LE RATTRAPAGE ETHNIQUE OU LA NÉGATION DE LA NATION IVOIRIENNE

Le rattrapage ethnique résume la philosophie politique des mandingues qui ont pour leader politique Alassane Ouattara. La philosophie politique est en fait la
branche de la philosophie qui étudie les questions relatives au pouvoir politique, à l’État, au gouvernement, à la Loi, à la politique, à la justice et au bien commun. Avec Houphouët Boigny et la Loi-cadre, il fut question d’autonomie des colonies, de la
participation des Africains aux affaires de leur pays aux côtés des français. Avec Bédié, vit le jour le concept d’ivoirité. Laurent Gbagbo choisit de lutter pour la souveraineté politique, économique, monétaire des nations africaines francophones. Si Houphouët et Bédié s’évertuèrent à jeter les bases de la nation ivoirienne, l’objectif principal de Laurent Gbagbo est de consolider la démocratie ivoirienne, en créant des Institutions fortes et indépendantes. La nation se caractérise, avant tout, par la conscience de son unité et la volonté de vivre en commun. Lorsque la nation est gouverné par un État, cet organe juridique représenté par un gouvernement et une administration organise la société conformément à la Constitution. L’État oeuvre à l’unité, en favorisant la volonté de ses citoyens à vivre ensemble. Les Institutions de la République se doivent alors d’être au service de tous, sans distinction de race, d’ethnie, de religion. En prônant le «Rattrapage ethnique», les fondements de la nation ivoirienne sont sapés, voire niés, puisque les mandingues acquis à la cause
d’Alassane Ouattara disent clairement à la face du monde, comment ils entendent exercer le pouvoir conquis au moyen de la force, et non par la voie des urnes (Nous ne connaissons pas jusqu’à ce jour le vainqueur des élections ivoiriennes qui ont
opposé leur leader au président Laurent Gbagbo). Les Institutions de la nation ivoirienne ne sont plus au service du peuple ivoirien mais d’une ethnie, d’un peuple, ainsi que la violence physique légitime dont tout État a le monopole. En Côte d’Ivoire, nous sommes désormais face à un royaume, une Cour où règnent les partisans d’Alassane Ouattara qui ont une origine commune. Ils détiennent le monopole de la violence physique et l’exercent dans le but d’assujettir les autres tribus à leurs règles, à leurs us et coutumes. La démocratie n’est alors qu’un vain mot, puisque la souveraineté n’est acquise qu’aux fils du mandingue partisans d’Alassane Ouattara et de sa philosophie politique: “Le rattrapage ethnique”. Nous sommes amenés à nous demander concrètement: quel est le retard accusé par ces derniers sur les ivoiriens? Les faits et les discours de leurs représentants nous indiquent clairement qu’il ne s’agit pas d’un retard qui concernerait les fils du Nord et du Sud de la Côte d’Ivoire. Leur refus de respecter le tracé des frontières administratives héritées de la colonisation, en affirmant, tout haut, que la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso forment, par exemple, une même nation, démontre que sont présents dans le gouvernement ivoirien, les fils du mandingue nostalgiques de la Fédération du Mali dont le leader fut Modibo Kéïta. Le leader politique ivoirien Houphouët Boigny est accusé d’avoir fait échouer avec l’aide des français ce projet fédéral qui aurait fait de toute l’Afrique de l’Ouest une seule nation, les États- Unis d’Afrique. Cette accusation est paradoxale puisque les mêmes français, après avoir permis à Houphouët de « balkaniser » l’Afrique francophone, aident aujourd’hui un fils du Mandingue, Alassane Ouattara à s’installer en Côte d’Ivoire, et à jeter les bases de la nouvelle Fédération du Mali. Alassane, descendant de l’empereur Sékou Ouattara (1655-1745) fondateur de l’empire Kong à cheval sur le Mali, le Ghana, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire n’est pas en réalité fils de la princesse Yennega, la mère des Mossis, c’est un mandingue. Houphouët bouc-émissaire des français est accusé à tort: la Fédération du Mali échoua parce que la vision politique de Modibo Kéïta n’était pas simplement partagée par De Gaulle. Il suffit d’analyser ce discours prononcé par Modibo, leader du Mali le 30 juin 1962. Il déclare: “ L’histoire nous enseigne que le pouvoir politique s’accompagne toujours et nécessairement du droit régalien de battre monnaie, que le pouvoir monétaire est inséparable de la souveraineté nationale, qu’il en est le complément indispensable, l’attribut essentiel. Pouvoir politique et pouvoir monétaire ne sont donc, à dire vrai, que les aspects complémentaires d’une seule et même réalité : la souveraineté nationale.
Or, vous savez comme moi que malgré son accession à l’indépendance, le Mali se trouve encore dans une position d’étroite dépendance économique vis-à-vis de l’expuissance coloniale. (…) Point n’est besoin d’être économiste pour savoir que la monnaie, au niveau national, est à la fois la garantie de liberté, et mieux encore, un instrument de puissance”. Ces propos tenus 40 ans après par Laurent Gbagbo a failli lui coûter la vie puisque Sarkosy, fils spirituel de De Gaulle a eu à bombarder sa résidence, et à l’enfermer à la Haye. Houphouët, ne l’oublions pas, fut la risée des fils du Mandingue et de Senghor qui qualifia les acquis de la Loi-cadre de 1956, de joujoux et de sucettes. Le leader ivoirien avait choisi de bâtir la nation ivoirienne avant d’emprunter la voie de la Fédération ou de la Confédération, puisque jusqu’à ce jour chaque nation africaine est confrontée à des problèmes internes qui restent un
frein à la construction même de l’État-nation. Les faits lui donnent raison. Modibo Kéïta, fort d’un peuple mandingue uni qui confessait une seule foi (l’Islam), voulait construire une Fédération. Les 60 ethnies qui peuplent la Côte d’Ivoire n’étaient pas encore prêts à connaître une telle aventure politique, Houphouët en était conscient., et ne peut être accusé de traître. Les crises internes auraient été suscitées au sein de la Fédération quand aurait été posé le problème crucial du découpage électoral et des représentants des peuples au sein d’un Parlement fédéral: on a vu pratiquement tous les mandingues du Nord de la Côte d’Ivoire (heureusement de faible densité), voter
Alassane Ouattara, un fils du mandingue, et non Laurent Gbagbo. Le panafricanisme ne doit pas être un monde politique virtuel; il nous faut tenir compte de l’aspect, pragmatique des choses, des réalités politiques au sein d’une nation ou des mandingues pensent mandingue au lieu de penser d’abord nation ivoirienne.
Houphouët fut simplement un homme politique pragmatique qui savait reculer, bander son coeur, et accorder le temps au temps, tel est son opposant historique Laurent Gbagbo qui n’a pas fait usage des armes pour accéder au pouvoir. Les français soutiennent le “Rattrapage ethnique” conscients du fait qu’une telle théorie politique ne pourra jamais faire de nous une Nation, puisque c’est seulement dans le
cadre légal que l’homme africain peut entrer dans l’histoire et négocier des accords gagnant-gagnant comme le souhaite Laurent Gbagbo.

Isaac Pierre BANGORET (Écrivain)

Mon, 08 Oct 2012 05:36:00 +0200

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