Ouattara et ses sbires ont tué Yves Lamblin et le colonel Dosso

LE « COLONEL SÉKOUBA » AVOUE LA PARTIALITÉ DE LA JUSTICE

L’effort de restitution de la vérité historique sur la crise post-électorale ne faiblit pas. En Côte d’Ivoire comme ailleurs, des femmes et des hommes se mobilisent pour qu’éclate définitivement la vérité. Cette mobilisation extraordinaire se présente comme un antidote contre le mensonge d’Etat érigé en système de référence en Côte d’Ivoire. Et le mensonge ne peut qu’avoir bonne presse lorsqu’il s’agit d’accabler le Président Laurent Gbagbo et ses partisans. Selon les chiffres officiels cette crise a engendré, au total 3000 morts. Et les hauts parleurs du pouvoir d’Abidjan aidés par leurs soutiens internationaux arguent, à qui veut l’entendre, que toutes ces victimes ont un seul auteur : Laurent Gbagbo. Celui-ci est tantôt présenté comme un auteur direct, tantôt comme un co-auteur indirect. Le caractère surréaliste d’une telle accusation ne peut manquer d’interroger la sensibilité des personnes équilibrées. Se refusant de voir le mensonge et la délation prospérer, plusieurs plumes ont tenté, à leur façon, de répondre présent à l’appel du devoir de vérité. C’est ainsi qu’est né l’ouvrage intitulé Le commandant invisible raconte la bataille d’Abidjan paru aux éditions l’harmattan.

Dans un témoignage émouvant, Sémefia Sékou dit « Colonel Sékouba», ancien commandant du théâtre des opérations du commando invisible d’Abobo, se confie à Germain Séhoué, auteur de l’œuvre. Au regard des aveux du « colonel Sékouba », nous nous gardons de considérer cet ouvrage comme un livre banal, juste fait pour meubler les bibliothèques. Le commandant invisible raconte la bataille d’Abidjan est plutôt un outil qui doit être utilisé pour confondre non seulement le parquet ivoirien, mais aussi et surtout démontrer que M. Moreno Ocampo a cousu son acte d’accusation avec du faux. Pour y parvenir, il ne serait pas excessif d’exposer les révélations du colonel Sékouba avant d’établir qu’elles battent en brèche l’impartialité de la justice ivoirienne et internationale.

Les révélations du « colonel Sékouba » sur l’affaire Lamblin-Colonel Dosso

Le « colonel Sékouba » fait des révélations de taille. Il nous parle de l’assassinat du colonel Dosso, de la mort du professeur Philippe Rémond enseignant à l’INP-HB de Yamoussoukro. Il nous donne par ailleurs, avec précisions, les circonstances de la mort de Stéphane Diripen DG de la Sifca, Yves Lamblin, ainsi que deux collaborateurs de ce dernier. Selon le commandant du théâtre des opérations du commando invisible d’Abobo, ces personnes citées ont été exécutées par ses hommes et ceux de Koné Zakaria. Ce qui frappe à première vue, c’est le fait que « Colonel Sékouba » ait donné son nom à l’état civil et la responsabilité qui était la sienne dans la hiérarchie des hommes de M. Alassane Dramane Ouattara. L’ayant fait, il a facilité la tâche aux pouvoirs publics ainsi qu’à tous les septiques. Ceux qui seront un peu curieux n’auront pas à souffrir. La tâche est d’autant plus aisée que le commando invisible fut un démembrement du MPCI devenu Forces Nouvelles pour être enfin transformé en FRCI. C’est dire que les tenants du pouvoir, à tout le moins, les grands décideurs militaires et autres cadres du RDR savent bien qui est Sémefia Sékou.

Dans ses révélations, il n’y a aucune hésitation, il est formel lorsque des questions lui sont posées. Concernant la mort du colonel Dosso, il avoue : « L’assassinat du colonel Dosso, ce sont certains de mes éléments qui l’ont fait pour des raisons de règlements de comptes. Même bien d’autres qui ont été assassinés. Et pour trouver des prétendus coupables, ils incarcèrent des innocents des forces loyalistes pro-Gbagbo… » Il révèle par ailleurs, le cordon ombilical entre le clan Ouattara et les ex rebelles, ce qui ne manque pas de renforcer l’idée selon laquelle ce clan serait « le père de la rébellion ». Au bout de cette connexion machiavélique, le clan Ouattara devait verser des fortes sommes à ceux qui devaient faire tomber le Président Laurent Gbagbo.

Mais contre toute attente: « … après avoir réussi notre plan et que Gbagbo avait été capturé avec ses proches et que tout avait été accompli, c’était convenu qu’on reçoive de grosses parts financières et que Dramane installe IB comme Général, chef d’Etat-major, et case tous nos nombreux combattants dans la nouvelle armée à des postes nobles et bien mérités, c’est cela, Frci. Mais Dramane n’a pas tenu sa parole. Et sentant cette trahison, alors on a opté lors d’une de nos rencontres entre Généraux du clan IB, de capturer Dominique… » Ce qui veut tout simplement dire que le clan Ouattara a utilisé le commando invisible pour parvenir au pouvoir. Le colonel Dosso a donc payé pour la trahison du clan Ouattara. Et comme la trahison se paie cash, Yves Lamblin en a fait les frais, lui qui voulait trahir un secret découvert contre son gré : « Tout ce qui se disait au téléphone dans tous les bâtiments, tous les appels, les messages, même sur internet, tout dans le rayon était intercepté, entendu, vu et surveillé. Et il y avait le responsable de l’hôtel, Stéphane qui était au courant de tout le complot de Ouattara et ses soutiens contre Gbagbo. Et voilà que par hasard, Yves Lamblin découvre sur l’ordinateur du Directeur de Novotel d’inquiétantes informations relatives au complot.

Alors comme il entretenait de bons rapports avec le Président Gbagbo, Yves Lamblin qui avait désormais compris beaucoup de choses, appelle la Résidence pour dévoiler le secret. Il causait beaucoup avec Désiré Tagro. Et quand ses appels ont été interceptés, la cellule informatique technologique installée au 1er étage de l’Hôtel du Golf a fait le rapport à Dramane et Soro. Alors plusieurs personnes ont été contactées pour situer la provenance de ces appels. Ils se sont rendu compte que ces appels venaient de l’Hôtel Novotel. Ils ont fait des recherches et découvert qui appelait de cet hôtel à la Résidence de Gbagbo pour faire de telles révélations. C’est ainsi qu’ils ont distribué des photos des personnes concernées par cette affaire au Novotel aux éléments qui devaient aller les prendre afin qu’elles soient formellement identifiées. Entre les grands patrons, ils avaient décidé d’appeler un certain René Kerry, responsable Sécurité du Groupe Accor. Et lorsqu’ils ont eu l’accord de plusieurs personnes au niveau des « grands », alors ils ont donné l’ordre à Koné Zakaria d’envoyer ses hommes à l’hôtel. Parce que les hommes de Koné Zakaria faisaient front au Plateau et que Novotel est au Plateau. Donc ces hommes sont allés vite prendre ceux qu’ils avaient mission d’arrêter. Et lorsqu’ils ont pu mettre la main sur eux à l’hôtel, ils les ont envoyés dans un endroit à Adjamé….. Lamblin a été abattu. » Il fallait donc faire taire Yves Lamblin afin que le complot se porte bien.

En donnant avec précisions les conditions de l’exécution de Lamblin, le « colonel Sékouba » situe l’opinion sur son degré d’implication dans l’opération et provoque du coup une adhésion à ses révélations. Il va plus loin en établissant un lien entre l’assassinat de Lamblin et celui de Philippe Rémond. En effet, « Lamblin torturé, a craqué et déclaré qu’il a transféré copie des documents auxquels il a eu accès à un de ses meilleurs amis, Professeur à l’Institut national polytechnique Houphouët-Boigny (INP-HB) de Yamoussoukro. Or, ce Professeur est lui aussi un ami de Gbagbo… Philippe a été abattu dans sa chambre d’hôtel à Yamoussoukro ». Voici donc en bref les revelations faites par Sémefia Sékou alias « colonel Sékouba ». Il en résulte que ni Gbagbo, ni ses proches, encore moins ses partisans ne sont concernés par l’assassinat de Lamblin, Dosso, Philippe Rémond. Au contraire, Philippe Rémond et Lamblin ont été victimes de leur attachement aux valeurs républicaines. De telles révélations faites par un monsieur qui a révélé son identité, ont naturellement une incidence sur les procédures judiciaires engagées non seulement par le parquet ivoirien mais aussi par le procureur de la CPI. Elles parviennent donc à battre en brèche l’impartialité de la justice ivoirienne et internationale.

L’impartialité de la justice ivoirienne et internationale battue en brèche

Dans l’affaire de la mort du colonel major Dosso et de Yves Lamblin, le parquet ivoirien a été très actif. Il a même qualifié cette affaire de « cas spécifiques » qui mérite de toute évidence un traitement spécifique. C’est ce qui explique que dans l’affaire Lamblin et ses collaborateurs, dès le 28 Avril 2011 (17 jours après la prise du pouvoir du nouveau régime), une information judiciaire a été ouverte contre x. Celle-ci a donné lieu à l’inculpation de 5 personnes (3 officiers supérieurs, 1 sous officier et un commissaire de police). Lors d’une conférence de presse début Juillet 2011, le procureur de la République avait affirmé : « M. Yves Lamblin, le directeur général du Groupe Sifca, M. Stéphane Diripen, directeur de Novotel Côte d’Ivoire et deux autres collaborateurs de M. Yves Lamblin ont été enlevés dans la mi-journée du lundi 4 avril 2011 par un commando armé qui s’est introduit à l’hôtel Novotel. Ces gens armés les ont enlevés du Novotel pour les conduire tour à tour à la Primature et à la présidence de la République où ils ont été séquestrés, torturés, tués et jetés en pâture aux animaux aquatiques de la lagune Ebrié. » Il avait à l’occasion noté que 9 personnes étaient en détention préventive. Depuis le 08 Juin 2012 ce chiffre a connu une hausse. En effet, un communiqué du parquet a précisé : « Une nouvelle personne a été inculpée cette semaine, ce qui porte à 27, le nombre des personnes inculpées et placées en détention préventive dans cette procédure. En outre, 03 personnes font l’objet de Mandats d’Arrêt ».

Dans l’autre « cas spécifique », celui du Colonel major Dosso, l’information judiciaire ouverte le 05 Mai 2011 avait donné lieu à l’inculpation de 4 militaires ivoiriens. En Juin 2012, ce nombre a varié comme l’indique le communiqué du parquet qui note que « 05 individus ont été inculpés et placés en détention préventive. » Koffi Kouadio Simplice, le procureur avait aussi avoué : « ce militaire à la retraite a été enlevé dans le mois de mars, non loin de l’ambassade américaine, à proximité de la résidence de la veuve du premier président de la République de Côte d’Ivoire. Il a été conduit à la Garde républicaine puis au point kilomètre 40 de l’autoroute du Nord où il a été assassiné. » Toutes les personnes désignées par le procureur sont accusés d’avoir enlevé, séquestré et assassiné Lamblin, ses trois collaborateurs et le colonel major Dosso.

Ce qui frappe dans cette affaire, c’est non seulement le silence observé par le Procureur concernant l’assassinat de Philipe Rémond, mais aussi et surtout, la version du « colonel Sékouba » qui tranche avec celle contée par le pouvoir. Les deux versions s’opposent outrageusement. Ce fait nouveau qui apparait dans la procédure aurait dû être pris en compte par le procureur avant de prononcer les nouvelles inculpations portées à la connaissance de tous le 08 Juin 2012, c’est-à-dire à 10 jours de l’audience de confirmation des charges initialement prévue pour se tenir le 18 Juin 2012 (reportée le 12 Juin 2012). Si cela n’a pas été fait, bien que la parution du livre date de début Juin 2012. C’est que le procureur cherche à ne faire mal qu’à un seul camp, en l’occurrence les pro-Gbagbo. C’est sûrement cette envie de protection du clan Ouattara qui empêche le procureur de parler du cas Philippe Rémond connu pour avoir crânement défendu les institutions républicaines. Le faisant, le procureur achève de nous convaincre sur la partialité de la justice ivoirienne. Cette attitude a été observée dans l’affaire Guy André Kiffer. En effet, dans celle-ci, le témoignage de « Gorge profonde » qui présentait les auteurs du crime a été royalement ignoré. Mieux, « Gorge profonde » a été tué dans son retranchement au Ghana voisin. On retiendra donc que l’entêtement du procureur à ne pas tenir compte du témoignage de « colonel Sékouba » est l’expression parfaite d’une justice partiale, en un mot de la justice des vainqueurs. Cette partialité de la justice ivoirienne a-t-elle contaminé la justice internationale?

La justice internationale, à travers son ancien procureur, Moreno Ocampo, a embouché la trompette du pouvoir ivoirien. Bien avant même que le pouvoir soit arraché au Président Laurent Gbagbo, la nébuleuse avait affirmé qu’il tiendrait Laurent Gbagbo pour responsable de tous les crimes commis lors de la crise post-électorale. Cela veut tout simplement dire que tous les morts sont le fait de Gbagbo y compris Yves Lamblin et ses trois collaborateurs, colonel Dosso, Philippe Rémond etc. Dans son acte d’accusation cédé à Fatou Bensouda, Ocampo avait parlé de « prétendu commando invisible ».

Malheureusement pour lui, le journaliste Germain Séhoué, vient de faire parler Sémefia Sékou, le commandant du théâtre des opérations de ce « prétendu commando invisible ». Certainement que Bensouda, par honnêteté et professionnalisme, interrogera « colonel Sékouba » afin de se faire une opinion sur la réalité de ce commando. Elle sera tenue par la suite, de biffer dans l’acte d’accusation, le terme « prétendu ». Par ailleurs notons qu’Ocampo avait soutenu que du 28 Novembre au 08 Mai, le camp Gbagbo avait tué 1059 partisans de Ouattara. La question qui s’impose est de savoir si Lamblin, ses trois collaborateurs, colonel Dosso et biens d’autres personnes tuées par les hommes du « colonel Sékouba » et de Koné Zakaria, font partie de ces personnes. Il est évident qu’ils ne sauraient faire partie des 1059 personnes. En effet, en révélant sa vraie identité, « colonel Sékouba » se présente comme un témoin sérieux ce qui crédibilise ses révélations. Il s’ensuit qu’il faille soustraire de ce nombre 1059, les noms de Yves Lamblin, ses trois collaborateurs et le Colonel major Dosso. Le nombre tomberait ainsi à 1054 (1959 – 5 = 1054). Or le colonel Sékouba a affirmé avoir fait assassiner d’autres personnes.

Quel est donc leur nombre ? Et si on doit y ajouter tous les pro-Gbagbo anonymes qui ont été assassinés durant la période indiquée par le très controversé Ocampo, il est fort probable que, chemin faisant, le nombre dépérisse considérablement ou même disparaisse. Mais l’entêtement du procureur à voir les charges confirmées contre le Président Laurent Gbagbo montre qu’il s’agit d’une volonté de perpétuer, par delà les mers, la justice sélective déjà en vigueur en Côte d’Ivoire. Elle discrédite foncièrement le procureur et sa suite qui risquent de ne plus bénéficier du chétif crédit que l’on leur accordait. Au delà de ce simple fait, c’est l’impartialité de la CPI qui est en jeu. Cette justice a-t-elle toujours été impartiale? Si à bien des égards elle a été taxée d’être partiale, l’issue de l’audience des confirmations des charges du 13 Août 2012, permettra davantage de situer l’opinion. Car, confirmer les charges rédigées par Ocampo signifierait que la CPI a décidé de s’ériger en une justice partiale et de codifier de la justice des vainqueurs.

En gros, retenons que l’ouvrage de Germain Séhoué recèle un pan de la vérité sur la crise post-électorale. Cette vérité est dite par un acteur clé de l’appareil militaire de l’ex rébellion appelé aujourd’hui FRCI. Sa vérité dérange et dévoile l’impartialité de la justice ivoirienne et internationale. Il urge donc, en vue de l’instauration d’un Etat de droit, donc de la paix définitive, de chercher les vrais auteurs des crimes à travers des enquêtes sérieuses, guidées par le professionnalisme et l’intérêt supérieur de la nation.

Alain Bouikalo
bouikhalaud10@gmail.com

Sat, 30 Jun 2012 15:50:00 +0200

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