Vridi : après la démolition de leur village : Des artistes Rastas dorment à la belle étoile – La Croix Rouge au secours des déguerpis

« Who give the order ? ». Traduction française : « Qui a donné l’ordre ? ». Cette interrogation dans un Anglais, à fort accent pidgin (argot jamaïcain), était sur les lèvres d’un riverain du village Rasta de Vridi, à notre passage hier, vendredi 13 juillet 2012. Marqué par l’amertume, l’homme se perdait sans cesse en conjectures. Si certains voient derrière cette démolition des habitations du village un problème foncier, d’autres croient dur comme fer qu’une main politique serait à l’origine de ce déguerpissement. Nous avons donc cherché à savoir ce qui se passe dans ce quartier qui, depuis quelques années, est devenu une plaque incontournable dans le cadre de la promotion de la Culture et des Arts en Côte d’Ivoire. Si la rencontre entre la mairie de Port-Bouet et les ‘’frères’’ Rastas prévue hier, n’a pas livré tous ses secrets, nous nous sommes rendus compte à travers nos échanges avec Greg Simplice, Secrétaire général du groupe Kpotcha Family que c’est la croix et la bannière pour les déguerpis depuis la démolition du village. Il a d’abord reconnu que beaucoup d’entre eux pratiquent le ‘’système D’’ (Débrouillardise) pour avoir un abri, fut-il à la belle étoile. Ensuite, il est revenu sur la folle journée du mercredi 11 juillet. «Nous avons été surpris par la présence d’hommes se réclamant comme étant des gardes du corps d’un opérateur économique libanais M. Zaher, propriétaire de l’immeuble voisin au village qui dit être propriétaire du site que nous occupons. Le Lieutenant Bailly, son aide de camp, s’est présenté avec une autorisation de déguerpissement », raconte-t-il, avant de regretter qu’une semaine après, les mêmes personnes reviennent avec des Caterpillars, des huissiers, des forces de l’ordre et commencent à casser les maisons. Au cours de cette visite, nous rencontrons Santa Amassa Gana, chargé de communication du village. A l’instar de tous les membres de la communauté, notre interlocuteur comme piqué par une crise d’urticaire, laisse éclater sa colère. Il est convaincu que tout va de guingois dans ce pays. « Ce qui se passe ici est inadmissible. Ce pays va à contre-courant. Nous sommes chassés comme des malpropres de nos maisons qui se trouvent sur un espace qui nous a été cédé par la mairie de Port-Bouet. Pis, nous sommes constamment menacés de mort par les ‘’gros bras’’ du propriétaire de l’immeuble », déplore-t-il. Quant à Rasta King, responsable de Comité de gestion du village, il pense comme la plupart que cette opération est due à un litige foncier entre le propriétaire du maquis Gnam Dem et l’opérateur économique libanais. Ses explications n’étayent pourtant pas les propos qu’il avance. Nous nous rendons à l’évidence que les raisons profondes de cette démolition sont encore méconnues des uns et des autres. Tout compte fait, nous nous sommes aperçus de l’ampleur des dégâts sur les lieux. Un studio d’enregistrement, 5 galeries, plus de 5 maisons et 1 villa ont étés détruits. Des habitants du village ont trouvé refuge sous le podium de la célébration du mémorial bob Marley. D’autres dorment à la belle étoile sur le sable de mer, exposés aux courants d’air marin. Instruits des conditions des déguerpis, les responsables de la Croix Rouge ont décidé de voler à leur secours en leur offrant des vivres et des non-vivres. Toutefois, les Rastas ont décidé de passer à l’offensive en saisissant les ministères de la Culture, de l’environnement, de l’intérieur, de l’urbanisme, le Premier ministre Charles Banny et le Bureau ivoirien du droits des artistes (Burida).

In Soir Info

Sat, 14 Jul 2012 16:13:00 +0200

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