NÉGOCIATION FPI-GOUVERNEMENT : OUATTARA AU PIED DU MUR

Le gouvernement ivoirien vient de prendre la décision d’engager de nouvelles négociations avec le Front Populaire Ivoirien (FPI). Cette initiative, séparément annoncée par Charles Konan Banny, Ahoussou Kouadio Jeannot et Koné Bruno est à saluer d’autant qu’elle souligne la lucidité qui semble gagner le pouvoir Ouattara. Ce pouvoir fini par comprendre que ni les génuflexions intéressées, ni les cérémonies ridicules de purifications nationales, ni même les envolées pathétiques de certains musiciens triés sur le volet, ne peuvent tricoter les liens brisés. Après des balades inutiles, il revient à la formule non moins célèbre du Président Laurent GBAGBO : «  asseyons-nous et discutons. »

Faisons déjà quelques remarques.

L’appel à la négociation avec le FPI, place ce parti au cœur de tout processus de réconciliation. Autrement dit, Ouattara ne peut prétendre réconcilier les filles et fils de ce pays en tournant le dos au parti de Laurent GBAGBO. Dès lors, et c’est le bon sens qui le commande ,le FPI devient le maître du jeu, celui à qui appartient la clef des retrouvailles entre ivoiriens.
En outre, le pouvoir Ouattara vient de confesser, contre toutes attentes, son échec. Car Banny, en venant supplier son mandant de « tendre les deux bras », affirme son impuissance à mener l’hypocrisie à son terme.
A ces remarques, se greffent celles qui tentent d’infantiliser les ivoiriens. En effet, le pouvoir à dessein, présente le parti de GBAGBO comme un frein à la réconciliation. Selon lui, le FPI ne doit plus poser de préalables comme s’il en avait déjà posé un. Il fait donc, une fâcheuse confusion entre préalables et revendications. De plus lorsque le gouvernement affirme avoir toujours tendu la main, il ne précise pas si la main tendue venait de se salir dans des actes de trahison nationale ou venait d’être posée sur les têtes des loubards en signe de félicitations.
Ouattara a donc saisi, pour la deuxième fois, la truelle de la construction de la nation ivoirienne, celle que son avidité pour le pouvoir a déstabilisée. La tâche qu’il doit remplir se fonde sur l’article 34 de la Constitution ivoirienne qui dispose : « Le Président de la République est le chef de l’Etat. Il incarne l’unité nationale… ». Sera-t-il un bon maçon ?
Si nous nous arrêtons à de simples considérations factuelles, il est évident qu’il fera piètre figure devant le pire des maçons que ce corps de métier compte. En effet, l’idée de discuter avec le FPI rebute le pouvoir d’Abidjan. Et comme s’il se sentait obligé de ruser avec ses propres sentiments, il s’invente des solutions contreproductives. Par exemple lors des premières négociations, le pouvoir, se plastronnant dans une victoire factice, n’a pas hésité à narguer le FPI. Comme réponses aux revendications du camp GBAGBO, il a accordé discrétionnairement la liberté conditionnelle à des militants LMP, selon un critère qu’il est seul à détenir. Par la suite, comme un bon père, il a détenu le député Kata Kéké Joseph qu’il venait fraichement de libérer. En outre, il a fait preuve de magnanimité en offrant 125 millions au FPI. La publicité mensongère faite autour de ces fonds publics que la loi accorde aux partis politiques et qui résultaient en fait d’arriérés de 2010, a fini par nous convaincre de la mauvaise foi patente du pouvoir. Ces 125 millions devaient tout simplement être utilisés comme prétexte pour tuer politiquement le FPI. Enfin la cerise sur le gâteau, OUATTARA, transfère son « ami Laurent » à la CPI là où le FPI exigeait sa libération. Ces exemples, sont suffisants pour ne pas croire en la bonne volonté du pouvoir. Ouattara oublie que le FPI est le réservoir des pédagogues et que ces derniers, décèlent sans difficultés les démagogues les plus sophistiqués.
Mais comme l’homme par nature est mouvant parce que les expériences de la vie nous aident à nous parfaire, classons ces faits dans l’arrière cour de notre drame national et mettons le cap sur les prochaines négociations.
Ici encore, des considérations factuelles s’invitent dans la compréhension de notre analyse.
Comme les premières négociations, celles annoncées se situent à la veille d’échéances électorales, en l’occurrence, les élections municipales et régionales. Ces échéances, à coup sûr, hanteront les négociations. L’idée en toile de fond, sera de faire participer le FPI. Donc, un besoin de légitimation. Ces considérations aussi factuelles que politiques, ont plombées les premières négociations dont la conséquence a été « le désert électoral » provoqué par le FPI. Pour cela, les loubards du pouvoir ont versé le sang du FPI à la place Ficgayo le 21 Janvier 2012. Le FPI venait ainsi, une fois encore, de payer par son sang, son attachement au peuple ivoirien.
Le drame de Ficgayo a été remis au goût du jour à quelques pas de l’annonce des négociations. Le conseiller politique de Ouattara, l’inaltérable Amadou SOUMAHORO, a avoué que les pro-Ouattara sont les chefs d’œuvre des cimetières de tous ceux qui contredisent Ouattara. Que le Seigneur veille sur nous ! C’est donc dans cette belle complicité de Ouattara et des ses affidés, que des négociations sont annoncées. Le FPI, par peur de reposer dans le silence de la mort, acquiescera sans doute tout ce que le pouvoir dira. Nous ne cessons de répéter que seules des décisions politiques peuvent aider les ivoiriens à se regarder en frères. Alors comment pouvons nous espérer un vivre ensemble si celui même qui est sensé éclairer politiquement Ouattara, vante de manière jouissive le barbarisme et les hautes faits des tueurs du pouvoir? Le FPI qui s’oppose à Ouattara, sait-il qu’il aura affaire aux conseils politiques de son bourreau? Voici des faits qui aideront Ouattara à bâtir un mur en pailles.
Néanmoins, Ouattara pourra, s’il le veut, réussir à réconcilier les ivoiriens. Pour réussir cette lourde tâche, il devra saisir l’article 34 de la Constitution dans tout son sens. Incarner l’unité nationale n’est pas un mot banal, c’est un mot qui fortifie l’Etat et le rend invulnérable aux vents contraires. Pour y arriver, il faut que celui qui est à la tête de l’Etat, ait de l’étoffe, et du courage politique. Ouattara, devra réussir à faire taire tous les faucons de son régime. Malheureusement ces faucons ne sont pas uniquement en côte d’Ivoire, ils sont un peu partout, nous pensons pèle mêle à Sarkozy, Compaoré, Wade (vomi par les sénégalais) et toutes ces personnes qui ne jurent que par la mort du FPI. Il devra en plus, regarder avec intérêt les revendications du FPI, au demeurant fondées, loin d’être des préalables, contenues dans un mémorandum abondamment diffusé et y apporter des solutions urgentes. La paix sociale dépend plus de Ouattara que du FPI qui, d’ailleurs est réduit au silence, parce que guetté par les hommes d’Amadou Soumahoro. Le dégel des avoirs, la libération de tous les prisonniers pro-Gbagbo, la rétrocession des biens des pro-Gbagbo, le retour des exilés, l’annulation des mandats d’arrêts, la reforme de la Commission électorale avec en prime le départ de Youssouf Bakayoko, la sécurité pour tous, voici des revendications dont la satisfaction détendra l’atmosphère. La tâche n’est pas impossible pourvu que le pouvoir ait la volonté.
L’occasion est toute offerte à Ouattara de devenir comme Laurent GBAGBO, Nelson Mandela, la reine Abla Pokou, des grands hommes. Voici des hommes qui ont nié leur « Moi » pour faire survivre la nation, ils n’ont ni regardé à leurs privilèges, ni écouté les sérénades des Doubé Binty et alliés. En homme, ils ont décidé et ont agi dans l’intérêt supérieur de la nation.
Ouattara est donc au pied du mur. Prions qu’il confonde le FPI tout simplement
Notre sort est entre les mains de Dieu pour inspirer positivement les humains et donc les mortels que nous sommes tous..

Alain BOUIKALO
Juriste-consultant
Bouikalhaud@deboutciv.com

Wed, 28 Mar 2012 11:59:00 +0200

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