INTERVIEW Après la sortie de son single / Gadji Céli persiste et signe depuis Paris : ‘‘Si demander la libération d’un Ivoirien c’est jeter de l’huile sur le feu, alors …’’

Gadji Céli, ce single ne sonne-t-il pas comme un acte politique pour un artiste qui se voulait uniquement chanteur?

D’abord je ne suis pas seul sur ce projet. C’est le cri d’un collectif d’artistes ivoiriens en exil. Exil dû à la situation sociopolitique de la Côte d’Ivoire. Il y’a eu la participation d’Abou Galliet, Mahély Ba, François Kency, Serges Kassy, Maga Dindin et des Djiz. Je précise que nous sommes bel et bien dans notre
rôle. Celui de l’artiste qui est le porte voix des sans voix. Que voulez vous qu’on chante d’autre, si ce n’est ce que nous vivons au quotidien? L’inspiration est divine dit-on. Cette situation a fait de nous des
artistes loin de leur famille, de leur pays. Nous ne pouvions rester muets sur le sujet de
cette crise qui a fait basculer dans l’horreur toute la population ivoirienne. Nous ne sommes pas des politiciens, nous sommes des artistes et nous avons donné notre avis sur la question.

«Libérez notre président » est-il la réponse à tout ceux qui demandent à Gadji Céli de rentrer au pays afin de prendre part au processus de réconciliation nationale?

Il est bon de parler de réconciliation par ces temps qui courent. Je n’y suis pas opposé mais par contre s’il est louable de libérer des prisonniers pro- Gbagbo comme c’est le cas en ce moment, il serait préférable d’aller à l’essentiel. J’estime que la libération du Président Gbagbo est la clef à une réconciliation véritable. Chanter la libération du président Laurent Gbagbo n’est pas un acte contre nature par rapport à la réconciliation. Ce single est donc notre contribution à la réconciliation vraie.

Exiger la libération de Laurent Gbagbo actuellement, n’est-ce pas jeter de l’huile sur le feu quand on voit que le pouvoir est en train de libérer les prisonniers en Côte d’Ivoire? Cela pourrait laisser dire à des radicaux pro-Ouattara que vous n’appréciez pas les libérations de prisonniers actuellement, ce qui constitue un geste d’apaisement?

Si demander la libération d’un Ivoirien détenu injustement dans une prison loin de son Afrique natal, c’est jeter de l’huile sur le feu, alors nous sommes loin d’un processus de réconciliation. En matière de réconciliation, aucun sacrifice n’est jamais trop énorme. Nous artistes du monde entier, nous
avons pour rôle de dire tout haut ce que le peuple pense tout bas. Nous sommes la voix du peuple. Quand je pense à une réconciliation en Côte d’Ivoire après cette énorme déchirure, à mon humble avis il ne doit pas exister de slogan "radicaux pro Ouattara" ni "radicaux pro Gbagbo". Tous les proches ou partisans ou
simplement ceux qui avaient décidé de défendre les institutions se sont retrouvés en prison ou en exil à cause de cette crise. Le retour du président Gbagbo encouragerait tous les exilés à revenir au pays avec beaucoup plus de sérénité et entraînerait la libération de tous les prisonniers politiques. Je suis sûr qu’il tiendra un discours d’apaisement à sa sortie et tous les cœurs seraient apaisés à 90% au moins.

Gadji Céli préparerait-t-il un album pour ses fans en dehors de ce single qui enchante les pro-Gbagbo?

Je chante, les gens aiment ou n’aiment pas. Je ne chante pas pour des "pro". Cela fait 13 ans que je n’avais plus sorti une seule œuvre musicale. Heureusement que l’artiste que je suis à vécu et continue de vivre de son art, j’en rends gloire à Dieu.
Autrement, je suis en studio en train de finaliser mon dernier album qui sortira d’ici peu. Je ne pouvais vous le faire déguster sans avoir auparavant fait allusion à ce qui m’a éloigné de mon pays, d’où ce Single « libérez notre président ».

Mais qu’en est-il exactement de cette affaire de stickers refusés par le BURIDA ?
(À cette question, c’est son manager Guez de Guez qui nous répondra NDLR).

Nous avions effectivement pris attache avec un distributeur à Abidjan. Ce dernier est allé se renseigner au BURIDA (Bureau Ivoirien du Droit d’Auteur) pour savoir s’il pouvait faire ‘’sticker’’ le single « Libérez Gbagbo ». Il lui a été clairement signifié que ce n’était pas possible. Mais comme le responsable du service sticker
au BURIDA vient de démentir cela, alors nous annonçons aux Ivoiriens que le single « Libérez notre président » sera dans les prochains jours sur le marché du disque en Côte d’Ivoire.

In L’Intelligent d’Abidjan
Réalisée par Jean-Paul Oro à Paris

Sun, 09 Feb 2014 12:30:00 +0100

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