Ne donne pas ta voix à l’échec scolaire, mais donne ta voix à la fermeture de l’université

Lors de sa campagne électorale démagogique, Ouattara a promis de lutter contre l’échec scolaire. Mais il a montré au monde entier qu’il est le véritable ennemi du savoir et l’école en fermant l’université et en faisant annuler les concours d’insertion professionnelle. Que n’avons-nous pas entendu de la bouche de Ouattara pendant la campagne électorale de la présidentielle de novembre 2010, à propos de l’école. Promesses par -ci, promesses par-là. Des illusions rependues à travers le pays, pour tromper le peuple ivoirien. Sur fond de démagogie et de procès du président Laurent Gbagbo. Pour leur spectacle, les marchands de rêve ne se sont pas privés de moyens. Sur des panneaux publicitaires ça et là, les Ivoiriens pouvaient lire: «ne donne pas ta voix à l’échec scolaire». Ouattara s’attaquait ainsi au Président de la République d’alors, laurent Gbagbo en insinuant que celui-ci n’avait pas de «Solutions» pour les problèmes de l’Ecole. le candidat du Rdr appelait les électeurs à ne pas donner leurs voix au Président Gbagbo qui, selon le Rhdp, incarnait «l’échec scolaire». Quand l’échéance électorale s’amorce, les observateurs avertis ne manquent pas alors d’attirer l’attention des populations sur le fait que Ouattara, en raison de son passé à la primature de 1990 à 1993, ne pouvait pas être celui qui ferait la promotion de l’école ivoirienne et de la développerait. Ceux-ci ne se trompent pas. Car Ouattara et ses alliés démontrent, pendant la crise poste électorale, que l’université de Côte d’Ivoire leur importe peu. les ex-rebelles et leurs appuis militaires, la licorne et l’Onuci prennent les campus universitaires pour cibles. Sous le prétexte qu’un syndicat d’étudiant proche de laurent Gbagbo s’y cache. l’université, assaillie par les forces pro Ouattara, devient un théâtre de guerre entre les ex rebelles et les forces régulières qui se battent pour les y déloger. Cocody campus ancien, Abobo Adjamé et les autres résidences universitaires sont attaquées par les forces pro Ouattara. un acte de négation du savoir qui se traduit par le fait d’en considérer le temple comme une vulgaire cible militaire. les camps sont à «prendre», les étudiants sont à «déloger», les cités u sont à «pacifier » à Abidjan. Mais ce n’est là que la suite logique des tristes exploits de l’ex-rébellion pro Ouattara qui a ruiné l’école et le savoir dans la moitié nord du pays à la suite de son coup d’Etat manqué le 19 septembre 2002.

Saccage des franchises universitaires à Bouaké puis à Abidjan

Pendant qu’à Bouaké, plus de 60 gendarmes sont massacrés par les rebelles sous les yeux de leurs familles, les étudiants qui fuient les tueries confirment le rapport de l’Onu du 25 mai 2004 qui dit : «Lors de la prise de Bouaké, les rebelles ont arrêté une centaine des gendarmes qu’ils ont détenus à la caserne de la 3e légion de gendarmerie. Quelques jours plus tard et plus précisément le 6 octobre 2002, 131 personnes parmi lesquelles 61 gendarmes, 61 enfants ou neveux desdits gendarmes, ainsi que sept autres personnes civiles ont été froidement exécutées alors qu’elles étaient désarmées et enfermées dans des cellules. La Commission a constaté de visu les impacts de balles encore visibles sur les murs à l’intérieur des cellules. De même, la Commission a pu avoir une idée précise de l’endroit où se trouve la fosse commune où sont enterrées ces personnes, victimes d’une exécution extrajudiciaire et sommaire». Traumatisés, meurtris, ils témoignent aussi, avec les organisations des droits d’Hommes, que : «Dans la période du 6 au 9 octobre 2002, un charnier constitué des deux fosses a été signalé dans le cimetière communal de Dar-es-Salam à Bouaké. Des témoins crédibles ont affirmé devant la que ce charnier contiendrait environ quatre vingt dix corps parmi lesquelles quarante huit gendarmes et trente sept membres de leurs familles ainsi que sept autres civils détenus qui ont été abattus par les forces rebelles au cours d’une série d’incidents survenus à la prison du 3e bataillon d’infanterie de Bouaké en octobre 2002». Pendant que l’université de Bouaké, ouvert à grands frais par l’Etat de Côte d’Ivoire, est mise à sac par l’ex- Mpci de Guillaume Soro. Pendant dix années, l’école est réduite en bouillie dans les zones Cno. Des hauts faits dont se ventera d’ailleurs l’ex-rébellion qui était, diton, particulièrement fière d’avoir fermé l’école à Bouaké pour «empêcher (le président de la République d’alors) Laurent Gbagbo de gouverner». Comme les 60 gendarmes, l’université fut, elle aussi, «massacrée» à Bouaké. Entre les mains des ex-rebelles qui ont «pris les armes pour Ouattara », le sort des humains était aussi celui du savoir. le génocide intellectuel accompagnait le génocide humain. Il n’est donc pas de mauvais goût de rappeler ces tristes événements. D’autant plus qu’après l’arrestation du Président laurent Gbagbo par l’armée française le 11 avril 2011, le nouveau pouvoir va démontrer qu’il est l’ennemi juré de l’école, du savoir. un obstacle majeur à l’épanouissement de la jeunesse et à l’insertion des jeunes diplômés. Les faits l’ont prouvé. En effet, ignorant que le patrimoine universitaire du pays est une franchise sacrée, la première chose à laquelle les ex-rebelles pro Ouattara s’attaquent à Abidjan, c’est l’université. Pillage des camps et des cités «u», vol, destruction des documents du service de scolarité et des archives…Des actes de destruction qui plongent la nation dans un profond émoi, tandis que le corps enseignant est traqué. On soupçonne systématiquement les enseignants de l’université d’être des «refondateurs » qu’il faut persécuter. Certains sont arrêtés et jetés en prison pour avoir soutenu le président Laurent Gbagbo, quand la plupart prennent le chemin de l’exil.

La guerre du pouvoir contre Thémis

Mais ces «effets collatéraux» ne suffisent pas à apaiser la fureur du nouveau régime qui s’appuie sur une armée composée majoritairement d’incultes. la fermeture de l’université est décrétée. Et c’est à partir d’une capitale étrangère, comme à l’accoutumée, que le nouveau venu annonce aux Ivoiriens le sort qu’il a choisi d’infliger à leur université. lors d’une visite effectuée du 14 et 15 novembre 2011 à lomé, capitale du Togo, Ouattara a décidé unilatéralement de fermer les établissements publics ivoiriens d’enseignement supérieur jusqu’en septembre 2012. les populations, sidérées, n’en croient pas leurs oreilles. Mais pour le nouveau pouvoir, la violence
l’emporte sur le savoir. C’est une guerre totale que Ouattara livre au Dieu du savoir, Thémis dont on rabat les portes du temple sans ménagement. Plusieurs promotions d’étudiants et de bacheliers sont condamnés à errer dans les rues où les détonations de kalachnikovs des Frci traumatisent les populations. Les étudiants, traités de «mercenaires» en raison de leur appartenance syndicale sur le campus, sont eux aussi pourchassés et doivent fuir les fusils du régime. Affligé, le Syndicat national de l’enseignement supérieur (Snesup) de son exil parisien, déplore, le 25 janvier 2012, que : «Des centaines d’élèves, d’étudiants, ont perdu la vie ou ont subi de lourds traumatismes physiques et psychologiques. Les universités d’Abidjan et d’Abobo-Adjamé sont à reconstruire ! Elles ont été pillées et détruites car devenues des camps militaires ! Depuis plus de 9 mois, les travaux de réhabilitation conduisent à la fermeture des universités, laissant une majorité d’étudiants à la rue, livrés à eux-mêmes». Avant de supplier, en ces termes, le régime en place d’éviter au pays un génocide intellectuelle : «Le Snesup soutient l’ensemble du peuple de Côte d’Ivoire dans la difficile épreuve de reconstruction du pays qu’il traverse et appelle à la solidarité avec les collègues enseignants et chercheurs… (et) demande… (à) Ouattara que soient libérés les universitaires ivoiriens emprisonnés sans jugement et la mise en place des conditions permettant le retour rapide et en toute sécurité de ceux contraints à l’exil».

Frci et Dozos remplacent les étudiants dans les cités

Peine perdue. le pouvoir Ouattara a décidé de mener une guerre sans merci à la classe intellectuelle derrière laquelle il voit, comme dans un cauchemar, l’ombre angoissante du Président Laurent Gbagbo. Et pour montrer sa volonté d’anéantir l’université, le régime va installer Frci et Dozos sur les campus et résidences universitaires. A Abobo, à Williamsville et à Adjamé, ce sont les ex-rebelles qui ont remplacé les étudiants dans les cités «u» où tout a été emporté. Dans d’autres communes, les résidences universitaires sont transformées en dépotoirs à ciel ouverts ou en hôtels de passe. Comme l’a confirmé le confrère Soir info. A cours de casernes pour rassembler les 50.000 ex combattants qui attendent du pouvoir soit une intégration dans l’armée, soit une prime de réinsertion, le régime ne cherche pas loin. les cités universitaires et les campus sont des sites de «re-profilage pour la réinsertion » des Frci. les Ivoiriens n’ont plus de mots pour décrire les ruines de ces franchises universitaires qui faisaient la fierté de la Côte d’Ivoire. Et qui, hélas, sont aujourd’hui violées, profanées et souillées de la plus triste des façons. l’université devenue un cantonnement d’ex-rebelles, fait aujourd’hui pitié à voir. A Port-Bouët, c’est désormais en plein cité universitaire que des passants satisfont certains besoins, comme sur un terrain vague. Et malgré tout le bruit qui est fait, la réalité est que la réhabilitation des campus et résidences universitaires se résume presqu’à des coup de pinceau pour faire reluire les murs. Ecœuré, le Professeur N’Guessan Yao Thomas, ministre délégué à l’Enseignement Supérieur du Gouvernement Aké n’Gbo s’écria: «Silence, on assassine l’intelligence!» avant de s’attrister : «Tout ce que le pays a, patiemment, rassemblé pour la formation de sa jeunesse, a été pillé, volé ou saccagé, avec une violence et une haine indescriptibles. Il est vrai que les laboratoires étaient sous-équipés, mais ils fonctionnaient. Les ordinateurs contenaient des données sans prix. Mais la horde de (…) avait pour mission de tout voler et de tout détruire, méthodiquement,car tout cela était programmé. La preuve, c’est que ces actes n’ont jamais été condamnés par les nouvelles autorités», ditil.

Alassane Ouattara : autant en emporte le vent

Mais faut-il être surpris que Ouattara mette ainsi en lambeau l’école ivoirienne ? l’homme n’a tenu aucune promesse électorale depuis qu’il a été installé au pouvoir à la suite de l’arrestation du Président Laurent Gbagbo le 11 avril 2011. Ses propres partisans qui attendaient les pluies et les containers de milliards sont aujourd’hui désillusionnés et ont arrêté de rêver. Autant dire que les promesses de Ouattara n’engagent que les naïfs qui y croient. Car avec le mentor du Rdr, candidat du Rhdp à la présidentielle de novembre 2010, c’est autant en emporte le vent. En fait, Ouattara n’est pas celui qui sauvera l’école ivoirienne et l’université. On se rappelle ces mesures impopulaires du Premier ministre d’Houphouët-Boigny dont l’école ivoirienne ne s’est jamais remise. les salaires à double vitesse pour les enseignements en 1990. la réduction du budget affecté à l’éducation nationale. la suppression des avantages sociaux accordés au étudiants et élèves, dont la gratuité du transport. la coupe drastique dans les fonds alloués aux bourses et aides. Ouattara était même près à privatiser les résidences universitaires pour les mettre hors de portée des enfants des familles démunies. Ce que certains n’ont pas compris en écoutant les promesses fallacieuses de Ouattara, c’est qu’il est l’ennemi n°1 de l’Ecole ivoirienne. Pis, l’ennemi de la jeunesse ivoirienne qui a fait annuler les concours passés en 2010, simplement parce que les dits concours ont été organisés sous Laurent Gbagbo. Ce que le pouvoir actuel préfère, c’est une jeunesse désoeuvrée et kalache en main qui passe son temps à commettre des exactions. Plutôt qu’une jeunesse instruite et cultivée qui dénonce l’arbitraire de la tutelle coloniale et le pillage des ressources de la nation!

K. Kouassi Maurice in Le Temps
Koisymaurice@yahoo.fr

Fri, 06 Jul 2012 08:20:00 +0200

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