Municipales et régionales : La Cei prépare le chaos

En attendant la proclamation définitive des résultats des élections couplées (municipales et régionales) du dimanche 21 avril 2013, sur toute l’étendue du territoire national, la violence et la confusion sont au rendez-vous. Dans des circonscriptions où certains candidats proches du parti au pouvoir contestent déjà les résultats, pourtant officieux. De Koumassi, à Adjamé, en passant par les localités de l’intérieur du pays, dont notamment Bondoukou, Yamoussoukro, Mankono, et bien d’autres, la population retient son souffle. Des affrontements ont éclaté et s’intensifient. L’armée a décidé de quadriller les lieux jugés sensibles. Toutefois, l’on ne peut pas ne pas souligner le rôle que joue la Commission électorale indépendante(Cei) dans ce regain de violence. En tout cas, pour le constat fait, nombres d’actes confortent la thèse selon laquelle la Cei de Bakayoko Youssouf n’est pas étrangère à la situation que vit actuellement le pays, après le vote du dimanche. Plusieurs informations et avis concordants et dignes de foi accusent cette institution d’être à l’origine de ces violences enregistrées dans le pays. Et les cas et exemples sont légion pour témoigner de la complicité de la Cei, qui, comme aux élections présidentielles de 2010, a décidé de prendre partie. De la manière la plus flagrante. A en croire des informations en notre possession, «l’ordre a été donné depuis la haut», à la Cei de «tout faire pour que des communes échoient au parti d’Alassane Ouattara». C’est le cas, indique-t-on, de la commune de Yopougon. Où alors que tous les résultats donnaient vainqueur le candidat du Pdci, Doukouré Moustapha, aux municipales. Mais contre toute attente, la Cei, par la voix de son porte-parole, Inza Diomandé, annonce la victoire de Kafana Koné, candidat du Rdr.

«Nous savions qu’il y aura une mascarade à ce niveau. Nous ne sommes pas étonnés de la décision de la Cei, qui selon des sources internes, dit recevoir des injonctions depuis le sommet», commente-t-on dans les salons à Yopougon. Non sans toucher du doigt la source du mal. «Depuis le sommet( ?), le Rdr jure de remporter les municipales à Yopougon estimant que c’est une commune-symbole pour le Président Gbagbo. Le régime Ouattara veut à tout prix trouver des moyens d’effacer l’image de Laurent Gbagbo de la mémoire des habitants de Yopougon, bastion du Fpi», ajoute t-on. «Le moment est venu pour que le Rdr occupe la mairie de Yopougon. Surtout dans cette période post-crise», renchérit un habitant de la plus grande commune de Côte d’Ivoire. Autant de révélations qui confondent la Cei qui refuse d’endosser la responsabilité. Lundi 22 avril 2013, lors de la deuxième nuit électorale, son porte-parole, Inza Diomandé, feignait de ne pas être au courant de la multitude de troubles qui ont émaillé ce lendemain électoral. Une attitude qui n’est pas sans conséquences sur ce qui se passe après le vote. A Ferké, la Cei annonce la reprise des élections, sans évoquer un mobile objectif. Puisque dans cette partie du pays, malgré la hargne de Soro Guillaume pour faire de sa ville natale Ferké un bastion Rdr, un indépendant part avec la faveur des voix. A la grande colère du régime. Et la Cei de demander aussitôt la reprise des élections à Ferké, pour répondre aux attentes de son maître… Même son de cloche à Treichville. A la grande surprise des électeurs, la Cei annule de facto les résultats en cours qui donnaient le maire sortant, Amichia François (Pdci) vainqueur. Les habitants de la commune de Treichville doivent se retrouver à nouveau dans les urnes. Avec la caution de la Cei. Une commission dont la plupart de ses membres ont été pris la main dans le sac, en possession de documents frauduleux. En plus de cas avérés, la Cei a aussi changé, pendant le scrutin, l’ordre de présence des candidats sur le bulletin de vote, contrairement au spécimen dont se sont servis les candidats pendant la campagne.

Résultats : colère des candidats et scènes de violences en Côte d’Ivoire. Tout simplement parce que le Rdr s’est donné pour slogan «Tout ou rien». D’où le choc de la chute surprise à Séguéla du va-t-en guerre Amadou Soumahoro, Secrétaire par intérim du parti de Ouattara. En plus de la défaite de Konaté Sidiki à Man, Adama Bictogo à Agboville, Gnamien Konan et Fanny Ibrahim dans le Gbêkê, et la débâcle de Cissé Bacongo qui conteste les résultats à Koumassi. Mieux, la Cei est accusée de mascarade à Yamoussoukro. En somme, Bakayoko Youssouf et son institution se sont fortement discrédités en organisant la fraude sur les résultats des élections du dimanche 21 avril 2013. Une attitude qui ne peut qu’enfoncer le pays dans les troubles. Une Cei «douteuse». Avec la complicité et le soutien du parti-Etat, le Rdr d’Alassane Ouattara.

Toussaint N’Gotta in Le Temps

Wed, 24 Apr 2013 17:04:00 +0200

0

Laisser un commentaire

Nous utilisons des cookies afin de vous offrir la meilleure expérience possible sur notre site Web. En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez notre utilisation des cookies.
Accepter
Refuser
Privacy Policy