La réponse du Réseau International des Exilés Politiques Ivoiriens (RIEPI) à ouattara

Monsieur le Président,

A l’occasion de la cérémonie de présentation des vœux de nouvel An, vous avez lancé un appel à tous les ivoiriens civils et militaires vivant en exil, leur demandant de rentrer au pays pour participer à la construction de la nation. Au nom du Réseau International des Exilés Politiques Ivoiriens (RIEPI), permettez que j’exprime notre réaction à votre offre. Mais avant, j’ai l’honneur et le plaisir de vous adresser, mes vœux de meilleure Santé, de parfaite sécurité, de bonne gouvernance, de justice équitable et de prospérité pour 2013.
Pour votre Santé, Monsieur le Président, je souhaite que vous soyez bien portant tout au long de cette année 2013. Mieux qu’en 2012, pour avoir longue vie. Car le meilleur est pour la fin !

Pour votre Sécurité, Monsieur le Président, je forme le vœu de vous voir construire une infranchissable clôture de béton armée tout le long des frontières Est & Ouest du pays pour vous prémunir des escarmouches financées et organisées, selon les dires de vos sécurocrates, par les exilés ivoiriens vivant au Libéria et au Ghana. Les manœuvres militaires conjointement menées avec l’armée libérienne et celles dont vous n’avez finalement pu discuter avec le Président Mahamat Dramani du Ghana en marge de son investiture, ne suffiront certainement pas à décourager ces ‘’exilés désespérés’’ qui veulent ‘’déboulonner’’ votre trône par tout moyen. Clôturez donc votre Côte d’Ivoire ! Mais n’oubliez pas de vous aménager une petite trappe de sortie. Une ‘’cloturette’’ de 3 rangées de briques côté nord conviendrait parfaitement…Vous pourriez aisément l’escalader en temps voulu car s’aménager une issue de secours par ces temps d’insécurité récurrente est toujours bien malin !

Pour votre bonne gouvernance, Monsieur le Président, je forme le vœu de vous voir aller plus loin dans votre politique d’épuration ethnique de l’administration centrale. Chassez tous les ‘’Boussoumanis’’ de l’Administration centrale. Vous ne vous porterez que bien mieux ! Surtout, ne vous essayez plus jamais aux appels à candidatures pour les postes de direction stratégiques comme la RTI, la Douane, les Impôts et le Trésor public…Comme l’a fait votre prédécesseur. Vous n’y êtes pas obligé. Mais également, je forme le vœu de vous voir réussir votre innovante politique de passation de marchés gré à gré pour des projets publics importants dont les financements excèdent 100 milliards de F CFA. C’est sûrement l’une des conditionnalités de vos bailleurs de fonds. C’est ainsi que vous renforcerez l’émulation entre entreprises du secteur privé. C’est ainsi que vous garantirez la libre concurrence. C’est ainsi que vous réduirez les coûts et les délais d’exécution des marchés publics. C’est ainsi que vous éviterez les surfacturations. C’est encore ainsi que vous donnerez la preuve de votre bonne gouvernance à Christine Lagarde qui vous le recommande !

Pour votre justice équitable, Monsieur le Président, je rappelle que dans la nuit du 31 décembre dernier 63 personnes ont trouvé la mort dans une bousculade au plateau. Ils venaient d’admirer les feux d’artifices organisés par le gouvernorat de la ville d’Abidjan dont la sécurité était assurée par le Ministère de l’intérieur comme tous les évènements d’envergure. Suite à une enquête du parquet, le procureur de la République annonce des poursuites judiciaires contre les auteurs présumés des faits relevés.

Monsieur le Président, le gouverneur Robert Beugré Mambé qui avait été accusé par le Président Laurent Gbagbo de manipuler les données pré électorales en votre faveur et relevé de ses fonctions de Président de la Commission électorale en février 2010, a été entendu par les enquêteurs parce qu’il est le maitre d’ouvrage de la fête des lumières. Le Ministère de l’Intérieur est le maître d’œuvre du volet sécuritaire de cet évènement pour lequel le procureur incrimine l’insuffisance des forces de l’ordre sur les lieux du drame comme étant l’une des 4 principales raisons ayant causé mort d’Hommes. Mais le Ministre de l’intérieur n’a pas été entendu par les enquêteurs qui du reste sont des agents du dudit ministère. Le Parquet, osera-t-il demandé la comparution du Ministre de l’intérieur en faisant usage de son droit d’indépendance ?

Monsieur le Président, ne permettez surtout pas que votre dynamique Ministre de l’Intérieur soit entendu ou appelé à la barre au titre de la promotion d’une justice équitable pour tous dans votre pays. Soyez ferme ! Ne permettez pas que votre collaborateur soit fragilisé !

Par ailleurs, Monsieur le Président, ne vous hasardez surtout pas à faire juger un seul chef de guerre. Encore moins, leur chef rebelle civil Guillaume Soro qui depuis quelques temps sentant le danger rôdé, est soit en conférence à New York, en Chine, à Bruxelles ou est barricadé à Ferké…Bien entouré des siens dans l’attente de son heure. Vous vous souvenez bien qu’en 1992, lorsque Gueï Robert, alors chef d’état major et ses troupes avaient été mis en cause par la Commission d’enquête ‘’Camille Oguié’’ pour avoir maté et violé des étudiantes à la cité de Yopougon, Houphouët avait rétorqué « je ne retournerai jamais mon propre couteau contre moi ». Répondant ainsi à l’exigence de sanctions exemplaires réclamées par l’opposition conduite par un certain Laurent Gbagbo. Vous avez bien appris du Président Houphouët dont vous avez été le seul Premier Ministre. Faites donc comme lui. Malgré les vociférations de Human Rights Watch, Amnesty International, des Nations Unies, de la CPI et du Département d’état Américain…Ne vous exécutez surtout pas. Bien au contraire, veillez à la séparation des pouvoirs dans votre pays en donnant ordre à la justice de libérer à compte gouttes sans un début de procès, ceux des opposants qui vous paraissent moins politiques et plus dociles…comme Aké N’gbo, Désiré Dalo, Mahan Gahé, Christine Adjobi, Jean Jacques Béchio…parce que 6 milliards d’euros ne s’obtiennent pas sans conditionnalités ainsi que l’a précisé Christine Lagarde devant le parlement monocolore de votre pays. Vous le savez mieux que quiconque…Vous étiez haut fonctionnaire du FMI.
Monsieur le Président, Gardez surtout au ‘’frais’’ dans vos camps de concentrations, en guise de monnaie d’échanges ceux d’entre vos prisonniers qui sont plus politiques comme Affi N’guessan, Simone Gbagbo, Bro Grégbé, Michel Gbagbo, Alcide Djédjé, Abdramane Sangaré…pour faire du chantage au FPI afin qu’il soit obligé de participer aux élections régionales du 24 février 2013 visant à donner l’onction démocratique qui fait toujours défaut à votre régime. Là aussi, vous le savez mieux que quiconque, c’est une conditionnalité des bailleurs de fonds qui ne lâcheront pas un seul centime des 6 milliards d’euros de promesses de financements sans la participation de l’opposition à la gouvernance. Le coup de main médiatique de Madame LAGARDE, n’y changera rien. Si ce n’est de la poudre aux yeux de vos suiveurs d’Abobo.
Même s’il est fort à parier que le Front Populaire Ivoirien ira à la soupe pour si peu, insistez, persistez, espérez et rêvez…Car la vie se nourrit d’espoirs et de rêves !

Monsieur le Président, Pour votre Prospérité, poursuivez cette politique de ré-endettement de la Cote d’Ivoire dans laquelle l’argent emprunté travaille et circule ailleurs. Poursuivez cette politique à fond car de toutes les façons, ce n’est pas vous qui rembourserez. Seul bémol cependant ! Nous, nos enfants et petits enfants, devrions alors nous acquitter d’une lourde dette de 6 milliards d’euros involontairement contractée. Qui aura juste transité chez nous, sous l’imposante clôture de l’Université de Cocody et sous l’asphalt de quelques macadams de routes liftées… pour aboutir aux vrais destinataires du jackpot au village voisin qui ont eu le nez creux à investir dans votre projet herculéen, il y a 10 ans déjà !

Pour en venir à votre invitation, à l’endroit des exilés, permettez nous de faire remarquer que votre offre reste totalement muette sur la question des mandats d’arrêts en cours, la situation des biens mobiliers de nombreux exilés encore occupés par vos forces, l’état des comptes bancaires de plusieurs exilés injustement mis sous scellés, le sort des exilés victimes de votre politique de rattrapage ethnique, la situation des étudiants bannis des Universités, la question du libre exercice des activités politiques en Côte d’Ivoire, le sort de l’ensemble des prisonniers politiques et militaires et le statut des FDS radiés des rangs de l’armée nationale.

Le 13 avril 2007, pour apaiser les cœurs et conforter le dialogue avec ses jeunes frères du nord qui avaient pris les armes le Président Laurent Gbagbo avait promulgué, par ordonnance une loi d’amnistie couvrant la plupart des crimes commis au cours de la crise politique et militaire qu’a connu le pays depuis septembre 2000. Etaient amnistiées « les infractions contre la sûreté de l’Etat et la Défense nationale » ainsi que les « faits relatifs aux opérations de défense des Institutions républicaines menées par les Forces de Défense et de Sécurité. » Le pays était coupé en deux depuis la tentative de coup d’État de septembre 2002, le sud étant contrôlé par le gouvernement légal du Président Gbagbo et le nord par une coalition de groupes armés proches de vous, appelée les Forces Nouvelles et dirigée par Guillaume Soro. Cette mesure d’amnistie visait à accélérer le processus de réconciliation nationale.

Pour mémoire, je rappelle qu’à aucun moment, Guillaume Soro n’a prononcé une seule parole de compassion et de regrets, avant de bénéficier de cette clémence de Laurent Gbagbo. Et pourtant ? Que de massacres ! Que de morts innocents ! Que de viols commis par Guillaume Soro et ses hommes ! Que de cœurs meurtris par votre rébellion ! Mais que voulez vous, Laurent Gbagbo a appris de Houphouët Boigny que « la Paix n’est pas un vain mot, mais un comportement ». Il a appris que c’est celui qui est au pouvoir qui fait le sacrifice de l’orgueil. Il a compris que c’est celui qui est au pouvoir qui recherche obstinément la Paix pour la tranquillité de son peuple. Car c’est à lui que profite avant tout, la Paix acquise. Alors Laurent Gbagbo a tout donné pour avoir la Paix. Y compris le Poste de Premier Ministre, les ¾ du Gouvernement et même la Commission électorale qui fera de vous, le Président de la République de cette Côte d’Ivoire qu’il a fallu que Guillaume Soro divise en deux pour assouvir la soif de pouvoir de son ordonnateur que vous demeurez.

Monsieur le Président, Depuis votre prise de pouvoir, le 11 Avril 2010, les comptes bancaires des vaincus sont scellés. Les vaincus qui sont pour la plupart sous le coup de mandats d’arrêts, vivent dans la misère totale en exil. Leurs résidences occupées de force à Abidjan par les vainqueurs. Pire ils sont traqués dans leur refuge dans les pays frontaliers en émettant des mandats d’extradition.

Pendant ce temps, au pays c’est la discrimination totale, ceux qui prennent le risque de rentrer et qui veulent intégrer l’Administration centrale sont licenciés si ce n’est leur victoire aux appels à candidatures qui ne leur sont déniées comme dans mon cas pour la direction générale de la RTI.

Dans un pays dit démocratique, le pouvoir interdit les meetings des groupements politiques de l’opposition significative. Alors que le meeting politique demeure le seul mode d’expression pour ces partis politiques interdits d’antennes sur les médias d’état. Ces partis ne sont pas non plus présents à l’hémicycle et au gouvernement comme ne l’était le RDR en 2002 quand Soro Guillaume a entrepris votre rébellion armée pour contraindre Laurent Gbagbo à la table de discussion.

Sans vouloir justifier les actes répréhensibles de ceux qui prennent les armes et attaquent votre pays, il nous faut analyser cette attitude suicidaire et héroïque du sacrifice suprême d’une partie des fils de ce pays, à la lumière de l’histoire récente de notre nation pour tenter d’y trouver un remède adéquat et durable.

Depuis l’attaque du commissariat du 17ème arrondissement de Yopougon le 4 Août 2012 qui a fait 6 morts et celle du camp Akouédo le 5 Août 2012 qui a fait 11 morts, les FRCI sont canardés sans répit. Le commando auteur de ses escarmouches parait bien entrainé et déterminé à en découdre. Puisqu’il attaque toujours avec le moins de pertes possibles dans ses rangs et le maximum d’armements emportés. Au total, ce sont un peu moins d’une centaine d’hommes que les FRCI ont perdu sur l’ensemble du territoire.

Monsieur le Président, cette situation intenable qui vous oblige à la mise en alerte permanente des troupes nous parait beaucoup plus profonde que vous ne le faites croire. Il y a lieu que votre gouvernement s’y attarde plutôt que de continuer à botter en touche par des effets d’annonce à vocation de propagande politique. Votre offre ne paraitra crédible aux yeux de l’opinion nationale et internationale que si elle prend en compte l’ensemble de ces questions d’intérêt national.
Asseyons-nous et discutons pour sauver notre Nation en perdition !
Bonne et Heureuse Année à la Cote d’Ivoire qui nous manque tant !
Pour le Réseau International des Exilés Politiques Ivoiriens (RIEPI)

Le Porte Parole
Armand Gérard Obou
Ingénieur Expert en économie numérique
Auteur littéraire
Libre Citoyen ivoirien en exil

Mon, 14 Jan 2013 18:37:00 +0100

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