Suspendu du cabinet du D.N.C.A. de Laurent Gbagbo, chargé des Ivoiriens de l’étranger / Koné Issa alias Sankara au nom des mis en cause : “Nous avons été diffamés”

C’est un ami qui m’a attribué ce sobriquet quand nous étions encore militants de la fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire( FESCI), et ce suite aux citations que j’empruntais aux discours de Thomas Sankara lors des meetings. À cette époque là, je faisais les meetings habillé en treillis et en béret. Je suis fier aujourd’hui de porter ce nom comme si c’était une prémonition.
Vous faites partie de la génération FESCI version Soro Guillaume – Blé Goudé, parlez-nous de vos relations avec ces deux personnalités pendant les années d’université ?
Il faut dire d’abord que je suis entré à l’université durant l’année universitaire 95 – 96. Là, j’ai trouvé des camarades de lutte sur place qui étaient au bureau national qui était dirigé par Soro Guillaume. Nous qui venions d’arriver avons apporté du sang nouveau. C’est lors de la longue crise de 1997 que Soro Guillaume a géré que j’ai été coopté par le camarade Damanan Pikass. C’est lui qui a été le premier à me découvrir sur le champ de bataille, et m’a demandé de militer au sein de la FESCI. Quelques temps après, il a été fait prisonnier. Nous avons donc continué à travailler avec ceux qui étaient dehors. J’ai de très bons rapports avec Blé Goudé Charles qui était le secrétaire à l’organisation de Soro Guillaume. Il devait pour cela entretenir de bonnes relations avec les sections. C’est ainsi que le contact s’est établi entre lui et moi. Mon mentor à cette époque, c’était Damanan Pikass.
À sa sortie de prison, nous avons continué à travailler avec lui. Et le fait d’être tous les deux étudiants à la faculté de droit a créer plus d’affinité entre nous. Soro Guillaume qui était notre secrétaire général a été soutenu par nous, et nous avons fait en sorte que son mandat soit une réussite. Ce qui a été le cas. C’est comme cela que nous avons gardé de bons rapports avec ses deux personnalités jusqu’à ce que ce qu’on a appelé la « crise de la machette » arrive. Chacun ayant pris position, j’ai été le porte- parole des secrétaires de section soutenant Blé Goudé à cette époque là.
Au demeurant, je voudrais dire qu’au temps où Soro Guillaume dirigeait la FESCI, j’ai été le secrétaire à l’information de la FESCI jusqu’à l’élection de Blé Goudé en tant que secrétaire général en 1998. Après le congrès, j’ai été élu secrétaire de la FESCI de la faculté de droit. À la fin du mandat de Blé Goudé, j’étais moi-même candidat au poste de secrétaire général de la FESCI. Nous étions quatre candidats au premier tour. Au second tour, je me suis retrouvé avec Dibopieu Jean-Yves. Ce dernier a remporté les élections et je suis devenu le N°2 de la FESCI. Voici un peu l’histoire.
Vous avez donc été un militant très actif de la FESCI. On vous attendait sur le terrain de la lutte à Abidjan, vous voici aujourd’hui en France. Que s’est-il passé ?
Je dois dire que je n’ai jamais décidé de venir en France. C’est une chose qui est arrivée de façon accidentelle. J’étais en Côte d’Ivoire lorsque la crise a éclaté. J’avais auparavant fait plusieurs voyage en France, et je suis resté après le début de la crise. Mais je me suis rendu compte que ce n’était pas uniquement en Côte d’Ivoire qu’il fallait mener la lutte. J’ai d’abord atterri en Belgique, à l’université libre de Bruxelles (ULB). C’est donc pour des raisons d’études que je suis venu en Europe. Mais je veux préciser que j’avais obtenu mon visa, et je devais venir en Europe le 22 Septembre 2002. C’est finalement le 22 Octobre 2002 que je suis venu en raison de la crise qui venait de débuter. Et quand nous sommes arrivés, nous nous sommes mis à la tâche.
C’est-à-dire ?
C’est-à-dire qu’arrivé à Bruxelles, nous avons trouvé des camarades que nous avons réorganisé, car ils n’avaient pas les rudiments de la lutte. Il y avait le camarade Tanoh, le camarade Gueu Dunan, le camarade Zokou Séry Simplice que nous avons mis en ordre de bataille. Nous sommes partis au Pays-Bas, au Luxembourg, et en Allemagne. Je voudrais préciser à ce niveau qu’à la rencontre d’Allemagne, l’actuel ministre du tourisme et porte parole des Forces Nouvelles, était partisan de Laurent Gbagbo. C’est après cette rencontre qu’il est allé rejoindre la rébellion. Ce qui nous a étonnés en son temps.
On sait que vous êtes très proche de la mouvance présidentielle en France. Vous avez même été nommé au sein du cabinet du directeur de campagne adjoint de Laurent Gbagbo, chargé des Ivoiriens de l’étranger. Où en êtes-vous par rapport à la mission qui vous est assignée ?
J’étais secrétaire du haut conseil politique de la campagne du candidat Laurent Gbagbo à l’étranger. C’est-à-dire tous les pays où il y a une représentation diplomatique ivoirienne. Ce qui fait 23 pays. En tant que secrétaire général de ce haut conseil politique, j’étais chargé d’élaborer une stratégie de campagne basé sur le programme du candidat Laurent Gbagbo. Nous nous sommes attelé à cette rédaction. Nous avons donné copie à M. Gnamien Yao le directeur de campagne de Laurent Gbagbo chargé de l’étranger. Et c’est à ce niveau que nous en sommes.
Mais vous venez d’écoper d’ une suspension, que se passe t-il ?
Après la dissolution de la CEI et du gouvernement, l’opposition en Côte d’Ivoire a eu a poser beaucoup d’actes de nature à détruire le pays. Et nous, au niveau de la France, avec des camarades comme François Guina, avons décidé d’organiser une manifestation. Ce, pour dénoncer aux yeux du monde la forfaiture de Beugré Mambé et de ceux qui se disent opposants en Côte d’ Ivoire. A partir de cet instant, notre directrice de campagne qui est en même temps la représentante du FPI en France est partie en Côte d’Ivoire. La-bas, elle s’est attelée à dire que le cabinet mis en place par le ministre Gnamien Yao, cabinet qui est le sien d’ailleurs, était une direction de campagne bis. Pour ne pas accepter l’existence de ce cabinet, elle a dit un certains nombres de choses à Abidjan. Entre autres que Gnamien Yao avait créé une direction de campagne bis et travaillait mal. Elle a eu à dire que le camarade François Guina et moi étions des agents des renseignements généraux français.
Quand le ministre Gnamien Yao est arrivé à Paris à la faveur de la manifestation que nous avons organisée le 13 mars dernier, nous avons été convoqués à Bruxelles. Et là, il nous a demandé ce que nous répondions à ce que Brigitte Kuyo avançait. Nous avons donné toutes les explications possibles, mais nous avons quand même écopé d’une suspension parce que selon lui, c’est parce qu’il il y avait la police et les renseignements généraux ce jour là que nous n’avons pas pris la parole ; Toute chose qui confirmerait donc les dires de Brigitte Kuyo.
Vous ne vous reconnaissez donc pas dans les accusations qui sont portées contre vous ?
S’il y a des accusations, il aurait été juste que celui qui porte ces accusations là aie des éléments qui puissent justifier et prouver celles-ci. Et c’est sur la base de ces éléments là que les accusés se défendent. Je vous poserez plutôt une question. Quelles informations que je pourrais donner à la France sur la Côte d’Ivoire que ses services de renseignements n’ont pas ?
Vous pensez donc avoir été injustement suspendus ?
Absolument !
Vous n’êtes pas agent des services de renseignement français ?
Cela ne peut pas être possible. De toutes les façons, si je l’étais, je ne pouvais pas m’afficher tous les jours dans les meetings et conférences pour défendre le président Laurent Gbagbo. Je le dis, et le répète ; Brigitte Kuyo doit comprendre quelque chose. Nous ne sommes pas contre elle. Nous ne cherchons pas à lui faire de l’ombre. Nous cherchons seulement à faire réélire le président Laurent Gbagbo.
Aujourd’hui, il y a plusieurs piliers dans la campagne. Il y a la société civile, il y a des personnes qui viennent d’autres partis politiques, et il y a le FPI. S’il faut combattre tout ceux là parce qu’ils ne sont pas encartés au FPI, ce n’est pas bon. S’il y a quelqu’un qui travaille pour les renseignements généraux français, c’est le mari de Brigitte Kuyo. Souvenez-vous, lorsque le FPI et la mouvance présidentielle se battaient en Côte d’Ivoire pour faire reconnaître à Beugré Mambé sa forfaiture, son mari qui est le président de la CEI de France faisait une motion de soutien à Mambé. En tant représentante du FPI et directrice de campagne du candidat Laurent Gbagbo, c’est elle qui doit prendre la parole et demander à son mari de faire un démenti. Elle ne le fait pas. Et son mari Sylla Mamadou ne le fait pas non plus. Sylla Mamadou vient du PDCI, et je sais comment il a intégré la majorité présidentielle. Mais depuis que le camarade François Guina a donné l’information selon laquelle Sylla Mamadou était signataire d’une motion de soutien à Beugré Mambé, Brigitte Kuyo s’attaque à tous ceux qui ne lui ont rien fait.
Mais je veux dire une chose que vous allez relever : Le FPI doit comprendre que Laurent Gbagbo n’est pas le candidat du FPI uniquement. Laurent Gbagbo est le candidat de la Côte d’Ivoire et de la majorité présidentielle. Nous qui soutenons Laurent Gbagbo ne laisserons personne nous distraire. Tout le monde sait d’où vient la rébellion, tout le monde sait qui la finance, tout le monde sait qui l’a conduite, tout le monde sait comment elle a été faite. Je touche du bois, si Gbagbo perd les élections, il faudra qu’il les gagne au moins ici en France. Pour que la France comprenne que la Côte d’Ivoire soutient Laurent Gbagbo. C’est ce que nous sommes en train de faire, et c’est ce que nous allons réaliser. Alors, quoi que Brigitte Kuyo et ceux qui se disent FPI fassent, nous ne nous laisserons pas faire. Brigitte Kuyo veut gérer le FPI comme sa maison.Plusieurs responsables des associations culturelles, politiques et apolitiques qui soutiennent Laurent Gbagbo sont sortis des rangs du FPI – France. Et ces responsables là ont été combattus par Brigitte Kuyo. Nous ne sommes pas responsables de sa mauvaise gestion du FPI en France. Je suis militant du FPI, et je ne laisserai pas Brigitte Kuyo détruire la campagne de Laurent Gbagbo.
Mais le fait est que vous êtes aujourd’hui suspendus, de quels moyens disposez-vous pour faire réélire votre candidat en France ?
Suite à la décision du directeur de campagne de Laurent Gbagbo pour les Ivoiriens de l’étranger, de nous suspendre consécutivement aux accusations de Brigitte Kuyo, nous allons apporter la preuve que cette accusation est fausse. Comme je l’ai dis tantôt, c’est à l’accusateur d’apporter les preuves de son accusation, et celui qui est accusé d’apporter l’argumentaire contraire pour se défendre. Nous sommes en France dans un pays de droit, et nous apporterons les preuves de notre innocence. Nous n’avons pour autant cesser de travailler.
Mais vous êtes suspendus !?
Je ne suis pas suspendu dans mon mouvement. A la base, je suis président d’association. Je suis le président des nordistes pour Laurent Gbagbo. A ce titre, je continue de travailler. Pour faire réélire le candidat Laurent Gbagbo au nord. Je suis juste suspendu au niveau du cabinet de M. Gnamien Yao. On peut toujours travailler pour Laurent Gbagbo sans appartenir à un cabinet ou à un secrétariat. Lors que nous mettions ces organisations sur pied, nous ne savions pas que nous sérions cooptés dans un cabinet. C’est vu le travail abattu sur le terrain qu’il nous a appelés au cabinet. Je prends le cas du comité citoyen de François Guina, c’est depuis l’enrôlement qu’il travaille pour aider les Ivoiriens à faire les démarches nécessaires à l’enrôlement
Votre mot de fin.
Merci pour l’occasion que vous m’avez offerte de m’exprimer, mais je me garde de donner à la presse toutes les preuves de mon innocence devant cette accusation. Il est inutile de les exposer dans la presse. Lorsque l’accusatrice exposera ses éléments, nous exposerons les nôtres. Mais je voudrais finir pour dire que personne au monde ne nous empêchera de travailler à la réélection de Laurent Gbagbo. Les gens pensent que nous sommes dans un combat de positionnement, non ce n’est pas le cas. Nous allons à un référendum où il faudra choisir entre l’indépendance économique et politique de la Côte d’Ivoire incarnée par Laurent Gbagbo, et donc le voter. Ou choisir que la Côte d’Ivoire soit une sous-préfecture de la France, et donc voter l’opposition. Et nous notre rôle c’est de faire réélire Laurent Gbagbo.
Entretien réalisé par Axel Illary
Mon, 29 Mar 2010 10:31:00 +0200
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