Lettre ouverte à Alassane Dramane Ouattara « votre ingratitude a doublement tué IB »

Monsieur le Président, votre ingratitude a doublement tué Ibrahim Coulibaly (IB)

Je me permets ici de parler du « Général » Ibrahim Coulibaly, plus connu sous le pseudonyme de IB. Certes, je ne le connais pas personnellement, mais j’ai eu à l’apprécier au vu de ce que m’a rapporté mon frère Lucas – qui l’a côtoyé. Après réflexion, il m’a paru nécessaire de vous adresser cette lettre ouverte. Parce qu’IB a toujours montré sa dévotion et sa loyauté envers vous. Alors que vous, Monsieur le Président, vous êtes demeuré ingrat avec lui.
Le général Ibrahim Coulibaly dit « IB » le répétait à qui voulait l’entendre qu’il était guidé par un idéal : mettre fin à « l’ivoirité », concept créé par le président Bédié catégorisant les Ivoiriens en deux groupes : les vrais Ivoiriens et les faux Ivoiriens. Mais, en vérité, c’est plutôt sa loyauté à votre endroit qui saute aux yeux. En effet, en 2000 quand le général Guéi, en tant que Chef d’Etat, avait maille à partir avec vous, IB vous a choisi, malgré sa nomination par le régime du général Guéi et les avantages y afférents. Il a non seulement continué le combat, mais il vous est resté fidèle. Lisons à cet effet, cet extrait de l’hebdomadaire « Jeune Afrique –L’Intelligent » N° 2088 du 16 au 22 janvier 2001, à la page 21 : « Nommé en août 2000 attaché militaire auprès de l’ambassadeur de Côte d’Ivoire au Canada, il a abandonné son poste quelques semaines plus tard. Sa présence a été signalée ces trois derniers mois à Bamako et, surtout, à Ouagadougou, où il semble avoir trouvé l’hospitalité ».
Monsieur le Président, vous n’avez jamais voulu assumer votre rôle dans le combat mené contre du régime de Gbagbo. C’est IB qui a toujours accepté de prendre les pots cassés. En effet, après la tentative du coup d’Etat du 7 et 8 janvier 2001, dans le même hebdomadaire ci-dessus cité page 21, le Ministre de l’Intérieur dans le régime du Président Gbagbo, M. Boga Doudou disait à l’endroit de IB : « Nous avons lancé un mandat d’arrêt contre lui pour désertion de poste ».

Et c’est encore IB qui, le 19 septembre 2002, conduit le mouvement insurrectionnel qui va par la suite devenir la rébellion. La lutte de la rébellion va conduire aux Accords de Marcoussis. Ces accords vont vous permettre de vous repositionner. Mais lorsque vous obtenez gain de cause, IB deviendra pour vous l’homme à abattre. Ainsi, le 17 août 2003, la DST française va l’arrêter avec votre complicité. La journaliste française d’investigation Leslie VARENNE (auteure du livre Abobo, la guerre, Côte d’Ivoire : terrain de jeu de la France et de l’ONU) le mentionne à la page 193 : « Il y avait eu un deal pour m’évincer de la rébellion. »
Par la suite la journaliste notera : « (…) Il cite les noms de tous ceux qui ont participé à son éviction : Blaise Compaoré, Alassane Ouattara, Dominique de Villepin, Nathalie Delapalme et Salif Diallo ».
Pire, on note à la page 194 vos propos rapportés : « (…) après son arrestation à Paris, Alassane Ouattara est allé à la rencontre des chefs de guerre et leur a dit : IB en a pour vingt-cinq de prison. À partir de maintenant, le vrai chef c’est Soro ».
Malgré votre trahison de 2003, IB vous est toujours resté fidèle. Mieux, il est resté au service de la cause. En effet, pendant que vos soldats de FRCI (Forces Républicaines de Côte d’Ivoire, que vous avez créées par décret le 17 mars 2011) se faisaient laminer par les soldats de Gbagbo, c’est encore IB qui mettra sur pied le « Commando invisible ». Leslie Varenne écrira : « Pendant les combats contre l’armée de Laurent Gbagbo, ce commando n’avait pas déploré plus de dix morts dans ses rangs » .
Certes, IB a été naïf de croire en vous et de demeurer loyal envers vous. Mais c’était sa nature. Car lorsqu’il se rendra compte de votre ingratitude, c’était déjà trop tard. Par contre, le général IB a tenu à ce que le monde entier vous découvre, notamment votre ingratitude vis-à-vis de lui. Cet extrait rapporté par Leslie Varenne dans son même ouvrage, à la page 195, est assez éloquent et parle seul:
« IB saisit son téléphone et, devant, toute la troupe rassemblée, appelle Dominique Ouattara. Il parle haut et fort : Maman, tu entends le bruit des armes ? Ton mari et Soro envoient leurs hommes pour nous tuer ».
Effectivement, ce même jour du mercredi 27 avril 2011, à 19 heures, IB et cinq de ses compagnons dont son petit frère Soualio étaient abattus par vos FRCI.
IB était un grand homme.

Kouakou Yao Lazare
kouakouyaolazare@yahoo.fr

Thu, 19 Jul 2012 21:00:00 +0200

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