Koné Katinan libéré au Ghana : Oui, le soleil se lève toujours à l’Est

Justin Koné Katinan, ministre du budget dans le dernier gouvernement du Président Gbagbo est libre de nouveau. La justice ghanéenne en a ainsi décidé, en réclamant le paiement d’une caution. Mais peu importe, Katinan est libre et cela était prévisible. « Tous les réfugiés qui sont sur le territoire ghanéen sont sous la protection de l’Etat du Ghana. Aucun parmi eux ne peut faire l’objet d’extradition. Ce n’est pas moi qui le dis. Ce sont la Constitution et les lois ghanéennes qui le stipulent». Le mardi 04 septembre 2012, au cours d’une conférence de presse, le Président John Mahama Dramani, en route pour la Côte d’ivoire, répondait ainsi à une question sur la probable extradition du ministre Koné Katinan, Porte-parole du Président Laurent Gbagbo, réfugié depuis le 11 avril 2011 au Ghana. Le lendemain 05 septembre 2012, en visite à Abidjan dans le cadre d’une tournée de remerciement aux chefs d’Etat de la sous-région pour leur présence aux obsèques de son prédécesseur John Atta Mills, le Président Ghanéen déclarait : « Le Ghana ne servira jamais de base arrière pour déstabiliser la Côte d’Ivoire… Notre désir est de voir une Côte d’Ivoire stable et prospère, côte à côte avec un Ghana stable et prospère ». Au procès attendu du 06 septembre, après que la Haute Court de Justice, la veille, s’est dessaisie du dossier pour « incompétence », le Temple de Thémis à Osu Court enfonce le clou de la prééminence du droit, reportant l’audience au 13 septembre en attendant que le pouvoir Ouattara lui fournisse les preuves de ses accusations qui fondent la demande d’extradition du réfugié politique ivoirien. Une semaine plus tard, le même Osu Court, en possession des justifications qui ont motivé la saisine de la justice ghanéenne par Abidjan, mais rédigées en français plutôt qu’en anglais, reporte à nouveau le procès prévu cette fois-ci pour le 25 septembre. Entre temps, suite à une féroce échauffourée survenue à Noé le vendredi 21septembre entre des assaillants non identifiés et des FRCI au poste qui a encore fait plusieurs morts, le pouvoir ivoirien perdant son self control, décide envers et contre toute déontologie diplomatique, la fermeture unilatérale des frontières avec l’Etat Ghanéen accusé.
« Je n’ai pas vu d’assaillants venir du Ghana », raconte le Lieutenant Sampayo, commandant FRCI de Noé, unanimement rapporté par la quasi-totalité de la presse
nationale reprenant RFI, le lundi 24 septembre. Le même jour, l’annonce de l’enlèvement rocambolesque du riche planteur Brou Adou Kpangni à Abengourou par
les FRCI avec la complicité de la CIE (électricité) de la ville, achève de convaincre
sur la gouvernance approximative du régime Ouattara malade des contraintes de sa
propre histoire. Enfin, le mardi 25 septembre, suite à plusieurs heures de débats contradictoires dignes des sociétés éclairées sur leurs droits et obligations universelles, par un verdict dépouillé de toutes suspicions, le Juge d’Osu Court a tranché : Koné Katinan est libre de ses mouvements sur sa terre d’asile ghanéenne ; le Porte-parole du Président Laurent Gbagbo ne sera pas extradé en Côte d’Ivoire ! Enfin, pas pour l’instant et comme Ouattara et son régime le veulent. Et Vlan, tel un couperet !
Pour les démocrates du monde entier, les paroles et actes forts des dernières semaines de notre tragique actualité, repris en boucle par tous les média nationaux et internationaux, constituent un grand signal d’espoir dans les horizons nouveaux de la dignité et de la souveraineté des nations africaines. Une véritable « Bataille de l’Est », pour ainsi dire, entre deux Etats voisins, dominée par l’hommage au droit et à la justice, donc à la vérité et à la dignité qui vient mettre fin à une polémique déshonorante. Cette bataille nous ramène au souvenir des paroles prophétiques exprimées par l’enseignant Lazare Koffi Koffi Lazare, alors correspondant de presse, à propos de la fête de la liberté de 1999 à Abengourou. En effet, dans un article surprenant intitulé « Abengourou, porte d’entrée de l’an 2000 pour les démocrates », publié dans Notre Voie le lundi 26 avril 1999 et cité par l’illustre Pr Sery Bailly à un séminaire sur ladite fête en avril 2010 au Palais de la Culture, Koffi Koffi analysait : « Cette année, c’est à Abengourou, dans la cité royale que les démocrates se sont donné rendez-vous pour la IXème édition de la Fête de la Liberté. On peut le dire, sans réserve : à Abengourou, cette fête, tout en gardant le même rituel des manifestations, sera différente de celle des autres années. Trois signes prophétiques permettent d’y croire. D’abord, elle est à sa 9ème édition. Le chiffre 9 a une portée symbolique et mystique. Suivant l’arithmologie pythagoricienne et les spéculations hébraïques, le chiffre 9 est un chiffre parfait parce qu’il est le carré du chiffre 3. Ce dernier chiffre, parce qu’il est impair, est considéré comme un nombre masculin symbolisant à la fois la virilité, la vigueur et la force.…les démocrates et surtout les militants du Front Populaire Ivoirien montreront qu’ils sont désormais une communauté de combattants aguerris, prêts à affronter toutes les épreuves qui ne manqueront pas aux prochaines élections générales.. Ensuite, Abengourou, la cité choisie pour abriter la fête, est située à l’est du pays. L’Est on le sait, est le point cardinal où se lève le soleil qui, triomphant des ténèbres, illumine tout l’univers en même temps qu’il éclaire les vies humaines. Les démocrates verront, dans ce signe, l’annonce de leur victoire prochaine sur la nuit de l’arbitraire et de l’injustice…. Enfin cette fête se situe en 1999, donc aux portes du troisième millénaire annoncé comme une ère de grands bouleversements. Pour les forces du progrès en marche vers la terre promise de la Côte d’Ivoire refondée, le rendez vous d’Abengourou devra être une sorte de veillée d’armes, mieux, une pâque, la dernière pâque de tous les épris de liberté et de justice…». Fin de citation.
Souvenons-nous de ce qui marqua cette période inédite des secousses militaro-politiques en Côte d’Ivoire. 99-2000 ! Bédié, Ouattara,Guéi, Gbagbo… le bout du tunnel ? Appelé lui-même à jouer un rôle au sommet de ce pouvoir de la refondation tel qu’annoncé, d’abord dans le gouvernement Affi N’Guessan dès novembre 2000, l’auteur de ces prophéties réalisées, par ailleurs historien de formation, le ministre Lazare Koffi Koffi Lazare, nommé à nouveau, suite à la dernière présidentielle du 28 novembre 2010, se trouve en ce moment, à l’instar de la quasi-totalité de ses collègues membres du gouvernement Aké N’Gbo du 06 décembre 2010, en exil forcé à Accra, au Ghana.
C’est de ce pays de Kwame N’Krumah qui sonna le premier le gong de la liberté et de la dignité des peuples africains, que nous parvient encore aujourd’hui, sans surprise, cet écho réjouissant sur la liberté et la dignité humaine. Au regard du climat néocolonial qui étouffe à présent les peuples ivoiriens désemparés, ce processus de respect des droits humains, déclenché le 04 septembre 2012 au Ghana, n’incline-t-il pas à percevoir le début de la fin du cauchemar de la démocratie bananière en Côte d’Ivoire ? En termes d’illustrations symboliques de cet horizon d’espoir, à l’instar de l’historien, notons que :
Premièrement, cette belle réplique du 04 septembre
2012, entame le retour au cours normal de l’histoire, dix ans après le dérapage tragique du 19 septembre 2002 qui aura entrainé le chaos qui perdure. Comme « fer qui coupe fer », Septembre des droits universels de l’homme vient mettre fin aux œuvres barbares de ce Septembre des antivaleurs d’effroyables sensations. Que de report en report, ce procès se soit tenu après le sombre 19 est le signe éloquent d’une bataille épique qui s’achève par la victoire de Septembre- Lumière. C’est ma foi.
Deuxièmement, le mois de septembre, 9ème mois de l’année, en plus de ses qualités masculines reconnues de virilité, de vigueur et de force qui préparent à affronter victorieusement les épreuves à venir, est aussi le signe de la maturation qui annonce la naissance par les douleurs de la mère en travail. C’est aussi ce que je crois.
Troisièmement enfin, n’est ce pas vrai que le soleil se lève toujours à l’Est ! « L’Est, on le sait, est le point cardinal où se lève le soleil qui, triomphant des ténèbres, illumine tout l’univers en même temps qu’il éclaire les vies humaines. Les démocrates verront dans ce signe, l’annonce de leur victoire prochaine sur la nuit de l’arbitraire et de l’injustice », pour ne pas répéter les mots du célèbre analyste des évènements. Les ouragans démocratiques venus de l’Europe de l’EST brisèrent le mur de la honte à Berlin et favorisèrent le retour au multipartisme pour arrêter les folies des dictatures africaines dans les années 89-90. La 9ème Fête de la Liberté à Abengourou, ville située à l’EST de la Côte d’Ivoire annonça la victoire de Laurent Gbagbo et de la Refondation en octobre 2000. On peut donc lire dans la libération du Porte-parole de Gbagbo au Ghana, à l’EST de notre pays, la levée du Soleil brillant de mille éclats, en route pour anéantir à jamais les ténèbres de l’indignité qui humilient la Côte d’Ivoire depuis le 11 avril 2011. La délivrance est plus qu’imminente.

Bibli Robert-Jonas
Enseignant
In l’alternative Quotidien d’informations générales n° 009 du Mercredi 26 Septembre 2012 – 1ère année

Wed, 26 Sep 2012 16:38:00 +0200

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