Guinée Equatoriale / Générosité agissante en faveur des défavorisés : Le fils de Obiang Nguéma, ‘’Père Noël’’ à Malabo

L EST UN PEU PLUS de 18 heures quand notre avion atterrit à l’aéroport international de Malabo, en provenan- ce de Paris-Roissy Charles de Gaulle le 22 décembre dernier. Nous arrivions d’un Paris pluvieux et froid pour nous plonger dans un Malabo enveloppé d’une chaleur équatoriale. L’accli- matation s’est faite assez vite car le cli- mat d’Abidjan est proche de celui de l’île de Malabo. Après avoir pris nos quartiers à l’hôtel 3 De Agosto (lisez Hôtel du 3 Août) et un dîner fait de viandes cuites sur des pierres chaudes de volcan, nous décidons de nous of- frir aussitôt un Malabo by night.

QUAND LE COUPÉ-DÉCALÉ NOUS A DEVANCÉS

Nous nous déportons sur l’avenue Hassan II aux alentours de 22 heures afin de nous rendre dans une disco- thèque huppée de la capitale équato- guinéenne. Le Candy Club que le per- sonnel nous avait recommandé avait vêtu ses habits de fête. Situé entre la place de la cathédrale et le tribunal de Malabo, cette discothèque offre éga- lement une terrasse sur laquelle l’on peut allègrement profiter des douces brises du Golfe de Guinée. A l’intérieur, la sono crache d’assourdissants déci- bels sous lesquels se trémoussent essentiellement des jeunes filles. Les stars des platines, DJ Arafat et P Square. Au bout d’une heure, nous nous rendons compte que l’endroit est beaucoup plus indiqué pour tou- ristes en quête de douceurs exo- tiques. Nous quittons le ‘’Candy Club’’ pour une autre discothèque non loin appelée ‘’La Luna’’. Là, le vigile, Dominique, un jeune Ivoirien exilé en Guinée-Équatoriale depuis quelques années, nous explique que ‘’La Luna’’ avait le même profil que la précéden- te discothèque que nous venions de quitter. Dominique nous indique que si nous cherchions plutôt une ambian- ce populaire du type ‘’Rue princesse’’, il fallait nous rendre à Santa Maria.
Santa-Maria est un quartier populai- re de Malabo. Il est divisé en trois sous- quartiers, le un, le deux, et le trois. C’est à la ‘’Feria’’ de Santa Maria dos (Santa Maria 2) que nous débarquons. Ce n’est pas Yopougon, mais ça y res- semble, le ‘’nouchi’’ dans les rues en moins. Une ‘’Feria’’ est une sorte de regroupement de plusieurs ‘’caseta’’ (mini-maquis) en un seul endroit. Là encore, le Coupé-décalé fait rage. At- tablés à l’extérieur, le spectacle offert, laisse imaginer que les Équato-gui- néens aiment bien s’amuser surtout en cette période de fin d’année. Quand la tenancière de la ‘’Caseta’’ où nous étions installés apprend que nous étions des Ivoiriens, elle nous fait sa- voir tout de suite qu’elle aime bien la Côte d’Ivoire et nous demande si nous connaissions bien DJ Arafat. Elle poussera plus loin même d’ailleurs sa curiosité pour nous demander d’es- quisser quelques pas de ‘’Coupé-dé- calé’’. Rien n’y fit, nous sommes beaucoup trop gauchers des pieds pour honorer ce rythme musical. Ce- pendant, un groupe de jeunes filles a fait une démonstration qui nous a tout simplement arraché des applaudisse- ments bien nourris. ‘’Du Bobaraba’’ au ‘’kuitata’’, elles nous ont fait la preu- ve que le rythme n’avait pas de fron- tières. En raison du vol de sept heures que nous avions effectué en ce début de matinée, nous ne pouvions aller jusqu’au bout de la nuit. Il est un peu plus de 03 heures du matin quand nous regagnons notre hôtel dans un Malabo endormi. Le 23 dé- cembre, une chaleur quasi caniculai- re nous attend sur la place de la ca- thédrale à Malabo. Il y est prévu une distribution de 60.000 unités de jouets aux enfants les moins favorisés de la capitale du pays du ‘’Céiba’’ (baobab en Fang).

DEPUIS DIX ANS, EN GUINÉE ÉQUATORIALE, LE ‘’PÈRE NOËL’’ S’APPELLE TÉODORO OBIANG NGUÉMA MANGUÉ

Aux premières heures de la matinée, les enfants les moins favorisés de Ma- labo ont investi la place de la cathé- drale. Comme depuis plus de dix ans, à cette même période de l’année, les ‘’ninos’’ du pays tout entier reçoi- vent des jouets des mains de Téodo- ro Obiang Nguéma Mangué, mi- nistre de l’Agriculture et des Forêts, et aussi fils du président Téodoro Obiang Nguéma. Sur la place de la cathédra- le, la chaleur est caniculaire malgré les quelques brises marines venues des berges du golfe de Guinée qui joux-
te cette place. Mais cela ne suffira pas pour décourager les enfants qui at- tendent de recevoir les jouets qui fe- ront leur bonheur. Un peu après-midi, le ‘’papa noël’’ des enfants de Guinée- Equatoriale arrive, le pas assuré. Au- tour de Téodoro Obiang Nguéma, bé- névoles et organisateurs s’affairent fié- vreusement. «Le ministre n’aime pas que les choses traînent, surtout qu’il fait vraiment chaud. Il ne faut pas fai- re attendre les enfants davantage», nous confie un bénévole à qui nous demandons les raisons de cette agi- tation subite. Sans discours ou tout autre forme de cérémonie, le ‘’patron Nguéma Obiang’’ ouvre la séance de distribution. A ses côtés, des béné- voles, parlementaires, cadres de l’ad- ministration, et responsables de la jeu- nesse équato-guinéenne font et jouent les auxiliaires du ‘’Père Noël’’. Tout le monde met la main à la pâte, même la sœur cadette du ministre s’est fondue au milieu des béné- voles. «C’est la onzième édition cette année que le ministre offre des jouets aux enfants les moins favorisés du pays. Il n’y a d’ailleurs pas de critère de sélection, tous les enfants sont in- vités par voie de presse à se présen- ter en un lieu donné, et tous ceux qui se sont présentés reçoivent des ca- deaux. Il est bon de reconnaître que le ministre Nguéma Obiang ne lésine pas sur les moyens pour les enfants de son pays. Il est notre espoir, c’est d’ailleurs notre président d’honneur», a tenu à nous préciser Fidel Edu, président de la section Malabo de la jeunesse du Parti démocratique de Guinée Équa- toriale (PDGE) du président Téodoro Obiang Nguéma. Plus loin, une béné- vole, MichaRamatou Guere, nous indique que «la jeunesse de Malabo et celle de tout le pays en général, a conscience qu’il y a une partie des Équato-guinéens qui est sur le bas côté, mais ce n’est une raison pour l’y laisser. Voilà pour- quoi, au nom de notre engagement citoyen, nous sommes aux côtés du mi- nistre dans cet acte de cœur qui est in- commensurable». De midi à 17 heures, le ‘’patron Nguéma Obiang’’, c’est comme ça que les jeunes de Guinée Équatoriale appellent leur président d’honneur, a lui-même distribué les jouets aux ‘’chico’’ et ‘’chica’’ de Ma- labo. Après la place de la cathédrale, c’est à l’aile pédiatrique et à la mater- nité de l’hôpital de la capitale insulai- re de Guinée Équatoriale que nous nous retrouvons pour la suite de la dis- tribution de jouets. Il est arrivé qu’au détour d’un couloir, le ministre équa- to-guinéen de l’Agriculture et des Fo- rêts se fasse happer par des parents d’enfants hospitalisés. Tantôt pour lui exprimer de la reconnaissance, tantôt pour lui exposer des cas nécessitant plus de moyens. C’est aux alentours de 23 heures que la séance de distri- bution à l’hôpital de Malabo prend fin. Épuisés par cette journée marathon, nous regagnons notre hôtel, heureux d’avoir une nuit de repos.
Le lendemain 24 décembre, c’est au tour des enfants de la ville de Bata de recevoir leurs jouets. Nous quittons l’aéroport international de Malabo par un vol spécial un peu après 11 heures. Au bout de 40 minutes de vol, nous atterrissons dans la seconde ville de Guinée Équatoriale située sur la par- tie continentale du Pays. C’est au Plaz- za hôtel que nous posons nos valises avant de rejoindre la place désignée pour la cérémonie de distribution de jouets. Comme à Malabo, après la dis- tribution aux enfants bien portants, ce fut le tour de ceux de l’hôpital et en plus ceux de l’orphelinat de Bata. Il est 23 heures, quand nous regagnons notre avion spécial qui nous attend sur le tarmac de l’aéroport international de Bata. Malgré quelques turbu- lences durant le vol et des frayeurs, nous atteignons Malabo sur l’île de Bioko, saint et sauf. Nous revoilà à Ma- labo, mais la ville semble endormie en ce réveillon de Noël, les taxis et véhi- cules personnels sont rares dans la cité. Renseignements pris, notre chauffeur nous informe que la circulation est in- terdite aux voitures les veilles et jours de fête.

EN GUINÉE EQUATORIALE, LES VOITURES NE CIRCULENT PAS LES VEILLES ET JOURS DE FÊTE

Sans autorisation délivrée par le mi- nistère de l’Intérieur, tout véhicule pris en flagrant délit de circulation les veilles et jours de fêtes, dans tout le pays est immobilisé, et le conducteur est lourdement verbalisé. En effet, il y a quelques années, le président de la République de Guinée Équatoriale ayant constaté une recrudescence des accidents de la circulation pendant les fêtes de fin d’année et celle de l’indé- pendance, a décidé par décret, d’in- terdire toute circulation lors des fêtes. Seuls quelques privilégiés obtiennent des dérogations. Aux dires des Équa- to-guinéens eux-mêmes, Téodoro Obiang Nguéma a pris cette décision en raison des excès de ses concitoyens à l’occasion des fêtes de fin d’année. Et depuis lors, le 24 décembre, de mi- nuit au 25 décembre à minuit, en de- hors de quelques privilégiés, person- ne n’est autorisé à circuler en voitu- re sur les routes de Guinée Équatoria- le. Il en est de même pour la nuit du 31 décembre au 1er janvier à minuit. Heureusement pour nous, notre vé- hicule portait la fameuse autorisation qui nous permettait de pouvoir nous mouvoir dans la capitale. Première es- cale, Atépa, le quartier qui abrite le Nuevo Estadio de Malabo (nouveau stade de Malabo) ; notre guide nous invite à réveillonner dans sa famille. Après le repas, c’est en face de l’hô- tel Bahia 2 que nous nous retrouvons. Là, un maquis dirigé par une jeune femme d’origine camerounaise nous reçoit. Son réceptif a la réputation des lieux chauds de Douala et d’Abidjan également. Nous y avons passé un agréable et festif moment, sa réputa-
tion n’était donc pas usurpée. Le lendemain, pour le déjeuner de Noël, nos envies de gibier seront satisfaites au quartier San-paka. Dans ce quartier périphérique de Malabo, il y a possibilité de déguster toutes sortes de mets à base de la faune équato- riale. Crocodile, varan, antilope, agou- ti, python, tortue, vipère, pangolin, hé- risson… enfin, tout y passe sauf le go- rille. Pour le dîner, c’est le restaurant ‘’l’Entrecôte’’ de l’hôtel 3 De Agosto qui nous offre le couvert. Nous y ver- rons le gratin des hommes forts de Malabo dont Tapé Mambo Lucien. Cet ivoirien y semble désormais installé, il roule d’ailleurs en véhicule de service de Guinée Équatoriale. Nous avons pris langue avec lui, et l’homme nous a indiqué qu’il organisait pour la fin du mois de mars, un forum international
de la société civile sur le changement climatique à Malabo. Pour la bringue du soir, c’est le ‘’Maccumba discote- ca’’, dans ses habits de lumières et de fumigènes, qui nous a accueillis. Sur l’immense piste de danse, a déferlé une nuée de jeunes filles, on aurait cru que des sirènes étaient sorties du Gol- fe de Guinée pour goûter aux joies ter- restres avec les jeunes insulaires de Malabo. Dans des chaloupées à gauche, chaloupées à droite, nous avions oublié que nous étions dotés de deux pieds gauches. Aux pre- mières douces caresses matinales du soleil, elles s’étaient évaporées.

Téodoro Obiang Nguéma, et si c’était lui ?

Comme de nombreux Africains, nous avons lu et appris des choses et d’autres sur le fils de Téodoro Obiang Nguéma. Ses frasques, ses excès, et son goût prononcé pour le bling-bling. Nous sommes allés en Gui- née Équatoriale, et nous l’avons vu. L’homme aime bien prendre soin de lui. Costars coupés sur mesure, lunettes de marque, montres de luxe… enfin, tous les apparats d’un Africain qui a réussi quoi ! Nous avons eu le privilège d’entrer dans sa résidence de Bata 2, en face de celle de son père ; impressionnantes l’une autant que l’autre. Mais pendant ces huit jours passés dans ce nouvel eldorado africain, nous avons aus- si vu un homme qui a fait la preuve de son attachement aux populations de son pays. Il est jeune, 43 ans, il aurait pu rester dans l’ombre de son père comme ses autres frères et jouir de ce que la vie lui offre. Mais l’homme est pratiquement tous les jours auprès des populations, surtout les moins favorisées du pays. Il parcourt villes et villages pour apporter son soutien là où le besoin se fait sentir. Toute l’année, il est dans les moindres petits hameaux de son pays pour remplacer les toitures végétales (faites de paille ou de branches de cocotier) par des tôles en zinc. Depuis 10 ans, il offre des jouets aux enfants dont les parents n’ont pas les moyens pour le faire. Pour ses audiences quotidiennes (au ministère de l’Agriculture et des Forêts comme à la maison), c’est quasiment les mêmes sollicitations ; aider les moins nantis à supporter le coût de la vie. Nous avons également vu des milliers de jeunes gens et jeunes filles scander ‘’patron Nguéma Obiang’’ sur son passage. En homme du peuple, il n’hésite pas à descendre de son véhicule blindé pour serrer des mains et aussi recevoir des bénédictions. «C’est notre fils, il est notre espoir», nous lâche une vieille dame sur le chemin de l’orphelinat de Bata. Certains crieront à la dynastie s’il arrivait que le fils suc- céde au père. Ils ont leurs raisons. Mais et celles des peuples, qu’en fait-on ? A-t-on crié aux loups quand Georges Walker Bush est devenu président comme son père ? Par deux fois, les Américains ont confié les destinées de leur nation au fils d’un ancien président. Il sera bon de laisser les 700 000 Équato-guinéens choisir qui ils voudront à la tête de leur pays.

J.P. Oro

Malabo blues

Le 30 décembre 2011, à 23 heures, quand notre avion décolle du tarmac de l’aéroport international de Mala- bo pour Paris, un lent et douloureux déchirement nous prend au cœur et au corps. Nous quittions une ville et des hommes au tempérament assez relevé qui nous avaient donné de vivre huit jours exceptionnels. Malabo est une ville attachante et électrisante. Derrière ses craquants habits neufs de la prospérité récente, il y a une dimen- sion fondante que portent ces hommes et ces femmes dont la cha- leur des paroles égale celle de leurs cœurs. L’assourdissant tintamarre des ‘’feria’’ résonne encore dans nos têtes, nous gardons toujours vi- vaces les saveurs épicées des restau- rants de viandes de brousse de San- Paka, nous quittons un pays qui a longtemps connu la pauvreté, mais que la prospérité n’a pas grisé. Com- me un amoureux qui part à l’aventu- re et promet son retour incessant à sa dulcinée, nous avons durement et fermement promis à Malabo de re- venir un jour…

J.P. Oro

Sipopo la splendide

Ce quartier situé à une dizaine de kilomètres de Malabo est une véritable merveille architecturale. Beaucoup de chefs d’État africains ont certainement pris de la graine lors du dernier sommet de l’UA qui s’y est déroulé. Entre luxe et verdure, entre forêt et mer, Sipopo offre des activités diverses aux touristes. A côté des balades en fo- rêt, des parties de golf, l’on peut s’accorder d’agréables et tranquilles baignades dans les eaux turquoises qui bordent ce site. Sipopo comprend un hôtel 5 étoiles de 200 chambres, une cinquantaine de villas présidentielles, une clinique de 120 lits, sans oublier l’impressionnante salle de conférence. A Sipopo, le luxe n’est pas insolent, il respecte d’ailleurs la nature. Nous avons également eu le plaisir de découvrir cette île dédiée à la biodiversité. Elle est entourée d’une eau poissonneuse et dispose d’espèces végétales rares. Pour ceux qui iront à Malabo pour la CAN 2012, Sipopo est à inscrire sur leurs agendas.

J.P. Oro

Sat, 21 Jan 2012 19:55:00 +0100

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