Témoignage de Blaise Compaoré sur l’exécution d’Henri ZONGO et du Commandant LINGANI par Diendéré : « Je n’ai pas à avoir pitié des traîtres »

Le document ci-après est extrait du magazine Jeune Afrique daté du 30 octobre 1989. Il nous a été remis (en version photocopiée) par un doyen aujourd’hui à la retraite, un inconditionnel de L’Ouragan qui l’a gardé soigneusement pour l’Histoire, pour la génération future comme preuve d’atteinte grave aux droits humains sous  le long et inutile règne du vampire Blaise Compaoré et de son chef tortionnaire Gilbert Diendéré. C’est une interview que le capitaine Blaise Compaoré avait accordée à notre doyen et confrère Jeune Afrique au lendemain de l’ignoble assassinat du commandant Jean-Baptiste Boukary Lingani et du capitaine Henri Zongo. Actualité politique nationale oblige, notre fidèle lecteur a souhaité partager le contenu de ce document de haute portée historique et à toutes fins utiles, avec les lecteurs de L’Ouragan. Peut-être qu’il pourrait aider la justice en cas d’un éventuel procès du général putschiste, Gilbert Diendéré et de son mentor et complice parfait, Blaise Compaoré, ex-homme fort du Burkina Faso. Blaise Compaoré donne ici sa version des faits avec une arrogance et une insouciance à vous donner des nausées. Lisez plutôt.

Au lendemain des récents événements, avez-vous eu des coups de téléphone de chefs d’Etat africains.
B.C. : Bien sûr, de nombreux chefs d’Etat amis m’ont téléphoné pour s’enquérir de mes nouvelles.
Lesquels ?
B.C. : Je ne puis vous donner leurs noms.
Ont-ils condamné l’exécution de Lingani et Zongo ?
B.C. : Aucun d’eux n’a condamné la décision de notre tribunal. Par contre, ils ont condamné la trahison qui a failli déstabiliser notre révolution.
Ne vous ont-ils pas fait part de leur émotion devant la manière dont vos deux anciens compagnons ont été jugés et exécutés ?
B.C. : Ils ont plutôt tous partagé l’émotion du peuple burkinabè devant l’acte criminel des deux traîtres et les conséquences que cela aurait entraîné pour notre peuple.
L’Agence burkinabè de presse a implicitement accusé la France et le Ghana de connivence avec Lingani et Zongo. Qu’en est-il vraiment ?
B.C. : Ni le front populaire ni le gouvernement n’ont incriminé ces deux pays.
Mais l’Agence burkinabè de presse est une émanation du gouvernement. Elle ne publie rien qui soit contraire aux vues du gouvernement.
B.C. : Nos journalistes sont des militants convaincus du front populaire. A ce titre, et sans que leurs déclarations ou leurs écrits engagent le gouvernement, ils pensent et s’expriment librement.
Au point d’accuser des gouvernements amis de complot ?
B.C. : Si nos militants découvrent ou soupçonnent des menées contre révolutionnaires dirigées contre le régime, ils peuvent le dire. Ce sont leurs points de vue.
On pensait que Jerry Rawlings et vous étiez réconciliés et que tout allait bien désormais entre vous.
B.C. : Je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour entretenir de bonnes relations avec notre frère Rawlings. Mais les choses ne sont pas aussi claire et nettes de son côté, malgré ses sourires et ses accolades lorsque je le rencontre. Pour tout vous dire, je ne suis pas dupe.
Et pour ce qui est de la France ?
B.C. : Je n’ai rien à dire en ce qui concerne la France. Je ne l’ai ni attaquée ni accusée. Et aucun responsable du Front populaire ou du gouvernement ne l’a fait.
Les partisans de Sankara vous ont accusé d’avoir été manipulé par l’étranger pour assassiner leur héros.
B.C. : Je ne m’en souviens plus.
Mais si certains avaient vu la main de l’étranger dernière l’assassinat du 15 octobre 1987.
B.C. : Vous savez c’est trop loin ça. Ça ne m’intéresse plus d’en parler.
N’est-ce pas à la fois trop facile et tentant de voir la main de l’étranger dernière chaque coup ou tentative de coup d’Etat qui se produit en Afrique ?
B.C. : Vous conviendrez avec moi que notre pratique politique, de même que l’engagement massif et effectif de notre peuple au sein du Front populaire, ont suffisamment démontré qu’il n’y avait pas de main étrangère dernière les événements du 15 octobre 1987. Tout démontre aujourd’hui que la politique de rectification opérée à cette occasion allait dans le sens des souhaits de notre peuple et qu’elle a été le fait des révolutionnaires burkinabè eux-mêmes.
A force de rendre l’impérialisme responsable de tous nos maux, on n’est plus crédible.
B.C. : L’impérialisme est une réalité qu’on ne peut nier. Tant que des Etats chercheront à opprimer d’autres Etats, le problème restera posé.
Quand il s’agit de tentatives de domination d’une puissance étrangère, certes… Mais lorsqu’il s’agit d’une course au pouvoir à laquelle se livrent des nationaux entre eux ?
B.C. : Tout dépend de qui est derrière la course en question. Certains actes perpétrés à l’intérieur de nos pays correspondent à des offensives engagées à l’étranger par les impérialistes qui cherchent à contrôler nos richesses. C’est indéniable.
Etes-vous conscient que les peuples africains sont désormais plus enclins à s’en prendre à leurs dirigeants qu’à l’impérialisme ?
B.C. : C’est normal dans la mesure où la domination et les manoeuvre impérialistes procèdent par des intermédiaires, je veux dire des agents locaux. Autrement dit, si des leaders africains font le jeu de l’impérialisme, il est tout à fait normal que nos peuples s’en prennent à eux.
Ne pensez-vous pas que de nos jours, la capacité d’un leader politique se mesure plus à son aptitude à assurer la paix, la concorde et le développement dans son pays qu’à déjouer des complots réels ou imaginaires ?
B.C. : Peut-être. Encore faut-il savoir de quelle paix, de quelle concorde et de quel développement il s’agit. Si tout cela est fait pour permettre à l’impérialisme de continuer à exploiter nos peuples ça ne nous intéresse pas !
Source : louragan. info

Sat, 30 Jan 2016 12:07:00 +0100

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