
C’est donc par la négociation que l’Etat compte faire partir Amadé Ouérémi et ses lieutenants, ainsi que tous les autres occupants des forêts classées de l’Ouest. Les ultimatum lancés par le gouvernement de Côte d’Ivoire, semblent ainsi laisser la place à la voix pacifique. Le dimanche 03 mars dernier, une délégation des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI), dirigée par le commandant du sous-groupement basé à Duekoué, le lieutenant Bamba, avait rendez-vous avec le ”seigneur” du Mont Péko dans le village de Bagohouo.
Cette rencontre de négociation s’était malheureusement soldée par un échec, vu que Amadé Ouérémi avait brillé par son absence, prétextant un état de santé défectueux. Une situation qui a laissé pantois, les émissaires du gouvernement, même si cela n’a pas cassé leur détermination à convaincre le chef de guerre de partir pacifiquement. « Nous voulons éviter l’épreuve de force. L’heure n’est plus à la belligérance ; ce n’est que partie remise. Je reviendrai dans les jours à venir pour le (Ouérémi) rencontrer, parce qu’il faut aller doucement », avait expliqué, dans le quotidien ” Nord-Sud ”, l’adjoint du commandant Traoré Dramane. Y a-t-il eu une autre rencontre après celle manquée du dimanche 03 mars ? En tout cas, à en croire cette personnalité de l’Ouest, « il faut éviter que le pire se produise avec Amadé Ouérémi. Le gouvernement ne baisse pas les bras, un travail souterrain est en train d’être fait ».
Amadé part, mais reste
Pour le chef de guerre du Mont Péko, il faut lui laisser le temps de s’organiser avant de partir. L’homme avait sollicité de l’Etat de Côte d’Ivoire une période de carence qui courait jusqu’au mois de mars 2013, le temps pour lui de récolter et vendre ses dernières cabosses de cacao. Amadé Ouérémi, tout comme ses hommes, ne serait donc pas opposé à son départ de cette réserve naturelle, classée patrimoine mondial.
Le planteur-chef de guerre, bien que disposé à partir de cette forêt, n’abandonne pas pour autant l’activité qui l’y a maintenu durant de longues années. Selon des sources bien informées sur ses activités, M. Ouérémi a prévu de se reconvertir en acheteur de produits agricoles.
L’homme va ainsi échanger la machette et la kalachnikov contre les gros sacs d’argent, comme on en voit souvent avec les acheteurs de produits. Nos sources informent, à ce propos, qu’il est en train de construire un grand magasin dans le village de Bagohouo, à la lisière du Mont Péko, pour l’achat et le stockage des fèves de cacao. Le chef de guerre prévoit d’organiser un véritable réseau, allant de la production jusqu’à l’écoulement du café et du cacao vers les acheteurs internationaux. Une façon pour lui de garder une main sur les gros sous que génère la terre à l’Ouest.
Quant à ses hommes, ils vont sortir de la clandestinité dans la forêt pour s’établir dans des campements aux environs et continuer l’activité de producteurs de café et de cacao.
Hamadou ZIAO in L’Inter
Tue, 26 Mar 2013 09:15:00 +0100