RÉSISTANCE PATRIOTIQUE PAR LE SPIRITUEL: PÂQUES À LA HAYE AVEC LE PRÉSIDENT GBAGBO

La fin justifie les moyens. Dans cette logique, chacun utilise les moyens qu’il juge capables de lui faire atteindre ses objectifs. L’un des objectifs de la résistance patriotique est la libération du président Gbagbo et de la Côte d’Ivoire. Pour cette libération, un groupe de patriotes ivoiriens a choisi la prière comme moyen. Dans le combat qu’ils mènent depuis le 19 septembre 2002 contre les forces du mal, certains patriotes, hommes et femmes de foi, ont décidé d’invoquer le bon Dieu. Ces patriotes chrétiens pensent que c’est la victoire dans le combat spirituel qui détermine l’issue heureuse de la guerre sous toute ses formes. Ils y croient fermement, malgré la tragédie qu’ils continuent de vivre avec leurs concitoyens. «Car nous n’avons pas à lutter contre la chair et le sang, mais contre les dominations, contre les autorités, contre les princes de ce monde de ténèbres, contre les esprits méchants dans les lieux célestes.» (Éphésiens 6; 12), écrivait l’apôtre Paul dans son épître aux éphésiens. C’est donc conformément à ce message paulinien que ces patriotes ont décidé d’agir. Comment pouvait-il en être autrement pour ceux à qui la Bible enseigne que la puissance de la prière libère les captifs, les prisonniers? Selon les organisateurs, l’efficacité de la prière est montrée dans ce passage des Actes des apôtres: «Pierre donc était gardé dans la prison; et l’Église ne cessait d’adresser pour lui des prières à Dieu. (…) Les chaînes tombèrent de ses mains　(…) Lorsqu’ils eurent passé la première garde, puis la seconde, ils arrivèrent à la porte de fer qui mène à la ville, et qui s’ouvrit d’elle-même devant eux; ils sortirent, et s’avancèrent dans une rue. Aussitôt l’ange quitta Pierre. » (Actes 12; 5 à 10). C’est donc sur le fondement du récit de la libération miraculeuse de l’apôtre pierre, que les patriotes ivoiriens reposent leur Action du 7 avril prochain. Certes Gbagbo n’est pas l’apôtre Pierre, mais la Bible ne dit-elle pas que Dieu ne fait acception de personne?
Pour la circonstance, des responsables religieux, qui ont souhaité garder l’anonymat ,seront du voyage. Leur mission: prier pour que les murs de la prison de Scheveningen «s’écroulent», afin que le président Gbagbo en sorte libre à l’issue de l’avant-procès du 18 juin prochain. Tous espèrent voir la justice de Dieu triompher de celle des hommes corrompus.
Selon le programme établi par le Comité d’Organisation, l’action spirituel à La Haye se déroulera de l’après-midi du samedi 7 avril au dimanche 8 matin. Cette action sera conduite par le thème «Prière, louange et adoration pour la délivrance du président Gbagbo et de la Côte d’Ivoire.» Dans un premier temps, dans l’après midi du samedi, précisément de 14h00 à 18h00, ils seront devant la prison pour prier. Par la suite, ils se rendront dans une Église locale pour continuer leur programme spirituel durant toute la nuit du samedi au dimanche. Le 7 avril, ceux qui habitent dans la région parisienne partiront de Saint Denis université, dans la banlieue parisienne, très tôt en convoi.
Il faut rappeler que la religion a occupé une place importante dans la crise qui a secoué la Côte d’Ivoire depuis le 19 septembre 2002, et dont la guerre de mars- avril 2011 a été l’une des conséquences. De nombreuses prophéties et paroles de foi avaient annoncé le jubilé pour la Côte d’Ivoire. Mais cette libération tarde à venir, et la perte de la guerre a plongé de nombreux ivoiriens dans le désespoir. Nombreux sont aussi ces chrétiens qui ont perdu la foi dans cette "affaire", s’ils n’ont pas simplement perdu la foi en un Dieu libérateur du joug néo-colonial de l’Occident. A l’opposé de ces chrétiens se trouvent d’autres chrétiens et religieux. Ces derniers restent encore fermement convaincus que Dieu n’a pas encore dit son dernier mot. Pour ces chrétiens et religieux, le crépuscule de 2011 et les ténèbres qui ont suivi représentent les douleurs de l’enfantement. Convaincus de cette libération prochaine, ils scrutent l’horizon et attendent patiemment l’aurore de demain, celui de la libération de leur pays.

ZEKA TOGUI