L’opposition ivoirienne de plus en plus blanchie : Ouattara attaqué par ses propres combattants

Dans la nuit du dimanche 14 au lundi 15 octobre 2012, deux séries d’attaques armées ont eu lieu en Côte d’Ivoire. La première a frappé Samo et Bonoua, à 70 km d’Abidjan et à 150 km de la frontière ghanéenne. Dans ces deux localités, ce sont des corridors, la brigade de gendarmerie et le commissariat de Police qui ont fait l’objet d’attaques menées par des hommes armés « non identifiés ». La seconde attaque a eu lieu à la centrale thermique d’Azito à Yopougon (Abidjan) et a partiellement endommagé cette installation électrique qui alimente la capitale économique ivoirienne en électricité, la réduisant à la moitié de sa capacité de production, selon les responsables de la centrale. La Côte d’Ivoire est donc heureuse d’apprendre, par le ministre délégué à la Défense, que cette attaque n’aura aucune conséquence sur la fourniture d’électricité aux Ivoiriens et aux pays limitrophes qui en importent de chez nous. Enfin, fait nouveau, sur l’origine des auteurs de ces attaques, le régime Ouattara parle d’«infiltrations » au sein du système de sécurité et annonce des arrestations. Pour la première fois, pas d’accusation directe contre les « pro-Gbagbo venus du Ghana ». Comment pouvait-il en être autrement ?

Les pro-Gbagbo blanchis

48h avant les attaques simultanées à Samo, Bonoua et à Azito, les forces de sécurité ghanéennes avaient investi, dans la nuit du vendredi 12 au samedi 13 octobre 2012 à 4h du matin, le camp des réfugiés Ivoiriens d’Ampain, pas très loin de la frontière ivoirienne. La sécurité ghanéenne a bouclé ce camp, l’a fouillé de fond en comble et y a « arrêté » 60 réfugiés officiellement soupçonnés d’être des ex-combattants partisans du président Gbagbo et qui vivaient là, «irrégulièrement avec les réfugiés civils », depuis le 11 avril 2011, date de la chute du régime Gbagbo. Ces 60 personnes ont finalement été déplacées de ce site, 17 ont été relocalisées à Takoradi et 43 déportées dans un camp militaire de Cape Coast, loin de la frontière ivoirienne. Le Ghana venait ainsi de passer à la phase active d’un vieux projet de maîtrise et de contrôle effectif des activités de ces ex-combattants Ivoiriens soupçonnés régulièrement par Abidjan et maintenant chargés par un rapport controversé de l’Onu les accusant de collusion avec les ennemis jurés au Mali, miraculeusement rassemblés contre le régime Ouattara. Les autorités ghanéennes, il faut le souligner, faisaient preuve d’un grand zèle pour démontrer aux yeux d’Alassane Ouattara et de ses soutiens impérialistes que le Ghana ne servira pas de base arrière à la déstabilisation du régime totalitaire et usurpée d’Abidjan. Les Ivoiriens «déportés » en ont sûrement souffert, mais à quelque chose, malheur est bon. Car, sans le savoir, les autorités ghanéennes ont rendu un grand service aux réfugiés ivoiriens et aux partisans du président Gbagbo. Car, au moment où Alassane Ouattara et son clan subissaient les attaques armées à Samo, Bonoua et Azito, les ex-combattants partisans de Gbagbo étaient neutralisés au Ghana. Il ne pouvait donc y avoir un quelconque mouvement d’assaillants « pro-Gbagbo » du Ghana vers la Côte d’Ivoire.

Ouattara face aux pro-Ouattara

Du coup, il est désormais quasi officiel que, contrairement aux incantations du pouvoir d’Abidjan et des prétendus experts de l’Onu, les différentes attaques contre les positions des Frci doivent tirer leurs origines d’ailleurs que des camps de réfugiés Ivoiriens au Ghana. Certes, en l’absence de réelles perspectives de dialogue et de paix de la part d’Abidjan pour leur retour sur les terres de leurs ancêtres, il est indéniable que certains exilés et réfugiés Ivoiriens du Ghana pourraient rêver de scénarii catastrophes contre le régime dictatorial de Ouattara. C’est sans doute pour cette raison que le Lieutenant-colonel Katé Gnatoa s’est fait piéger dans une arnaque organisée par Ouattara et son clan. La vérité est que, dans le dénuement total où ils vivent leur exil, de tels projets de déstabilisation ne peuvent qu’être de vains désirs chez les réfugiés Ivoiriens. Les attaques de la nuit de dimanche à lundi, au moment où les réfugiés Ivoiriens étaient parfaitement neutralisés au Ghana, attestent éloquemment de leur innocence dans les déboires du régime Ouattara.
Ces attaques innocentent aussi le Fpi dont les cadres sont soupçonnés et écroués, sans aucune preuve, pour connivence avec les auteurs de ces attaques. En tout cas, les attaques de Samo, Bonoua et d’Azito donnent du crédit à toutes ces informations relatives à l’innocence des pro-Gbagbo. Des informations corroborées par des coups de fils anonymes reçus récemment par Notre Voie et émanant de personnes qui se réclament du « commando invisible » qui opère contre les Frci. Ces individus affirment que le régime Ouattara fait face à beaucoup de frustrés de son propre camp. Un certain nombre d’éléments de preuve sont constamment brandis pour le justifier. Par exemple, les « assaillants »opèrent la plupart du temps, pour ne pas dire toujours, avec des cagoules, comme s’ils sont convaincus qu’ils courent un gros risque d’être identifiés par les éléments de la branche pro-Ouattara des Frci qu’ils attaquent. Une telle précaution serait superflue chez des assaillants « pro-Gbagbo ». Ces derniers n’auraient pas besoin de s’encagouler, inconnus qu’ils sont des ex- rebelles qui ont occupé le Nord de la Côte d’Ivoire de 2002 à 2011 et qui ne peuvent coller un visage aux partisans du Président Gbagbo. Puis, fait révélateur, les assaillants sont détenteurs des treillis nouvellement fournis par le pouvoir. Ce qui, plus que des infiltrations, tend à montrer qu’Alassane Ouattara n’est pas face à des inconnus. Sur le mobile des attaques, les informations avancent d’abord la situation « frustrante » des mercenaires enrôlés pour combattre le président Gbagbo et qui, abandonnés à eux-mêmes, continuent d’attendre, sans espoir, les 5 millions fcfa de prime promis à chacun, alors que selon La Lettre du Continent, 42 de ces mercenaires burkinabè devraient recevoir 7 millions fcfa chacun. Ensuite, il y a tous ces prisonniers libérés et armés par le camp Ouattara, ainsi que de nombreux infiltrés dans les rangs des dozos pour « combattre pour la cause » et qui, à la fin, ont été remerciés de façon cavalière. Enfin, qu’on le veuille ou non, il y a tous ces soldats, gendarmes, policiers et autres corps habillés issus de l’armée régulière du pays (ex-Fanci, ex-Fds) qui, bien que non en exil, ont perdu qui leurs emplois, qui leurs postes depuis qu’Alassane Ouattara a pris le pouvoir. « Nous, on ne se bat pas pour le Fpi et ses cadres mais pour nous mêmes. On ne se bat pas pour la politique. Ouattara et ces gars se foutent de nous.
Ils se foutent de tous les Ivoiriens. Ils ont trompé tout le monde, à commencer par ceux d’entre nous qui étions dans son combat. Ils vont voir, ça ne fait que commencer », nous avait confié, au téléphone, un individu qui a requis l’anonymat mais qui revendiquait mordicus son appartenance au groupe des assaillants, « le Commando choco », selon ses propres termes. C’était après les attaques à Dabou et Jacqueville. Mais pourquoi continuer ces attaques quand, après coup, ce sont les cadres et militants du Fpi qui paient les pots cassés face au régime totalitaire et affolé de Ouattara ? Réponse de notre interlocuteur anonyme : «Quand Ouattara va tomber, tous les Ivoiriens vont respirer, y compris le Fpi ! Ok, c’est bon. On a trop parlé », a-t-il tranché en raccrochant. « Effectivement, au niveau de ces hommes (qui ont attaqué Azito, Ndlr), il y avait de vrais militaires. C’est cela le drame qu’il faut indiquer, à savoir qu’il y a des infiltrations et des implications », a reconnu, lundi soir, sur le plateau du journal télévisé, le ministre délégué à la Défense, Paul Koffi Koffi.
Aucun doute n’est donc permis. A force de politique de haine et de mépris, Alassane Ouattara est en train de coaliser contre lui ses propres combattants. Où va la Côte d’Ivoire ?

César Etou in Notre voie
cesaretou2002@yahoo.fr

Thu, 18 Oct 2012 20:20:00 +0200

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