Litige foncier à Dabou: Les populations d’Orbaff sur le pied de guerre

Atmosphère lourde et calme précaire à Orbaff, localité située à 12 km de Dabou lorsque nous foulons le sol de ce terroir du Leboutou, ce mardi 20 mars 2012 à 10h. “Les gens veulent prendre notre forêt, notre seul héritage que les patriarches ont laissé. Ils ne l’auront pas. Même s’il faut mourir pour cette forêt, on va le faire. Il n’y a plus de forêt vierge ici”, lance Essis Lil Martin, un jeune du village, entouré de ses camarades de génération. Il donne aussi le ton de l’ambiance qui prévaut en ce moment à Orbaff , réputé village le plus peuplé de Dabou avec près de 20000 habitants. Les jeunes du village s’opposent depuis février dernier à l’exploitation de la forêt déclassée de M’Bebo, d’une superficie de 33000 ha par M. Koné Yves Ibrahima, un opérateur économique, selon les informations recueillies sur place. Le comité de crise mis en place et dirigé par Akpa Jonas alias Abou indique que cette forêt litigieuse a été déclassée depuis 1951 à l’initiative de leur patriarche, Affi Sié Joseph. “Depuis l’époque coloniale, nos arrières grands parents ont fait des plantations de cacao, de café, de palmier à huile. Nous avons continué avec la culture de l’hévéa qui permet de subvenir à nos besoins vitaux. A notre grande surprise, M. Koné Yves et ses manœuvres apparaissent dans cette forêt en octobre 2011 et abattent nos plants. Face à ce mépris, nous avons saisi nos patriarches et le chef du village pour savoir qui a permis à ce Monsieur d’accaparer nos terres. Ceux-ci nous ont dit que M. Koné Yves a des lettres d’attribution du ministère des Eaux et Forêts. Nous sommes scandalisés et nous ne pouvons pas accepter que notre forêt soit vendue à notre insu”, a indiqué Akpa Jonas, président du comité de crise. Exaspérés par cette situation, les jeunes d’Orbaff mettent fin aux travaux sur la forêt litigieuse en février en confisquant le matériel. A la suite d’une médiation menée par le préfet de Dabou, le matériel est restitué à M. Koné. “Mais quelle ne fut notre surprise de les revoir en train de travailler dans cette forêt. Il y a même une dame qui faisait une exploitation du bois de charbon. Pour mettre fin à ces agissements, nous avons fait une descente sur les lieux. On a détruit les piquetages. Les manœuvres qui ont été informés de notre arrivée, ont pris la clé des champs. Désormais, tant que les autorités ne viennent pas nous dire qui a vendu notre forêt ici, il n’y aura plus d’exploitation”, s’est voulu catégorique le président du comité de crise. Les jeunes ont avoué avoir démis le chef du village le lundi 19 mars dernier à la suite de la descente des éléments des Frci puissamment armés, ce jour-là, dans le village pour les intimider. “Ce n’est pas moi qui ai appelé les FRCI. J’ai simplement appelé le préfet pour l’informer que des jeunes ont arraché 50.000 FCFA et les attributs à un patriarche qui se rendait en ville. Ils menaçaient. Je trouve cela aberrant. Ce n’est pas comme cela qu’il faut revendiquer. Je n’ai pas vendu cette forêt. Une enclave de 1200 ha a été donnée au village. Et donc, c’est le préfet qui a envoyé les FRCI… Comment je peux envoyer les FRCI contre mes parents ?”, s’est indigné le chef du village M. Mélèdje Marcel. Pour qui M. Koné Yves qui détient des documents administratifs doit exercer librement sur la forêt litigieuse. Tout en ne reconnaissant pas sa destitution, il se dit prêt à offrir ses bons offices pour que M. Koné Yves Ibrahima dédommage les plaignants. Joint hier par téléphone, M. Koné Yves a soutenu qu’il détient une attribution du ministère des Eaux et Forêts pour exploiter la forêt de M’Pebo. “Les gens ont fait des infiltrations dans cette forêt. Et vous savez qu’à un moment donné, les gens pensent que cela leur appartient. J’ai décidé de me retirer de cette forêt un peu, le temps que les autorités règlent ce problème. Je vous conseille de voir le colonel Assoiré des Eaux et Forêts qui a en charge ce dossier”, s’est-il défendu. Pour sa part, le colonel Assoiré que nous avons contacté également hier, s’est refusé de tout commentaire. “Je travaille dans une administration qui a ses règles. Nous sommes un corps paramilitaire et nous sommes astreints à une obligation de réserve. Je ne peux pas parler sans l’autorisation de ma hiérarchie. Allez à la Direction du reboisement et du cadastre forestier qui est au 8ème étage de la Tour C, et voyez à la porte 35, le sous-directeur vous dira s’il peut répondre à vos préoccupations”, a ajouté l’officier supérieur des Eaux et Forêts. A la Tour C, aucun agent n’a voulu prendre l’engagement de parler de la forêt de M’Pebo située à 18 km d’Orbaff.

Didier Kéi Envoyé spécial à Orbaff in Notre Voie

Thu, 22 Mar 2012 01:50:00 +0100

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