VISITE DU RESPONSBLE DE L’ONUCI AU GHANA : LES RÉFUGIÉS POLITIQUES IVOIRIENS DISENT TOUT À KOENDERS

Bert Koenders est venu rencontrer les refugiés ivoiriens vivant sous les tentes dans les camps tenus par le HCR à travers le Ghana. Cette visite commence ce jeudi 4 Octobre. Mais avant, le Mercredi 3 octobre sur suggestion des autorités ghanéennes, il a rencontré de 14 H à 16 H, ceux des refugiés vivant à Accra après avoir rencontré dans la matinée le Président Ghanéen John Dramani Mahama.
D’entrée, Koenders a indiqué qu’il souhaitait écouter les refugiés sur les questions de la nécessité du dialogue politique et de la restauration de la paix pour faire avancer les choses en Côte d’ivoire. Il était entouré de la responsable de la représentation de l’ONU à Accra, de l’ambassadeur du Ghana en CI, du vice ministre ghanéen des affaires étrangères et de deux collaborateurs de l’ONUCI.

Les responsables des refugiés étaient tous là. Le Dr Assoa Adou et l’ensemble du Bureau de la coordination du Fpi en Exil, Ben Dagbo de l’association des refugies ivoiriens et de la Diaspora (Arid) et un membre de son bureau. Presque tous les leaders en exil de la galaxie patriotique étaient également présents.
Ils ont été cinq à prendre la parole. Assoa Adou pour les premiers mots , Émile Guiriéoulou pour décrire la situation calamiteuse des populations de l’ouest de la Côte d’Ivoire , Don Mello Ahoua pour les graves violations de tous les droits en Côte d’Ivoire, Ben Dagbo pour décrire à Koenders les difficultés que vivent les exilés ivoiriens dans les camps aux Ghana et enfin l’ambassadeur Raymond Koudou Kessié pour stigmatiser toute la fraude électorale grossière sur laquelle la communauté internationale à fermé les yeux pour l’avènement du pouvoir Ouattara.

Assoa Adou a indiqué pour commencer que les refugiés ont longuement hésité avant d’accepter de participer à la rencontre, craignant un autre traquenard de l’onuci après celui tendu en avril 2011 aux dirigeants du FPI à l’hôtel Pergola d’Abidjan. Des dirigeants qui, allés chercher la protection de l’ONUCI, ont été livrés par celle-ci aux forces de Ouattara et qui se sont tous retrouvés en prison au nord du Pays. Assoa Adou a alors demandé à Koenders de dire ceci à Ouattara : Les exilés ivoiriens sont tous partisans de la paix pour retourner en Côte d’Ivoire leur pays. Aucun ne veut et ne prépare la guerre à partir du Ghana .Les refugiés ont trois préoccupations quotidiennes : comment se loger, comment se nourrir et enfin comment se soigner en cas de maladie. Tous leurs biens étant détruits et leurs comptes sont gelés. Personne n’est venu avec un butin de guerre, vu les conditions dans lesquelles les uns et les autres se sont retrouvés au Ghana. Aucun ne dispose donc de ressources pour préparer un coup en vue de renverser le régime Ouattara. Toute chose qui du reste ne fait pas partie de notre philosophie politique .Si donc Mr Ouattara veut une paix durable en Côte d’Ivoire  qu’il crée les conditions qui rassurent et sécurisent les participants au dialogue ainsi donc :
Qu’il libère tous les prisonniers politiques, civils et militaires
Qu’il arrête les poursuites contre les pro -Gbagbo en Côte d Ivoire et à travers le monde
Qu’il organise un dialogue direct avec le FPI.

Émile Guiriéoulou a d’entrée dit à Koenders que les nouvelles ne sont pas bonnes à l’ouest de la Côte d’ivoire dont il est originaire. Il suffit aujourd’hui en Côte d’Ivoire d’être Gueré pour être considéré de fait comme un criminel. Le rôle de l’Onu n’est il pas de dénoncer les crimes ? Pourquoi l’opération des nations unies qu’il dirige se tait sur les graves violations des droits humains qui se déroulent sous ses yeux ? Quatre armées étrangères Burkinabés sont aujourd’hui installées à l’ouest à Duékoué, Blolequin et Tai. Personne ne s’en émeut. Leurs responsables viennent même aux cérémonies officielles. Tous ceux qui ont commis les crimes les plus graves à l’ouest comme Ben Laden qui était le chef rebelle de l’ouest entre 2002 et 2003 connaissent aujourd‘hui la promotion. Les tueries massives du camp de Nahibly ont même été minimisées par Konders ! J’ai le sentiment que pour l’ONU nous ne comptons pas en Côte d’Ivoire, s’est écrié Émile Guiriéoulou.

Ahoua Don Mello avec le verbe qu’on lui connait n’a pas pris de gang pour dénoncer de manière véhémente la passivité, la complicité voire la responsabilité de l’ONU dans la crise Ivoirienne. Pour lui la valeur qui est à la base de la fondation de l’Onu est que les citoyens sont égaux en droit et en dignité. Aujourd’hui en Côte d’ Ivoire les citoyens qualifiés de pro Gbagbo n’ont ni droit ni dignité . Je vous demande de dire à Ouattara ceci : Des citoyens ivoiriens sans droit et sans dignité ne peuvent pas financer des coups d’État. La Côte d’ Ivoire vit une grave injustice . Comment des gens qui depuis 2002 continuent de tuer, égorger, piller sont considérés comme des démocrates, connaissent la promotion et l’Onu ne dit rien ! Par contre des gens qui depuis plus de trente ans se sont battus sans armes pour réinstaurer le multipartisme et la démocratie dans le pays, et ont travaillé à la promotion d’un état de droit sont pourchassés partout en Côte d’ivoire et dans le monde. Même par des chasseurs traditionnels qui parce que justement chasseurs de profession, confondent tout : Droit de l’homme et chasse à l’homme. Et l’Onu ne dit rien. Est-ce cela la démocratie que l’Onu et la France ont voulu instaurer en Côte d’Ivoire par les bombes ? On veut une réconciliation après la justice mais ceux qui rodent dans les allées du pouvoir ne sont pas moins coupables que ceux qu’on emprisonne et qu’on pourchasse. Allez dire à Ouattara que s’il veut la réconciliation alors qu’il fasse comme en Afrique du Sud. Declerk a sorti Mandela de prison. Ils se sont assis. Ils ont discuté, ont trouvé les solutions aux problèmes sud africains et ils ont avancé. Dites donc à Ouattara de libérer les prisonniers politiques, d’arrêter les poursuites, de s’asseoir pour discuter de la Côte d’Ivoire  pour avancer.

Ben Dagbo au nom de l’Arid a répété qu’aucun refugié ne prépare de coup d état au Ghana. Les refugiés dans les camps du HCR ont besoin de tentes et de nourriture, exposés qu’ils sont aux morsures de serpents. Ils ont besoin de documents pour se déplacer. Il a demandé à Koenders de dire un grand merci aux ghanéens qui ont accueilli en frères tous les refugiés qui continuent aujourd’hui encore d’arriver et dont le nombre dépasse 22 000.

La cinquième intervention a été celle de Koudou Kessié. Elle a porté sur deux questions. Dans quel pays, peut-on accepter comme possible, logiquement et politiquement, le fait qu’un candidat puisse totaliser par exemple 1200 voix alors que le nombre total de votants n’est que de 1000? Pour Koudou, c’est une telle absurdité que l’ONU a validé en certifiant les résultats du 2ème tour des présidentielles en CI. Sa responsabilité ne peut donc pas être dégagée dans la grave crise post-électorale que continue de vivre notre pays. Par ailleurs, conclura t-il, l’ONU avait pour mission de préserver les vies civiles, qu’en a t-il été de la vie de nombreux jeunes qui étaient venus à la résidence du chef de l’état, le 11 avril 2010, pour protéger le Président Gbagbo, lorsque les forces françaises de l’opération licorne ont bombardé la résidence présidentielle?

En réponse Mr Koenders, dans un discours elliptique et diplomatique du fonctionnaire de Nations Unies qu’il est, a cherché à arrondir les angles. Je ne peux pas dire que vous avez raison dans tout ce que avez dit ni chercher à excuser l’ONU. Nous ne sommes pas saints, nous travaillons à trouver des solutions aux problèmes qui sont nombreux et que vous avez énoncés : foncier, démobilisation, justice équitable, sécurité…et qui ont occasionné une opération de paix en Côte d’Ivoire. Nous ne sommes pays aveugles nous voyons … aidez nous à renouer le dialogue et arriver à un consensus.

Avant de lever la séance, Koenders a soulevé  une question qui certainement lui tenait particulièrement à cœur: « Le Président Ouattara dit que vous ne voulez pas le reconnaitre en tant que Président de la République ». La réponse d’Assoa Adou a été incisive : nous ne reconnaissons pas Ouattara comme le président ÉLU de la Côte d’Ivoire mais comme celui qui a été imposé par les forces Françaises et celles de l’Onu à la tête de la Côte d Ivoire. Mais c’est lui qui occupe le fauteuil présidentiel et c’ est pourquoi notre parti est allé discuter avec lui.
On a discuté avec Guei Robert après son coup d’Etat, nous pouvons discuter aussi avec lui.Voilà.

Correspondance particulière de  Yves Komenan à Accra

Thu, 04 Oct 2012 14:47:00 +0200

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