L’âme en paix

Décidément, les anciens pensionnaires du camp incendié de Nahibly, n’auront pas de si tôt une alternative rassurante face à la violence dont ils sont devenus les victimes privilégiées. Une semaine après la tragédie qui a occasionné au moins 211 morts en leur sein et contraint plusieurs milliers d’entre eux à s’en fuir vers une destination inconnue, une mission du gouvernement, conduite par le ministre Gilbert Kafana Koné, s’est rendue enfin à Duékoué, le weekend dernier. Le message délivré par cette délégation, lors des échanges avec les différentes communautés, se résume principalement à la fermeture des camps des refugiés et au retour, dans leurs villages respectifs, de tous les déplacés de guerre. Plus question, assurent les représentants du gouvernement, qu’un Ivoirien, dans son propre pays soit encore en situation de refugié. Aussi, en dépit des alertes et des menaces sur la vie des populations autochtones, des convois vers les villages seraient déjà en train d’être organisés par les représentants locaux de l’Etat, sans attendre d’aborder le fond des questions sécuritaires. Des personnes étrangères à la région de l’ouest, se ont découvert, à la faveur de la guerre dans la région, une âme de colonisateurs et chassent, depuis 2002, les propriétaires terriens aussi bien des villages que des plantations. Le gouvernement est sans ignorer que ce sont les assassinats systématiques orchestrés par des chefs miliciens, dont le Burkinabé Amadé Ourémi, qui ont poussé les populations autochtones de l’ouest à emprunter le chemin de l’exil interne. Vouloir les réinstaller sans s’attaquer aux causes qui font d’eux des refugiés sur leurs propres terres accrédite l’hypothèse que la présence de ces hommes et de ces femmes au camp de Nahibly étaient devenue insupportable au regard du gouvernement. L’incendie criminel du 20 juillet dernier lui a donc offert le prétexte de mettre à exécution ce qui apparait comme un plan secrètement muri. Cela frappe d’évidence d’autant qu’après plus d’une semaine, et malgré la promesse d’une d’impunité en Côte d’Ivoire, aucun des pyromanes du camp n’a encore été interpelé. Au moins en tant que témoin, M. Adama Dembélé, le chef de la communauté, malinké devrait être entendu. Il affirme en effet, dans un propos confié au journal « Le Patriote », qu’il était sur les lieux et qu’en compagnie des autorités locales, il a tenté d’empêcher les jeunes qui sont venus de son quartier, venger la mort des leurs. « Je suis moi-même allé informé le préfet et d’autres autorités pour tenter de les raisonner. Nous n’avons pas pu. Nous les avons suivis quand même espérant les arrêter. Le corps préfectoral s’est même constitué en bouclier y compris moi-même pour ne pas qu’ils entrent dans le camp. Mais ils nous ont contournés. Nous n’avons pu rien faire. » Propos d’Adama Dembélé dans Le Patriote des samedi 28 et dimanche 29 juillet. Avec ces témoins de grand relief il est étonnant qu’aucune interpellation n’est été jusqu’à ce jour opérée au quartier cocoma qui de surcroît est celui de la communauté de Dembélé. Le gouvernement se montre capable de célérité lorsqu’il s’agit de rejeter dans la jungle, vers la violence mortelle, des populations qui cherchent protection et assurance auprès de lui, mais inactif dès que les partisans du pouvoir s’exposent à la rigueur de la loi. Ce qui nous ramène invariablement à la même leçon : nous somme, avec Alassane Ouattara, sous un régime à gouvernance variable. Même si pour les besoins de la communication, il proclame à l’étranger que sa politique est au service de tous les Ivoiriens.

Dékos Badaud in Aujourd’hui

Mon, 30 Jul 2012 21:24:00 +0200

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