Run pour Ouattara

Première édition de veritas ; première vérité sans fard. L’image est révélatrice puisqu’elle n’est pas anodine. elle restitue, en elle seule, toute la vérité sur la face cachée du film « Run » du cinéaste franco-ivoirien, Philippe Lacôte. Le vendredi 16 mai 2014, deux ministres du gouvernement Ouattara, Maurice Bandama et Affoussiata Bamba-Lamine, conduisent la délégation ivoirienne composée du cinéaste Philippe Lacôte ainsi que des acteurs dont isaac De Bankolé, qui foule le tapis rouge du 67ème festival de Cannes.
29 ans auparavant, en 1985, le cinéaste ivoirien Désiré Ecaré n’était pas « noyé » dans une délégation conduite par des officiels et hommes politiques ivoiriens lorsqu’il s’était présenté au festival de Cannes. Son film « Visage de femmes » avait remporté le prix de la fédération internationale des critiques de cinéma. c’est d’ailleurs le seul « sacre » d’un film ivoirien à la croisette (Cannes). Le cinéaste tchadien Mahamat Saleh Haroun n’était pas encadré par des membres du gouvernement du Tchad lorsqu’il a abordé le tapis rouge en 2010. Son film « Un homme qui crie », sélectionné en compétition officielle du festival de Cannes, avait fait honneur, au cinéma de son pays, en remportant le prix du jury du festival. Ni le cinéaste mauritanien Abderrahmane Sissako, ni le malien Souleymane Cissé n’étaient accompagnés de ministres ou autres personnalités de leurs pays respectifs lors de leur participation à ce festival. Pourquoi cela ? une réponse nous vient à l’esprit : ils étaient indépendants de la tutelle politique. Les gouvernements de leurs pays n’avaient pas leurs mains dans leurs productions au point de s’afficher avec eux.
Ce n’est pas le cas pour Philippe Lacôte. En dépit de ses nombreuses contradictions flagrantes sur la manipulation politique qui sous-tend son film « Run», c’est le ministre de la culture du gouvernement Ouattara, Maurice Bandama, qui a jeté le pavé dans la marre. En soutenant que l’actuel pouvoir ivoirien a financé « Run » à hauteur de 200.000 euros (soit environ 135 millions fcfa).Quoi de plus normal que le régime Ouattara dépêche une délégation à Cannes pour soutenir « son » cinéaste. Porteur d’une production cinématographique qui joue pour Alassane Dramane Ouattara, ses ex-rebelles et son régime.
« Run » est un brûlot contre Gbagbo et Blé Goudé qui tente de dédouaner subrepticement Ouattara dans le drame que vit la Côte d’Ivoire avec intensité depuis septembre 2002. Les jeunes patriotes qui ont donné leurs poitrine pour défendre les mains nues la patrie attaquée, sont dépeints comme des monstres assoiffés de sang. Et l’un d’eux à qui la fiction manipulation du cinéaste Lacôte fait porter le nom évasif de Run s’enfuit, dans le film, après avoir tué le premier ministre. Il entame une pérégrination du nord au sud de la Côte d’Ivoire durant laquelle il porte en bandoulière, l’insouciance et la violence.
L’horizon d’attente de ce film est bien clair : tenir l’image de Gbagbo et Blé Goudé au plan international au moment où la cpi doit rendre son verdict sur le cas du premier ; et que le second est détenu, de récente date, à La haye. Le festival de cannes était
donc un bel adjuvant pour atteindre cet objectif. Malheureusement pour Ouattara, Lacôte, Bandama et Bamba-Lamine ; aucun crime n’étant parfait, leur film n’a obtenu aucun prix. Ils sont revenus bredouilles du festival de cannes. « Run » pour Ouattara est passé inaperçu, frappé par l’indifférence. C’est le sort que la nature réserve au mensonge.

Par Didier Depry
In Notre Voie
didierdepri@yahoo.fr

Tue, 27 May 2014 10:12:00 +0200

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