Une fois n’est pas coutume. Il convient donc de saluer la hauteur d’esprit et le sens de la responsabilité des leaders du RHDP. Bédié et Ouattara n’ont pas cédé à l’émotion ni à la pression. Ils ont fait preuve d’humilité et d’écoute de la parole d’Houphouët, qui a dit que la politique est la saine appréciation des réalités. Bédié et Ouattara ont donc su apprécier les réalités du moment. Mais, ils doivent en même temps tirer une leçon de ce qui vient de se passer pour instaurer une sorte de manuel des procédures au sien de leur mouvement. Comment programmer une manifestation ? Quel est le degré d’autonomie des structures de jeunesses et de femmes ? Le recul actuel doit donc être mis à profit pour régler la question. Il convient également de rappeler à l’ordre les médias , ainsi que les cadres du RHDP sur l’urgence de tenir des discours qui ne peuvent pas mettre à mal. Les propos tenus par les uns ainsi que les écrits dans les médias, ont fortement contribué à pourrir l’atmosphère. Reculer pour mieux sauter est une bonne chose. Toutefois, si Bédié et Ouattara ne posent pas les vraies questions, cela ne servira à rien. On aura eu l’impression que Bédié et Ouattara ont eu peur de leur propre avenir et sort. C’est pourquoi ils ont bridé l’enthousiasme des jeunes, dont le tort aurait été d’avoir eu l’audace de s’émanciper. Sur ce point, du reste, Bédié et Ouattara ont manqué de finesse et de courtoisie à l’égard de KKB et de Yayoro.Car ils auraient bien pu obtenir que Laurent Gbagbo et Guillaume Soro les reçoivent et faire en sorte qu’au sortir de ces entretiens, ce soient les initiateurs mêmes de la marche qui annoncent son report. Bédié et Ouattara n’avaient pas besoin de signer un communiqué sur la question. Savent-ils que dès avant même la rencontre Bédié-Gbagbo et les réunions des leaders du RHDP, KKB et Yayoro avaient été mis au défi de ce que leur marche n’auraient jamais eu lieu le 15 Mai 2010. Il fallait leur sauver la face et non les infantiliser comme on a pu en avoir le sentiment. Cela dit, il paraît qu’il ya des militants qui ne sont pas contents. Et bien c’est simple. Ceux-là n’ont pas besoin d’aller militer au FPI ni dans la majorité présidentielle, ils n’ont pas besoin de faire du bruit. La seule chose qu’on attend d’eux est de sortir après-demain et de tenter une marche. S’ils sont présents et déterminés, s’ils sont nombreux, on comprendra.Quand un peuple est fatigué et excédé vraiment, aucun chef, aucune force ne peut l’empêcher de s’exprimer. N’est-ce pas Anaky et Mabri ? On attend donc demain sur le terrain les poids légers du RHDP qui n’ont pas d’autre choix que de calmer leur cœur. Que peuvent-ils faire d’autre ? Quitter le RHDP ? Pour aller OU ? Rester tout simplement MFA, UDPCI ou bien rallier Gbagbo, parce qu’il est le plus fort ? Le RHDP doit reculer pour mieux sauter et surtout, il doit admettre qu’il est victime de ses propres turpitudes. Comment l’opposition pouvait-elle admettre qu’un voleur avertisse qu’il vient voler et que la victime supposée ne fasse rien ? KKB, Yayoro, Anaky et tant d’autres ont dit que le 15 Mai était le début de la fin pour Gbagbo. Certains ont même dit que c’était le jour de la fin. La marche devait durer jusqu’à ce que le régime tombe. Un régime dans le gouvernement duquel des cadres RHDP, sont pourtant ministres et obligés de soutenir le Premier ministre et le chef de l’Etat que les marcheurs voulaient renverser ? Quelle cohérence ! Guillaume Soro et Laurent Gbagbo ont utilisé les moyens à leurs dispositions pour semer le trouble au sein du RHDP qui paie le prix de l’improvisation et semble avoir tiré les leçons des manifestations de Février dernier qui, tout en étant légitimes et spontanées, n’ont cependant pas permis de mettre fin au pouvoir de Laurent Gbagbo, pourtant seul et sans gouvernement à l’époque. Dernier point : le RHDP a dit son attachement à l’alternance pacifique, à l’accession au pouvoir par les urnes. Bonne mise au point. Mais alors pourquoi les houphouétistes ne marquent-ils pas la rupture définitive avec les FN,un mouvement armé ? Pourquoi le RHDP continue-t-il de tolérer et d’apporter son aval et sa caution aux FN ? Comment le RHDP peut-il tant en vouloir à Laurent Gbagbo qu’il ne perçoit même pas que ce n’est pas lui le blocage, mais que c’est le procès d’intention, l’alliance passée avec les ex-rebelles contre le chef de l’Etat qui a retardé le désarmement et la sortie de crise. En réalité sans le dire, le RHDP a toujours attendu une main secourable, un petit quelque chose qui viendrait bouter Gbagbo hors du pouvoir, ou une révolution qui viendrait le balayer et mettre tous les candidats sur un pied d’égalité. C’est cette attente vaine depuis toujours qui a favorisé la rébellion et poussé des partis politiques à avaliser l’action des Forces nouvelles. Depuis trois ans, Guillaume Soro a compris que ce n’est pas Gbagbo le problème et qu’il doit travailler avec lui pour arriver à la paix et à l’élection, mais Bédié et Ouattara n’ont toujours pas voulu voir la réalité en face. Ne pensant qu’à devenir président, ils se contentent pour le moment des miettes du pouvoir et laissent Guillaume Soro dérouler son agenda. Le réveil pour eux risque d’être à la fois tardif et douloureux, parce qu’ils ne croient pas en eux-mêmes, ensuite parce qu’ils en veulent trop à Gbagbo,au point d’absoudre totalement Guillaume Soro de toute responsabilité et de lui donner le bon Dieu sans confession. Au point que c’est Laurent Gbagbo via ses partisans ( Tagro,Affi et Blé Goudé) qui est souvent obligé d’affronter le Premier ministre pour mettre la pression et faire avancer les choses. Comme Gbagbo qui avait réussi à rouler Robert Guéi dans la farine, Guillaume Soro déploie un grand talent. Petit Gbagbo est au contrôle et à la manœuvre…..
Avec le partenariat de L’Intelligent d’Abidjan / par Charles Kouassi
Fri, 14 May 2010 02:10:00 +0200
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