Marche du 15 mai prochain / Tagro demande un report : La jeunesse du RHDP maintient la pression

« Nous avons été invités par le Ministre de l’Intérieur, M. Désiré Tagro, pour prendre part à une discussion avec la jeunesse du RHDP, à propos de la marche qui est prévue le 15 mai prochain », a déclaré Abou Moussa, au terme de cette rencontre. Selon l’Adjoint du Représentant spécial de Ban Ki Moon en Côte d’Ivoire, le ministre Désiré Tagro, bien que n’ayant pas encore été formellement averti par la jeunesse du RHDP, a eu néanmoins l’écho de cette marche dans les journaux. Abou Moussa a par la suite, rassuré l’opinion nationale et internationale que la jeunesse du RHDP a promis, d’ores et déjà, de notifier de façon formelle cette marche au Ministre de l’Intérieur. Et d’ajouter : « Il était question de voir, si toutefois, cette marche pouvait être reportée au-delà du 30 mai, pour tenir compte de la réunion de la BAD qui va se passer le 27 mai 2010. Evidemment, l’ordre du jour a été annoncé sur place ; donc il est question maintenant de rediscuter cela et de revenir la semaine prochaine, avant de faire le point. Il n’y a aucune décision qui a été prise pour l’instant », a-t-il affirmé. A la question de savoir si ses militants et lui étaient d’accord pour un report de la marche, comme leur a recommandé le ministre Désiré Tagro, Karamoko Yayoro, le président du RJDP, a dit avoir pris ‘’bonne note’’. Toutefois, a-t-il poursuivi, « Nous irons rencontrer toutes nos bases et nous aviserons. Pour l’heure, ce qu’il faut retenir, c’est que la marche est maintenue pour le 15 mai prochain et nous reviendrons la semaine prochaine, donner notre position », a-t-il fait savoir. Pour lui, la jeunesse de l’opposition a le devoir de clarifier l’atmosphère sociopolitique ivoirienne, qui ne semble pas favorable pour les Ivoiriens. « L’Assemblée générale de la BAD se tient pendant quatre jours, mais les Ivoiriens vont continuer de souffrir. Nous avons le devoir de voir un peu plus clair », s’est-il exprimé. Avant de relever ceci: « Vous savez que le processus électoral est bloqué et que le contentieux n’a pas encore démarré. Nous ne savons pas quand est-ce que les listes électorales définitives vont sortir, quand est-ce que la distribution des cartes nationales d’identité et d’électeur va se faire, quand est-ce que le 1er tour de l’élection présidentielle va se tenir. On nous avait dit que ce serait fait fin avril-mi mai. Ce sont des éléments qui nous inquiètent. Mais n’empêche que nous avons décidé de nous retrouver très rapidement et de venir faire le point avec le Ministre, mais surtout avec nos directions », a-t-il conclu.

par David Yala

Après la crise du mois de Février suite à la double dissolution de la CEI et du gouvernement Soro I, la Côte d’ivoire s’apprête à revivre peut-être encore des jours chauds pour ne pas dire sanglants. Ce après que l’opposition ait subitement changé l’objectif et la teneur de sa marche annoncée pour le 15 Mai prochain. Si du côté de l’exécutif l’on semble ne pas vouloir donner dans l’affolement force est de constater que l’on a déjà sa petite idée pour faire échec à ce que des sécurocrates ont baptisé ‘’Opération Bangkok II’’.

Qui peut prédire ce qu’il en sera de la Côte d’Ivoire avant ou après le 15 Mai, date choisie par les partisans du RHDP pour descendre dans la rue sur toute l’étendue du territoire ? Bien malin qui pourra répondre à cette question. Pourtant au fur et à mesure que les jours s’égrènent, la tension monte et chacun, ouvertement ou secrètement affûte ses armes pour être à ce ‘’grand et mémorable rendez-vous’’. Les Ivoiriens vivent dans une certaine forme d’angoisse. Ils n’ont pas tort eu égard à la répétition générale qui a eu lieu dans le mois de Février entre le RHDP et le camp présidentiel. Les violents affrontements entre Forces de l’ordre et manifestants surexcités ont entraîné des morts pour lesquels des enquêtes sont en cours. C’est dans cette atmosphère délétère que le RHDP a décidé de remettre le couvert. Si l’annonce de cette marche n’avait à l’époque pas suscité des commentaires, ce sont les nouvelles déclarations tonitruantes de certains responsables du RHDP qui ont alourdi le climat sociopolitique et attiré l’attention de tous. Avec stupéfaction les Ivoiriens ont appris que la marche du RHDP, aux dires de KKB et Yayoro, devait durer trois jours quand d’autres personnalités annoncent péremptoirement qu’elle sonnera la fin de Laurent Gbagbo et du FPI. Pour ce faire, des missions sillonnent l’intérieur de la Côte d’Ivoire et les principaux orateurs rivalisent de propos guerriers. Les principaux leaders des partis d’opposition ne font rien pour tempérer l’ardeur guerrière de leurs jeunes. Au contraire, Bédié et Ouattara semblent être en parfaite harmonie face au pourrissement de la situation sociopolitique. Pis, ils ont décidé de porter l’estocade au couple Gbagbo-Soro qui les empêcherait de réaliser leurs ambitions. Même s’ils ont toujours privilégié le politiquement correct, les distances entre Soro et Ouattara sont de plus en plus perceptibles.

Après avoir passé trois ans sans accrocs majeurs avec Laurent Gbagbo, Soro Guillaume est considéré par Ouattara et son clan comme complice du chef de l’Etat, s’il n’est pas vu comme un pantin. Aussi les journaux proches de Ouattara et du RDR ont-ils entrepris de préparer les esprits à un éventuel départ de Soro, masquant souvent cette volonté par des appels à la chute du chef de l’Etat. Soro est dans le viseur du RDR et c’est un secret de polichinelle pour lui. Le Pdci n’est pas en reste dans cette animosité contre le Premier ministre. Depuis quelques jours, les journaux proches de Bédié assimilent les rencontres que Soro a avec Laurent Gbagbo à de la ‘’comédie’’. Des pro-PDCI allument Soro pour sa mollesse face à Gbagbo qui n’est pas aussi épargné. Le Premier ministre ne le sait que trop désormais, Bédié et le PDCI l’aiment ‘’à en mourir’’. Aujourd’hui aucune précaution n’est prise pour critiquer Soro. En plus des propos acrimonieux contre Soro, le RDR et le PDCI ont dit niet au comité des Experts proposé par la Primature pour juguler le problème des fraudes sur la liste électorale. Un pied de nez que le locataire de la Case du Plateau n’a pas encore digéré. Faisant donc le constat de toutes ces divergences entre eux et Soro d’une part et avec Laurent Gbagbo d’autre part, les dirigeants du RHDP se sont résolus à passer à l’action.

Cet assaut final de l’opposition va prendre la forme d’une vaste campagne de provocation des Forces de l’ordre avec lesquelles une guerre d’usure est prévue. La face cachée de la marche du RHDP, c’est l’exemple thaïlandais en cours en Asie. Dans ce pays, des partisans de l’opposition proches de Thaksin Shinawatra sont dans les rues de Bangkok depuis le 3 Avril et demandent la démission du Premier ministre Ahbisit Vejjajiva, à moins qu’il organise des élections législatives anticipées, alors que celles-ci sont prévues constitutionnellement en Décembre. Si comparaison n’est pas raison, il est clair par contre que les ‘’Chemises rouges’’ tentent ni plus ni moins qu’un coup de force visant à remettre leur leader au pouvoir. C’est ce modèle que veut reproduire le RHDP à partir du 15 Mai. Donc il s’agit d’abord pour l’opposition d’obtenir en faisant tout le tapage actuel, une autorisation formelle des autorités pour l’organisation de la marche. Ce sésame obtenu, les partisans de Bédié et Ouattara vont alors comme l’ont, naïvement peut-être, dévoilé KKB et Yayoro, s’installer dans la durée dans la rue. Ainsi pour une marche prévue pour un jour, la rue sera constamment occupée. Si la mobilisation est réussie et les trois jours tenus, le pouvoir pourrait être ébranlé dans ses fondations. Mais force devant rester à la loi, le gouvernement Soro qui ne peut se permettre de faire reporter les assises de la BAD, comme il l’a rappelé hier par l’entremise du ministre de l’Intérieur, sera obligé de mettre de l’ordre.

Des personnes chargées de pousser la provocation à son extrême vont amener les Fds à faire feu tout comme les soldats thaïlandais obligés de se défendre face à des manifestants violents. Et ce sera comme d’habitude le tollé général et le décombre macabre du nombre de manifestants tombés. La communauté internationale ameutée ne pourrait rester sans réaction. Dans cet embrouillamini, le RHDP nourrit secrètement l’idée de voir un robin des bois des temps nouveaux s’emparer du pouvoir pour ‘’mettre fin à la souffrance du peuple’’ comme ce fut le cas au Niger où les interminables querelles entre Tanja et son opposition ont donné des ‘’idées salvatrices’’ à d’anciens casques bleus onusiens. Est-ce dans cet esprit que KKB et autres ont tenté ‘’d’amadouer’’ le Général Mangou afin qu’il prenne ‘’ses responsabilités’’ ? Si l’on s’en tient aux verbatim des uns et des autres, le RHDP semble cette fois-ci déterminé à faire tomber Gbagbo. Ce que l’opposition ignore cependant, c’est que Laurent Gbagbo et le Premier ministre, qui en ont vu des vertes et des pas mûres en termes d’affrontements, sont sur leurs gardes. Ils se préparent aussi au pire et sont d’ores et déjà ‘’disposés’’ à se faire respecter. Forcé quasiment par l’activisme dérangeant du RHDP à faire chorus avec Laurent Gbagbo, Guillaume Soro ne veut pas se faire surprendre comme en Février à Bouaké par des casseurs. Il a déjà son plan pour les manifestants qui voudraient se transformer en vandales. Le Chef de l’Etat qui suit de près tous les mouvements de l’opposition depuis, mettra en branle une série de mesures dissuasives. La riposte fatale de Laurent Gbagbo va s’articuler sur le renforcement de sa cohésion avec Soro marquée par un relâchement total des pressions du camp présidentiel sur certaines questions brûlantes qui avaient réveillé les vieux démons. L’union sacrée scellée, Gbagbo qui ne veut pas que cette marche entraîne la montée de l’indice d’insécurité de la Côte d’Ivoire, va fermer toutes les frontières terrestres, aériennes et maritimes. Pour que ni Bédié ni Ouattara ne puisse s’enfuir au cas où la situation dégénère. Pendant ce temps, des opérateurs économiques et des hommes d’affaires ivoiriens et non ivoiriens s’apprêtent à quitter le pays avant le 15 mai 2010. Tous les points névralgiques ont d’ores et déjà été bouclés et la Police, la Gendarmerie sont en action. Dans quelques jours, des unités d’élite de l’armée vont se joindre aux forces de première et deuxième catégorie. A y voir de près le western annoncé par Laurent Gbagbo ne concernait donc pas Guillaume Soro mais plutôt le RHDP qui bat le rappel de ses troupes en vue de la ‘’fin du film’’. Un film passionnant mais qui risque de se terminer dans le sang, si rien n’est fait pour apaiser les tensions.

Valery Foungbé

Alors que les relations entre Gbagbo et Soro étaient au point mort suite aux pressions du FPI qui exigeait le désarmement des rebelles, les manifestations envisagées par le RHDP arrivent comme du pain béni. Elles viennent ressouder les liens entre le chef de l’Etat et Guillaume Soro. Aujourd’hui les questions du désarmement et du contentieux, qui fâchent sont mises sous l’éteignoir. L’opposition semble choisir mal ses options et le moment de ses combats. Vouloir une chose et son contraire, c’est ce qu’elle est en train de faire.

CK

Dans la crise annoncée par l’oppossition, les ministres issus du RHDP sont dans le viseur de Gbagbo et Soro. Ils risue d’affronter une crise de conscience. Face à la pression de leurs partis, des proches du président et du premier ministre suggèrent de les faire montrer au créneau pour indiquer que le gouvernement intérimaire est au travail en rassurant la population. A l’occasion, Sangafowa et Kakou Gervais devraient être désignés porte-parole du gouvernement. In fine, il s’agira de pointer du doigt l’incohérence du RHDP et l’on exclut pas de recourir à un remaniement pour sortir les ministres RHDP ; un RHDP soupçonné de préparer la chute de Gbagbo et Soro

Charles Kouassi
Avec le partenariat de L’Intelligent d’Abidjan