’Histoire en direct à Radio Métropole ?
Comme souvent, une double tentation face à ces premiers revirements, ces premiers changements de tons :
1) saucer le coupable, l’insulter de toutes vos forces, lui faire payer un bout de ce que vous avez morflé à essayer de semer ne serait-ce que le doute depuis tous ces mois qui vont finir par faire des années si on n’y prend garde ;
2) vous avez mûri d’une crise et vous en concluez qu’on n’est plus très loin du match nul sur le plan médiatique. Mieux vaut continuer de battre le fer politique plutôt que les frères, même quand ils sont faux.
Entre militants ivoiriens, blogueurs, observateurs attentifs et autres journalistes honnêtes, c’était depuis longtemps un sujet de plaisanterie amère. L’invariable formule finale des dépêches et communiqués émanant de l’Agence France Presse (AFP) pendant et depuis la crise post-électorale ivoirienne, rappelant, en substance, que la crise était liée au refus par Laurent Gbagbo de reconnaître sa défaite dans les urnes, ayant entraîné un conflit politique puis militaire. Et : 3 000 morts. (Depuis qu’un vilain jour, et sur la base de rien, Ouattara avait sorti ce chiffre qui finissait par ressembler à un score à force d’être répété comme une formule magique à l’usage non exclusif des cuistres soucieux, toujours, de conclure). L’évoquer déclenchait au choix un tchip épuisé, un regard courroucé, une tape complice sur l’épaule. Politesse du désespoir, disent certains, pour joliment définir l’humour qui fleurit, chaque fois et partout, après la désolation.
C’est par refus de reconnaître sa défaite que Laurent Gbagbo…
Depuis décembre 2010, début de la fin du plus long coup d’État jamais réalisé, à la lecture des dépêches de l’AFP – dans leur forme initiale, rapportées par les confrères comme des propos ou tout simplement copiées-collées -, ils se seront tour à tour énervé, désolé, irrité, exaspéré, ulcéré. Pas tant pour leur contenu prétendument informatif et en fait biaisé, mensonger, partial, parcellaire, malhonnête, prenant des libertés avec les faits et les propos, orientant les lectures, favorisant les méprises, semant trouble, confusion, interprétant, instrumentalisant, travestissant… mais bien à cause de cette obsédante formule aussi finale que fatale.
C’est par refus de reconnaître sa défaite que Laurent Gbagbo…
Si la crise post-électorale a eu une vertu, ne serait-ce pas celle d’avoir déniaisé les Ivoiriens, et partant, les Africains francophones, sur l’information à l’occidentale : la guerre. Une guerre où le flux d’infos compte plus que la vérité. La victoire, dans une guerre médiatique (et toutes les guerres le sont dorénavant), ne se déclare pas à l’issue de la bataille au regard du nombre de mensonges et de vérités auxquels on a eu recours. Il faut gagner. Tuer spectaculairement l’adversaire. Qui a gagné a raison. Le dernier des Ivoiriens con et honnête a compris lui aussi aujourd’hui que ce sont les vainqueurs qui écrivent mais surtout racontent l’histoire.
C’est par refus de reconnaître sa défaite que Laurent Gbagbo…
Or, mesdames et messieurs, voici, au sujet du nouveau report de l’audience du 13 août du Président ivoirien devant la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye, ce que, rapporté par le quotidien de révérence Le Monde, Dame AFP a produit en guise de conclusion :
"L’élection présidentielle de 2010, qu’il a repoussée à six reprises, l’opposait à Alassane Ouattara : à l’issue de ce scrutin, il avait été considéré comme battu par la Commission électorale indépendante et la quasi-totalité de la communauté internationale, mais déclaré vainqueur par le Conseil constitutionnel. Il avait alors refusé de quitter le pouvoir, ce qui avait entraîné une crise de plusieurs mois. Il avait finalement été arrêté par les forces d’Alassane Ouattara le 11 avril 2011 et remis à la CPI."
Si l’on omet la savoureuse omission du rôle de l’armée française dans l’arrestation du 11 avril 2011 ("C’est l’armée française qui a fait le travail", déclarera Laurent Gbagbo devant la Cpi le 5 décembre 2011), avouons que le ton est singulièrement différent. Certes, la tête de mule Gbagbo est rétroactivement (à nouveau) chargée des reports à répétition de l’élection présidentielle ivoirienne. Vases communicants entre l’amont et l’aval narratif. Ce dont on le déleste à droite, on l’en pare à gauche. C’était l’argument phare des va-t-en guerre qui obligèrent Gbagbo à organiser ces élections insensées dans un pays non désarmé et non unifié. On storytellait dans les sphères alors. L’impopulaire chrétien fanatique (et sûrement un peu génocidaire aussi, chez les Nègres, c’est commun) Gbagbo voulait pas perdre et encore moins au profit d’un Ouattara devenu musulman en même temps que "populaire" en 2002.
Nul besoin d’exégèse pour comprendre qu’on sort enfin un peu du simplisme bushien, du avec nous ou contre nous, pour l’intervention sarkotanique en Libye ou pour les pseudos massacres kadhafiens de Benghazi, pour Ouattara contre l’Ivoiritarisme… La France, par la voix de son agence de presse, reconnaît pour la première fois la possibilité d’un double résultat, puisqu’elle rappelle que Laurent Gbagbo avait, accessoirement, été déclaré vainqueur par le Conseil constitutionnel. Sans même innocemment rappeler, en sus, que celui-ci était alors dirigé par un de ses amis ? On relit plus les dépêches ou quoi à l’AFPaix ? Ô coopé-lonial organe, où sont les 3 000 morts à Gbagbo seul imputés ? Réviserait-on l’Histoire en direct à Radio Métropole ?
Comme souvent, une double tentation face à ces premiers revirements, ces premiers changements de tons :
1) saucer le coupable, l’insulter de toutes vos forces, lui faire payer un bout de ce que vous avez morflé à essayer de semer ne serait-ce que le doute depuis tous ces mois qui vont finir par faire des années si on n’y prend garde ;
2) vous avez mûri d’une crise et vous en concluez qu’on n’est plus très loin du match nul sur le plan médiatique. Mieux vaut continuer de battre le fer politique plutôt que les frères, même quand ils sont faux.
legrigriinternational.com
Wed, 08 Aug 2012 16:47:00 +0200
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