Voici les têtes que Bensouda réclame à Ouattara

Le chef de la section de la coopération internationale à la Cpi, Amady Ba, avait prévenu, lors d’une de ses sorties, qu’aucune partie dans la crise post-électorale n’était exempte des poursuites judiciaires. «Il y aura d’autres affaires. Personne et aucun camp ne seront épargnés. Il y aura d’autres mandats d’arrêt. Mener l’enquête et procéder aux arrestations par étape ne signifie pas que le bureau du procureur entend laisser quiconque s’en tirer à bon compte. Au contraire, il entend engager des poursuites à l’encontre des personnes portant la plus lourde part de responsabilité dans les crimes les plus graves quelle que soit leur appartenance politique», a-t-il dit.
Cette déclaration et les récentes enquêtes à l’ouest ivoirien précèdent la visite de la Procureure de la Cour pénale internationale (CPI). Avant cette arrivée, les spins doctors du camp Ouattara ont vite fait de détourner l’attention de l’opinion sur les vraies raisons du séjour de Bensouda à Abidjan, focalisant l’attention des Ivoiriens sur un éventuel transfèrement de Simone Gbagbo à la Haye. Une stratégie qui consiste à endormir les cibles pro- Ouattara de la Procureure de la CPI qui se trouvent être parmi les cadres de l’actuel régime. En effet, selon des indiscrétions au Palais, Fatou Bensouda, lors de son entretien avec Alassane Ouattara, a souhaité qu’il s’implique dans le processus d’inculpation de certains de ses proches, acteurs directs bien identifiés dans les massacres.
Ce qui transparaît d’ailleurs dans ses propos, à sa sortie d’audience, lorsqu’elle évoquait «la coopération des autorités». L’ex-adjointe de Luis-Moreno Ocampo a évoqué la possibilité de mettre très rapidement le grappin sur les auteurs des massacres des civils à Duékoué, Yopougon et des 60 gendarmes à Bouaké en 2002 et leurs «donneurs d’ordre». Ce qui, selon elle, pourrait redorer le blason de son institution dont l’image est fortement ternie par la façon hâtive avec laquelle le président Laurent Gbagbo a été transféré à la Haye.
L’hôte de Ouattara lui a confié que cela contribuerait également à décrisper la tension et améliorer l’image de la justice internationale au sein de l’opinion. Si d’entrée de jeu Alassane Ouattara n’a pas ouvertement exprimé sa gêne face à Bensouda, eu égard aux grincements de dents que cette inculpation pourrait créer si elle devient effective maintenant, toujours selon notre source, il lui aurait rappelé le processus de reconstruction de l’armée en cours. Et le rôle déterminant de certaines grosses têtes épinglées par la CPI. Amnesty international et d’autres organismes avaient révélé la responsabilité directe de certains chefs de l’ex-rébellion, notamment Chérif Ousmane, Ben Laden, Losseni dit Loss et bien d’autres dans les massacres de Duékoué et Yopougon. Mais la Cour pénale internationale gagnerait en crédibilité en s’attaquant aussi aux «donneurs d’ordre».

Gilles Naismon in Le Nouveau Courrier

Fri, 06 Apr 2012 21:48:00 +0200

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