La France prête à passer à l’action au Mali

François Hollande a placé vendredi la France en première ligne dans le dossier malien, affirmant qu’elle était prête à répondre à l’offensive des "terroristes" dans ce pays d’Afrique de l’Ouest dont "l’existence même" est selon lui menacée.

Lors de ses voeux au corps diplomatique, le président de la République a répondu favorablement à la demande visant à repousser les insurgés islamistes qui occupent le nord de son ancienne colonie et sont désormais en mesure d’atteindre la capitale, Bamako.

"Des terroristes se sont regroupés ces derniers jours sur la ligne qui sépare artificiellement le nord et le sud du Mali. Ils ont même avancé et ils cherchent à porter un coup fatal à l’existence même du Mali", a déclaré François Hollande.

"La France, comme ses partenaires africains, et l’ensemble de la communauté internationale, ne pourra pas l’accepter."

Face à "une agression caractérisée", la France "répondra aux côtés de nos partenaires africains à la demande des autorités maliennes", a ajouté le président, sans faire référence aux huit otages français détenus par des activistes dans la région et qui risquent de pâtir d’une éventuelle intervention militaire.

"Elle sera prête à arrêter l’avancée des terroristes si elle devait se poursuivre", a-t-il ajouté en précisant que cela se ferait dans le cadre des résolutions de l’Onu.

Le Mali a demandé l’aide militaire de Paris pour repousser les insurgés qui ont mis en déroute jeudi les forces gouvernementales dans la ville stratégique de Konna.

Cette ville représentait le dernier rempart entre les insurgés et Mopti, la principale ville de la région qui est située à une cinquantaine de kilomètres de là et qui constitue la porte du Nord désertique.

"IL Y A URGENCE"

En évoquant une intervention armée, en accord avec les Africains, la France se met en première ligne dans un conflit susceptible de déstabiliser tout le Sahel et peut compter sur ses milliers de soldats présents dans des bases de la région, notamment au Tchad ou en Côte d’Ivoire.

Les résolutions existantes du Conseil de sécurité de l’Onu et la demande d’aide du Mali offrent un cadre légal suffisant pour intervenir, fait remarquer un diplomate français.

"On suit la situation heure par heure. On va voir si cette progression se poursuit ou pas. L’aide de la France va s’ajuster à la situation sur le terrain", a-t-elle déclaré.

Officiellement, 14 militaires français sont présents au Mali au titre de la coopération et l’Elysée a catégoriquement démenti les rumeurs faisant état de l’arrivée d’un détachement à Bamako.

Sans dévoiler la stratégie en cours, un diplomate reconnaissait que les services français étaient à l’oeuvre pour "évaluer la situation sur le terrain".

"La France ne communique pas sur les renseignements, mais bien sûr, ça se fait avec des avions", a-t-il souligné.

Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a fait savoir qu’il multipliait les entretiens sur le dossier malien avec ses homologues européens et américain, Leon Panetta.

UN "MESSAGE D’ESPOIR" POUR LE MALI

Le président malien par intérim, Dioncounda Traoré, devait pour sa part s’adresser à la Nation vendredi soir à 20h00 GMT.

Il devait rencontrer François Hollande mercredi prochain à Paris, un rendez-vous pris il y a plusieurs semaines, avant les derniers événements.

Pour l’heure, le volontarisme du président français a été salué par les ambassadeurs africains présents à l’Elysée.

"C’est un message d’espoir très important, très fort et je me réjouis de la déclaration de François Hollande. Cela donne de l’espoir", a dit l’ambassadeur du Mali, Boubacar Sidiki Touré.

Pour son collègue de la République démocratique du Congo, Ileka Atoki, "il y a vraiment une urgence car les djihadistes ont la capacité d’aller sur Bamako en quelques heures, donc c’est plus qu’une urgence".

"Au-delà du Mali, vous avez le Niger et les pays avoisinants, ça risque de se répandre comme une gangrène, il faut le stopper dès maintenant", a-t-il dit à Reuters.

Le représentant du Niger, Abderahamane Assane Mayaki, a jugé que "toute analyse objective laisse penser qu’on peut penser dans des temps relativement courts à une action sur le terrain".

Depuis son arrivée au pouvoir, en mai 2012, François Hollande a notamment annoncé un retrait anticipé des troupes françaises en Afghanistan et fait de la France le premier pays à reconnaître l’opposition syrienne comme interlocuteur légitime.

Une intervention au Mali illustrerait sa volonté, réaffirmée vendredi, de faire de 2013 une année "d’initiatives de paix plus audacieuses" mais est lourde de risques pour la France.

Reuters

Fri, 11 Jan 2013 15:41:00 +0100

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