Or donc la communication est un acte de complot
On en sait maintenant un peu plus, grâce à une diffusion abondante via internet, sur le document qui ébranle la nouvelle république et pousse à voir en chaque potentiel utilisateur un ennemi du régime Ouattara. C’est un projet de communication pour « laver » l’image de Laurent Gbagbo que les tenants du nouveau pouvoir ont réussi à présenter aux yeux du monde entier comme « un exclusionniste (contre le nord et les musulmans) » et un « anti- français » qui, après avoir favorisé l’impunité sous son règne, « a perdu les élections, confisqué le pouvoir et causé la guerre en Côte d’Ivoire ». Sa plus grande victime est évidemment « ADO, un technocrate et rassembleur (vivre ensemble) » qui, ayant « gagné les élections a été victime de l’injustice de Gbagbo ». Alors que, contrairement à ce dernier, ADO « a des relations dans les sphères de décision au plan international ». Réputation surfaite ou non, Alassane Ouattara a montré, selon le document, une capacité respectable à marginaliser Laurent Gbagbo sur le plan international. Pendant les élections et la crise postélectorale, « le candidat des Ivoiriens » a certes largement capitalisé la sympathie de la majorité de ses concitoyens et des indépendantistes panafricains mais « ADO-Solutions » a réussi, lui, à aligner sur les termes de sa propagande les media est les chancelleries qui montraient un intérêt à voir les choses changer dans un sens ou dans un autre. Alassane Ouattara, constate le document, se présente comme « une poche de moralité ». Et clairement, l’auteur du document mis en cause écrit : « notre action consistera à changer cette perception erronée ». La suite est une ébauche d’actions de communication concrètes, de cibles et de modalité de réalisation avec un objectif final tout aussi clair : faire libérer le président Gbagbo par des actions de communication tendant à le réhabiliter dans sa dignité. Les personnes identifiées pour l’exécution de ce projet sont celles citées par le ministre Hamed Bakayoko comme les acteurs du complot des ordinateurs, lors son émission télévisée du mardi dernier. Ainsi donc « la déstabilisation » que le ministre de l’intérieur a voulu juxtaposer avec le drame de l’ouest n’en est pas une, au sens destructif de l’Etat. Car, tout en envisageant un équilibre communicationnel entre le camp Gbagbo et celui de Ouattara, l’auteur du document en question se préoccupe de la « nécessité de réunir tous les fils et filles du pays autour de la mère patrie malade ». Et justifie l’impériosité de cette action par le fait que « toute perspective de vengeance ou de jugement continuera à faire peser sur la Côte d’Ivoire une chape d’incertitude et d’instabilité ». Voilà la prévenance découverte dans l’ordinateur de Sy savané, Directeur Général de Cylone, l’entreprise de communication de Nady Bamba. Ce qui lui a valu un long séjour à la DST et actuellement une incarcération à la MACA sans jugement. La communication, arme si prisée par Ouattara et ses partisans est aussi redoutée par eux ! Ils ont dépeint Laurent Gbagbo comme un dictateur à pendre, et les puissants de ce monde les ont entendus. Mais ils n’ont jamais compté avec le revers possible de la médaille. Ainsi qu’ils ne l’avaient pu montrer pendant la lutte pour le pouvoir, les pro-Gbagbo, depuis l’incarcération de leur champion ont donné fatalement le change aux partisans de Ouattara sur le plan de la communication. Toutes les capitales du monde bruissent aujourd’hui des échos de la dictature qui sévit en Côte d’Ivoire sous son règne. Pendant ce temps Laurent Gbagbo apparaît désormais comme le persécuté de l’injustice des puissances étrangères, soutiens connus de Ouattara. C’est une inversion des choses prévue par le document mis en cause et que ne saurait accepter le régime en place.
Dékos Badaud in Aujourd’hui
Sat, 16 Jun 2012 10:36:00 +0200
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